S'installer en agritourisme
Du champ à l'assiette

Chloé Monget
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Le 26 septembre, la Ferme du Mont accueillait la rencontre organisée par la Chambre d'agriculture de la Nièvre, intitulée « S'installer en agritourisme », afin de présenter une manière de valoriser sa production de A à Z.

Du champ à l'assiette
Une quinzaine de personnes était venue visiter la Ferme du Mont lors de la journée « S'installer en agritourisme ».

Afin d’aider les porteurs de projet dans l’établissement d’un système leur correspondant, la Chambre d’agriculture de la Nièvre propose tous les ans des journées thématiques en lien avec l’installation baptisées « S’installer en… » (financées notamment par le Conseil Régional). Après celle dédiée à la production de chanvre (voir TDB n° 1749), une autre était organisée pour l’agritourisme. Ainsi, Florence Massé (la ferme du Mont à Château-Neuf-Val-de-Bargis) ouvrit ses portes aux intéressés le 26 septembre : « Après 10 ans dans la grande distribution, je voulais revenir à un système simple où ma production serait valorisée et maîtrisée de A à Z ». Avec cette envie, elle décide de s’installer en élevage porcin, volaille et ovin avec, en parallèle, la création d’une auberge proposant un menu unique variant selon les saisons. Elle indique : « En plus, je transforme des petits fruits et quelques légumes que je vends directement en bocaux si je n’en ai pas besoin dans les recettes de l’auberge ».


Problématiques

Si ce principe du « champ à l’assiette » peut en séduire plus d’un, Florence Massé insiste : « Je suis seule presque tout le temps que ce soit sur l’exploitation, en cuisine ou au service. Il faut être partout tout le temps, ce qui ne laisse pas beaucoup de latitude pour une autre activité comme passer du temps en famille ». En plus, elle évoque une autre problématique, administrative cette fois. « Mon projet n’était pas commun lorsque je me suis installé, ce qui a engendré pas mal de flou. Désormais, je suis à la fois au régime des restaurateurs et à la MSA, je ne vous détaille pas ce que cela peut engendrer mais ce n’est pas simple tous les jours ! ». En plus, elle évoque une inconnue : « comme mes bénéfices sont générés par l’auberge et non la ferme, il est fort probable que je ne sois plus considérée comme agricultrice d’ici peu mais bien comme commerçante. C’est un peu étrange puisque c’est moi qui produis mes denrées pour la grande majorité. Certes la ferme n’a pas de bénéfices sur le papier, mais sans elle, l’auberge n’a pas de futur. Cela n’aura pas vraiment d’impact sur mon activité ou mes impôts, mais ce changement me touche quand même ».

Adaptation obligatoire

Le parcours de Florence n’a donc et n’est toujours pas simple administrativement parlant. En sus, elle raconte tous les imprévus que sa double activité peut engendrer : « Je ne peux pas me permettre de refuser des demandes, il faut s’adapter en continu. Pour l’exemple, mes principaux clients l’hiver sont les agents de l’ONF, donc s’ils me sollicitent pour un repas en semaine alors que je n’ouvre pas, je m’arrange. Il faut être flexible sur certains points pour arriver à faire partie du carnet d’adresses des clients ; les faire venir une fois c’est assez simple, les garder est plus compliqué ». Elle poursuit sur les pistes qu’elle a pu cibler pour l’avenir afin d’étoffer son offre : « j’ai énormément de sollicitations pour des baptêmes, des mariages ou encore des fêtes d’anniversaire. Nombre de personnes sont à la recherche d’un endroit calme avec l’esthétique typique des fermes d’antan – le moderne en plus. Il faut pouvoir assurer mais clairement il y a un marché à prendre. De même, on me demande souvent si j’ai des couchages – j’aurais aimé mais pour le moment je ne peux pas. Et, là encore, il y a un trou dans la raquette qui peut simplement se combler si le porteur de projet est motivé et dispose de l’infrastructure adaptée pour accueillir des dormeurs ». Elle conclut : « Les choix sont obligatoires si on ne veut pas se retrouver la tête sous l’eau. Si j’avais eu la possibilité de faire naître mon projet plus tôt je l’aurais fait, mais finalement il faut quand même être mature pour mener tout cela à bien ». Le prochain rendez-vous « S’installer en… » sera ciblé sur le maraîchage et aura lieu le 7 novembre. Renseignements : 03 86 93 40 00.

Photos supplémentaire
Florence Massé a emmené les visiteurs voir ses cochons gascons.