Ovins
Le GIEE Terre d'Ovin lauréat d'un Trophée de l'agroécologie

Berty Robert
-

C’est au Gaec de l’Abrepin, à Francheville, en Côte-d’Or, qu’a été remis un trophée de l’agroécologie au GIEE Terre d’Ovin. Le travail de complémentarité entre élevage ovin et culture a été mis en lumière.

Le GIEE Terre d'Ovin lauréat d'un Trophée de l'agroécologie
Hubert Mony (au centre) et Romain Bonenfant (à droite), ont reçu le trophée de l'agroécologie pour le compte du GIEE Terre d'Ovin, des mains du directeur adjoint de la Draaf BFC, Christophe Blanc (à gauche).

« On est dans le dur du changement climatique, il faut changer nos pratiques ! » Ces mots, prononcés par Hubert Mony, éleveur ovin de Côte-d’Or, résumaient l’esprit dans lequel travaille le GIEE Terre d’Ovin et les raisons pour lesquelles ce groupement a reçu un Trophée de l’agroécologie. Il était remis le 29 septembre au Gaec de l’Abrepin, à Francheville, en Côte-d’Or, sur l’exploitation d’Hubert et Lys Mony, en plus d’un chèque de 500 euros du Crédit Agricole. Était ainsi mis en lumière le travail sur la complémentarité ovins - cultures mené par la dizaine d’éleveurs ovins de Côte-d’Or, de l’Yonne et de la Nièvre qui constituent le GIEE. Ces trophées de l’agroécologie ont pour objectif de mettre à l’honneur les agriculteurs qui portent des projets ambitieux et concourant à la transition agroécologique. Sur les 200 ha de sa ferme, Hubert Mony a, depuis plusieurs années, la volonté de trouver des solutions face à la baisse des rendements en céréales. Une attaque de loup, il y a deux ans, a aussi contribué à sa réflexion et à certaines remises en question de schémas bien établis. « Nous avions des fumiers à valoriser, explique-t-il. Nous avons souhaité reconvertir des terres à céréales en terres à moutons, avec un chargement à l’ha vraiment pas énorme ».

L’enjeu du renouvellement des générations

Aujourd’hui, le Gaec de l’Abrepin, c’est 400 brebis romanes en sélection et un virage pris pour valoriser, par l’élevage, des terres au faible potentiel. De la luzerne a été implantée. « Sur notre troupe, poursuit Hubert Mony, la prolificité est présente, on est aujourd’hui en recherche de la valeur laitière. Nous vendons également des agnelles de reproduction. Nous avons récemment semé certaines parcelles en herbe… et aussi posé des filets électriques pour se protéger des prédateurs ». Ce trophée de l’agroécologie est une bonne nouvelle pour un secteur confronté, lui aussi, à la difficulté du renouvellement des générations. Difficultés renforcées par les problèmes actuels de gestion de dossiers Dotations jeunes agriculteurs (DJA) et Plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations (PCAE), liés au transfert de la gestion des fonds européens s’y rattachant, de l’État à la Région. « Avec les taux bancaires actuels, remarquaient des participants à l’évènement du Gaec de l’Abrepin, il est difficile d’encourager les jeunes à investir dans ces conditions… » C’est d’autant plus regrettable que, comme le reconnaissait Christophe Blanc, directeur adjoint de la Draaf BFC, les éleveurs du GIEE Terre d’Ovin développent de l’élevage extensif vertueux pour la gestion des effluents. La complémentarité ovins - cultures était aussi illustrée par deux témoignages venus de l’Yonne. Nicolas Carbognani est un berger itinérant qui travaille avec des céréaliers, sur des couverts (avoine, trèfle, colza, radis, phacélie) : « j’emmène mes bêtes sur des terres qui n’ont pas vu d’élevage depuis longtemps ce qui présente un avantage : le risque parasitaire est réduit ». Le jeune éleveur de Châtel-Gérard, près de Montbard, est à la tête d’une troupe de 360 brebis de race limousine croisée suffolk, pour l’achat desquelles il a été accompagné par le GIEE.

Moutons intégrés dans la rotation

Dans le même secteur du département de l’Yonne se trouve Hughes Trameau, céréalier bio installé en 2006 et qui a compris que son système blé-orge-colza ne fonctionnait plus, ce qui l’a conduit à se tourner vers l’élevage ovin et à implanter de la luzerne, à partir de 2018. « J’ai intégré notre troupe de moutons dans notre rotation. Ça n’a pas été simple mais nous sommes parvenus à trouver une race (romney) pour valoriser les luzernes. Ce que je constate, c’est que retourner à l’élevage lorsqu’on est céréalier n’est pas une astreinte insurmontable, à partir du moment où on s’organise ». Cet éleveur en conclut qu’il existe une vraie complémentarité entre cultures et moutons, surtout dans le contexte actuel de prix bas des céréales bio. « Et puis, ajoute-t-il, on retrouve une dimension agronomique intéressante : le sarrasin, par exemple, est une super culture pour implanter de la luzerne après… »

Panorama ovin de la BFC

À l’occasion de la remise du Trophée de l’agroécologie, Christophe Blanc, directeur adjoint de la Draaf BFC a dressé un état des lieux de la filière ovine régionale.

- La Bourgogne Franche-Comté représente 4 % de l’élevage ovin national

- 80 % de la production se trouve sur les quatre départements de l’ancienne Bourgogne

- 30 % des exploitations ovines régionales sont spécialisées, avec des troupes d’au moins 200 têtes