Pois et féverole d’hiver
La réussite commence par une implantation de qualité

Bastien Remurier, Terres Inovia
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La réussite des pois et féverole d’hiver repose en grande partie sur la qualité d’implantation et du choix de la date de semis. Voici quelques conseils techniques pour démarrer sa campagne sur de bonnes bases.

La réussite commence par une implantation de qualité
Le pois d'hiver et la féverole sont des cultures qui s’adaptent à de nombreux contextes mais son exigeantes en matière de préparation du sol. (Photo : J.-C. Gutner).

Le pois et la féverole d’hiver, sont des cultures qui s’adaptent à de nombreux contextes…

Le pois d’hiver s’adapte à de nombreux types de sols et de réserves hydriques. Son cycle précoce en fait une culture de choix pour assoler ses céréales dans les sols plus superficiels. Attention cependant dans les parcelles très calcaires à bien choisir une variété à bon comportement face à la chlorose ferrique (carence de fer passagère en sortie d’hiver retardant la croissance)

La féverole d’hiver s’adapte également à de nombreux contextes mais avec quelques exigences supplémentaires. Éviter les sols trop acides (pH < 5.5) qui bloquent sa nodulation. Pour les sols basiques (pH > 7.5) tels que les limons battants ou les sols calcaires, la féverole d’hiver peut s’implanter sous condition de l’alimenter en bore avant sa floraison (300 g/ha).

Délai de retour : le retour d’un pois ou d’une féverole dans une rotation nécessite 5-6 ans afin de limiter les risques sanitaires. Pour le pois, il est également important d’éviter un retour trop proche d’une autre légumineuse sensible à aphanomyces telle que la lentille par exemple. Si le pois d’hiver n’exprime pas la maladie au champ, il multiplie et maintient l’inoculum dans les sols. La féverole est quant à elle pas sensible à la maladie.

Des cultures exigeantes dans la préparation du sol

Attention à vérifier et corriger la structure du sol par un travail adapté. Le pois et la féverole, sont sensibles aux compactions, limitant leur enracinement et la mise en place des nodosités. Il est recommandé d’assurer une bonne structure sur minimum 15-20 cm, zone où s’opère l’essentiel de l’exploration des radicelles et de la mise en place des nodosités. Pour assurer l’autonomie azotée de la légumineuse, la symbiose nécessite un sol aéré pour capter l’azote de l’air présent dans ce 1er horizon du sol. En conséquence, vigilance pour les sols à risque de compaction et/ou d’anoxie tels que les sols séchants, les argiles lourdes et les limons battants et hydromorphes pouvant entraver l’alimentation des pois et féveroles.

Également la préparation du lit de semence doit être soignée sur 8-10 cm afin de permettre d’enterrer à une bonne profondeur les graines et d’améliorer le contact sol-graine. Le pois d’hiver demande un lit de semence fin. À l’inverse la féverole peut s’accommoder d’une préparation plus grossière. En cas de risque de battance, n’hésitez pas à laisser quelques mottes de 5-6 cm pour limiter le risque de croûte de battance.

Un travail cultural simplifié est-il possible ? Les semis directs présentent des potentiels en retrait pour le pois d’hiver. Au contraire la féverole d’hiver semble bien s’adapter à des préparations simplifiées. À ce jour, il n’y a pas de prescription particulière tant que le choix du travail est raisonné avec un diagnostic préalable du sol.

Semer la juste dose

Le pois et la féverole d’hiver ramifiant (2-3 tiges/plante), il est conseillé de ne pas dépasser les densités recommandées au risque de développer des couverts trop denses, favorisant les maladies telles que la bactériose ou l’ascochytose pour le pois ou le botrytis pour la féverole. De plus, la surdensité augmente inutilement la charge en semences pour un risque de perte de potentiel plus grand.

… à la bonne date

Date et profondeur de semis sont des leviers incontournables pour se prémunir du risque de gel et de maladies. Les dégâts de gel, favorisant l’installation de maladies telles que le complexe bactériose-ascochytose-anthracnose en pois ou le botrytis et l’ascochytose en féverole, sont souvent les premiers facteurs de stress pouvant impacter le potentiel des protéagineux d’hiver. Cependant, la date et la profondeur de semis permettent de limiter ce risque.

Deux conditions sont nécessaires pour limiter le risque :

• Retarder les semis afin d’éviter d’avoir des plantes trop développées en sortie d’hiver. La tolérance au froid est maximale à 2-3 feuilles et chute drastiquement vers 6-8 feuilles. Cette stratégie de semer tard est d’autant plus importante avec des mois d’octobre et début novembre très doux, propices à la croissance excessive des protéagineux. Privilégier les semis de mi-novembre à début décembre.

• Protéger l’épicotyle, zone la plus sensible au gel. Cela explique les bas de tiges souvent nécrosés en pois d’hiver d’où remontent les maladies par la suite. Semer à 5-6 cm les pois d’hiver et 7-8 cm les féveroles d’hiver. Les graines étant vigoureuses, la levée peut s’opérer sur plus d’1 mois si nécessaire sans conséquence sur le potentiel. Favoriser les semoirs à dents afin d’enterrer convenablement les graines.