Sommet de l'Élevage
Bilan du Sommet de l'Élevage 2023

Sophie Chatenet
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Pour sa trente-deuxième édition le Sommet de l’Élevage n’a pas failli à sa réputation de catalyseur commercial, politique et territorial. Mieux : en accueillant 115 000 visiteurs, deux ministres, une myriade d’élus et une foule de responsables professionnels, l’évènement s’impose comme le plus important sur la scène européenne.

Bilan du Sommet de l'Élevage 2023
Avec 115 000 visiteurs en quatre jours, le Sommet de l'Elevage a établi un nouveau record de fréquentation et se place au niveau des principaux rendez-vous agricoles européens.

Il ne fallait pas être devin pour mesurer que le cru 2023 du Sommet de l’Élevage, qui se tenait du 3 au 6 octobre à Cournon-d’Auvergne, près de Clermont-Ferrand, serait un succès. Malgré la défection de certains éleveurs qui, en raison du risque sanitaire lié à la FCO et la MHE, ont finalement renoncé à amener des animaux, dès le 4 octobre au soir, au mi-temps de l’évènement, il y avait comme un air de record. Sur la fréquentation d’abord : des travées et des allées bondées dans les halls, sous les chapiteaux mais aussi à l’extérieur, au Zénith, dans les salles de conférences… de quoi donner le sourire aux 1 500 exposants qui ont concrétisé de nombreuses affaires. Petite victoire parmi tant d’autres : le public professionnel commence à pleinement investir le mardi, la première journée du sommet, ils étaient quelque 2 500 de plus par rapport à l’an dernier. Record aussi d’accueil de visiteurs internationaux (voir encadré), d’élus, et de responsables professionnels venus de toute la France. Pour Fabrice Berthon, Commissaire général du salon, « cette nouvelle édition est un cru exceptionnel, tant par les chiffres que par la convivialité : la soirée du jeudi 5 octobre des Jeunes Agriculteurs a rencontré un vif succès, tout comme celle du mardi, parrainée par la Région Auvergne-Rhône-Alpes, ou encore la soirée « raclette » imaginée par le Criel Alpes Massif central, le mercredi soir ». De la convivialité et du sérieux, marqué par les visites de deux ministres, Marc Fesneau, pour l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire et, plus inattendue, la visite du ministre de l’Économie et des finances, Bruno Le Maire.

Les annonces de Bruno Le Maire

Vendredi 6 octobre, celui qui avait déjà participé au salon en qualité de ministre de l’Agriculture (de 2009 à 2012) s’est lancé dans une opération reconquête du monde de l’élevage, après avoir tenu des propos, disons, hasardeux, à leur égard au printemps dernier : « J’aime l’élevage français et les éleveurs. Ils peuvent compter sur mon soutien sans faille ». Paraphrasant à plusieurs reprises le Général de Gaulle et sa célèbre réplique autour d’une « certaine idée de la France », Bruno Le Maire a précisé que « cette idée ne pouvait se concevoir sans élevage, atout économique majeur de la Nation, patrimoine de notre culture ». Voilà pour les intentions. Pour ce qui est de leur concrétisation, le ministre a tracé quelques pistes et annoncé une mesure fiscale réclamée par la profession. Elle consiste à autoriser la déduction fiscale d’une provision correspondant à la prise de valeur de chaque vache à la clôture de l’exercice, dès lors que cette prise de valeur est supérieure à 10 %. Cette provision sera déductible dans la limite de 150 € par vache et de 15 000 € par exploitation. Elle s’appliquera dès la clôture 2023 et sur les années 2023 et 2024. Les sommes déduites devront être réintégrées au résultat d’exploitation au titre d’un ou plusieurs des six exercices comptables suivants. Cette mesure fiscale intervient en raison des hausses de marché et de l’inflation : la valeur des vaches allaitantes et laitières a augmenté ces derniers mois mécaniquement de 500 € en moyenne par bête. Cette valeur plus forte va générer une hausse d’impôt et de cotisations sociales sans que l’éleveur ait vu son revenu augmenter. La tension sur la trésorerie aurait donc pu être très importante. Le ministre a par ailleurs confirmé d’autres mesures financières dans le cadre du plan Élevage : 400 millions d’euros de garanties de trésorerie pour obtenir des prêts plus facilement auprès des banques, une enveloppe de 3 millions d’euros dédiée à la communication sur l’élevage… Bruno Le Maire est aussi revenu sur la contractualisation : « Je suis prêt à l’accélérer et à veiller à ce que le rapport de force entre l’industrie agroalimentaire, les distributeurs et les agriculteurs soit le plus équitable possible ». Sans le dire explicitement cela revient à appliquer l’ensemble des dispositions des lois Égalim.

 

Réactions

Les annonces faites par Bruno Le Maire au Sommet de l’Élevage ont suscité plusieurs réactions :

- Patrick Bénézit, président de la Fédération nationale bovine : « La mesure annoncée reprend l’essentiel des propositions avancées par la FNSEA, la FNB et la FNPL et apporte une vraie réponse à la problématique actuelle. Elle doit cependant s’accompagner de la pleine et entière application des lois Égalim afin d’assurer des prix rémunérateurs aux producteurs ».

- Arnaud Rousseau, président de la FNSEA : « La mesure fiscale annoncée n’est que justice puisque les éleveurs auraient payé plus de taxes et de fiscalité alors qu’au final ils n’ont pas plus d’argent dans leurs poches. C’est une première mesure qui va dans le bon sens. Nous en attendons une autre sur la protection de la valeur de la matière première agricole ».

5000 visiteurs internationaux

Avec l’accueil de 5 000 visiteurs originaires de 90 pays, la fréquentation du salon affirme son attractivité auprès des professionnels étrangers. Preuve en est avec une croissance de 10 % du côté des exposants venus, en majorité, de pays européens. Invité d’honneur de cette édition, la Géorgie, qui souhaite orienter son développement économique dans le secteur de l’élevage, était représentée par une délégation de 40 personnes. Point d’orgue de ces 4 journées, la signature d’une lettre d’intention de coopération entre la France et la Géorgie par les deux ministres, Marc Fesneau et Otar Shamugia, le 3 octobre. « À l’étranger, notre renommée progresse. Aujourd’hui, le Sommet est un vrai carrefour d’affaires pour les visiteurs internationaux. Des liens se tissent entre les délégations étrangères » précise Benoît Delaloy, responsable International, avant de souligner « la trentaine de visites de terrain est une véritable plus-value. Les visites d’exploitations limousines ont notamment affiché complet avec, parfois, 90 personnes. Nous sommes le seul événement professionnel de l’élevage à proposer aux visiteurs internationaux de se rendre sur une ferme, dans un laboratoire ou au cœur d’un site agro-industriel pour aller à la rencontre des expertises et des pratiques françaises. » Temps fort attendu chaque année, la soirée internationale a encore tenu toutes ses promesses avec près de 300 personnes présentes.