Le 8 juillet, une découverte de deux exploitations ayant une activité autour de la châtaigne était proposée ; une visite s’inscrivant dans un projet global.

 

Une ressource multiple
Anselm Ibing a présenté son exploitation tenue avec Romain Gemble à Poil. Crédit photo : PNRM.

Deux exploitations ont été visitées le 8 juillet dernier afin de présenter les atouts du châtaignier. Ainsi les participants ont pu découvrir celle d’Olivier Sablot à Saint-Léger-sous-Beuvray (71) puis celle d’Anselm Ibing et Romain Gemble à Poil (58).

Les visites

« Originaire de Saulieu, Olivier Sablot a été marin pendant une vingtaine d’années et a décidé de s’installer, sur environ 20 ha. Il a acquis un troupeau de 60 brebis et pour compléter son activité a commencé à faire des greffes de châtaigniers afin d’obtenir une production en vue d’avoir un atelier de transformation. Outre cela, il s’est intéressé à cette essence dans une autre visée, puisqu’il a utilisé ce bois pour faire, chez lui, un escalier, un plancher et un plafond. Il a réussi à conjuguer les divers atouts que le châtaigner peut offrir » détaille Emmanuel Clerc, responsable du Pôle Transitions et économie au Parc naturel régional du Morvan. Il poursuit : « Du côté d’Anselm et Romain, ils ont choisi de s’associer pour mener à bien un projet collectif et pouvoir concilier au mieux leur vie professionnelle, familiale et personnelle. Là encore, il s’agit d’une installation sur petite surface, avec un atelier de transformation de la châtaigne, à laquelle s’ajoute la reprise de l’exploitation d’Alexandre Lepoivre : la cave cidricole à Millay. Précisons qu’ils ne disposent pas de châtaigneraie, pour le moment, mais en louent pour obtenir la matière première. Ils sont aussi en lien avec Syndicat des producteurs de marrons du Morvan afin de mener à bien leur projet ». Emmanuel Clerc souligne : « Ces visites sont l’occasion de montrer ce que le châtaignier peut offrir, et cela s’inscrit dans une volonté plus globale ».

Large vision

En effet, cette journée de visite n’était pas anodine puisqu’elle s’inscrit dans un projet plus vaste, à l’image de ce qui a déjà été effectué pour la Cabrache (voir TDB n° 1651) ou encore pour le porc de plein air dans le Morvan : « Notre but est de renouer avec le châtaignier et de valoriser toutes ses facettes : économique, paysagère, sociale et historique » souligne Emmanuel Clerc, qui prend part au travail sur l’utilisation des châtaigniers comme nouvelle filière de diversification – en partenariat avec la Chambre d’Agriculture de la Nièvre et de la Saône-et-Loire, le Grand Site de France de Bibracte ainsi que le Syndicat des producteurs de marrons du Morvan. Emma Larue, conseillère installation et diversification à la Chambre d’Agriculture de la Nièvre, complète : « La Chambre d’agriculture s’intéresse depuis plusieurs années aux châtaigniers car plusieurs agriculteurs du Sud Morvan (principalement éleveurs allaitants) ont fait remonter leurs intérêts et leurs attachements pour cet arbre. La sollicitation d’un petit groupe de producteurs, intéressés par la transformation de la châtaigne, a été l’occasion de se lancer dans un vrai projet de valorisation et de structuration de filière avec le Parc. Cet intérêt grandissant de la part des exploitants se porte notamment sur la plantation ou la conservation de haies fruitières. L’engouement a vraiment été alimenté récemment par l’installation ou des projets d’installation de personnes souhaitant transformer la châtaigne, en plus d’autres ateliers de production, afin d’en faire un réel produit territorial ».

Un peu d’histoire

Emmanuel Clerc rappelle : « Introduit par les Romains, il a été valorisé sous différentes formes durant les âges pour la qualité de son bois, notamment pour la charpente, sous forme de farine ou encore crème de châtaignes. De nos jours, il est utilisé sous farine de châtaignes ou encore crème de châtaignes. Il a aussi été utilisé pour du parquet, du lambris, des piquets, du bois de chauffage, en guise de tuiles, bardeaux ou encore tavaillons. Il est aussi important dans le paysage puisqu’il est très identifiable en toutes saisons. Aujourd’hui, le châtaignier représente très approximativement 4 % de la ressource forestière du territoire du Morvan. Le valoriser comme ressource locale via un projet collectif est une démarche regroupant les différents aspects du châtaignier et de ce qui découle de celui-ci ».

Une forte potentialité

Il stipule : « Lors de travaux croisés entre différents acteurs du territoire, la châtaigne est ressortie comme étant présente en grande partie dans le Sud Morvan, avec une histoire, un attachement et une potentialité de développement en termes d’activité agricole. La connaissance et la découverte de quelques producteurs transformant le fruit en crème ont créé une dynamique pour impulser la croissance de la future filière ».

Aller encore plus loin

Afin de proposer une montée en compétences, une formation technique sur le greffage, la taille ou encore l’entretien d’une châtaigneraie est proposée aux agriculteurs par la Chambre d’agriculture de la Nièvre les 4,5 et 6 octobre à la Grande Verrière (71). En attendant, une grande enquête en ligne sur le châtaignier en Morvan a été lancée pour : « révéler la connaissance de l’existence, de la présence de cette essence sur le territoire et la ressource disponible non utilisée en vue d’une possible transformation agricole ou sylvicole avec un accord des propriétaires intéressés par la démarche. Nous espérons que cette enquête permettra de mettre en relation propriétaire et producteurs afin qu’une dynamique commune se mette en marche autour de la châtaigne du Morvan ». Retrouvez le questionnaire : https://framaforms.org/recensement-de-la-ressource-en-chataigniers-et-chataigneraies-dans-le-morvan-1657706097

En travail

Si certains leviers ont donc déjà été mis en place pour avancer sur le sujet, d’autres sont en réflexion. « Avec les différents partenaires, il a été proposé d’organiser des parcours de découverte autour du châtaignier via le patrimoine bâti, la gastronomie ou la culture. Cela serait à destination des touristes, des particuliers mais aussi des professionnels. Mais, avant d’en arriver là, nous avons encore des jalons à poser notamment sur la question du réchauffement climatique afin d’évaluer si le châtaignier peut s’adapter à cette problématique urgente. Pour engager les discussions autour de ces connaissances il est question de mettre en place une conférence-débat sur le thème : « Le châtaigner à travers les âges via la pollinisation et le changement climatique », car pour avancer nous devons mieux connaître cette ressource ». Renseignements : 03 86 78 79 00.

 

photo supplémentaire
Il faut plus ou moins 10 ans selon les variétés pour qu'un châtaignier soit productif. Avec un porte-greffe, quelques années sont gagnées. Crédit photo : PNRM.