Moisson
Une année correcte

Chloé Monget
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Les moissons se terminent dans la Nièvre, l'occasion de faire un petit bilan (conventionnel et Bio). 

Une année correcte
Les moissons dans la Nièvre ont commencé avec environ 15 jours d'avance cette année.

Si tous n’ont pas encore pesé ou commercialisé leur production, certains tirent déjà les conclusions de leur moisson 2022. Année exceptionnelle que ce soit en matière de températures excessives ou de sécheresse (avec un niveau national de précipitations le plus bas depuis 1959, selon Météo France), 2022 « n’a pas été trop mal » pour Rémi Planchard (Narcy) ou Bruno Guyard (La Marche), même si ce dernier souligne : « que les cultures en Bio s’en sont nettement mieux sorties pour moi ».

Le blé

Bruno Guyard explique : « Le blé est la seule culture, cette année, que j’avais en conventionnel sinon tout est en bio. J’ai semé mon blé – conduite conventionnelle – le 10 octobre. Cette parcelle était au début semée en colza (au 25 août) mais les limaces ont tout mangé. J’ai donc décidé de faire un sursemi de blé (en semi direct). Auparavant, elle sortait de trois ans de luzerne, je pensais donc que le rendement ne serait pas trop problématique. Mais, cela n’est pas vraiment le cas. En effet, je totalise environ 30 q /ha. Ce résultat décevant est dû à plusieurs facteurs. En premier lieu, les attaques de limaces et de mulots l’ont rendu assez clair. Le blé a également souffert des coups de chaud en mai, notamment car la terre n’est pas profonde à cet endroit. Puis, malgré un désherbage (23 mars – 250 g / ha de Radar), la parcelle s’est salie… Enfin, voyant qu’il ne ferait dans tous les cas pas grand-chose, je n’ai mis que 120 unités d’azote et un seul fongicide (au 15 mai – 1 l./ha). Bref tout cela mis bout à bout le résultat n’est donc pas super ». Pour Remi Planchard, dont il s’agit de la première moisson, la situation est légèrement différente : « j’ai effectué mon semi mi-octobre, avec une récolte début juillet (avec un arrêt d’une semaine à cause des pluies). Côté fertilisation et amendement minéral, j’ai mis trois fois des apports (13-13-11 à 330 kg/ha, Urée 46 à 200 kg/ha et Ammonitrate 33,5 à 120 kg/ha environ). Les parcelles ont eu un traitement d’herbicide, un régulateur et enfin deux fongicides (un en avril et un en mai). Au final, je comptabilise en moyenne 66 à 67 q /ha. Cela est variable en fonction des parcelles et des variétés, et plus précisément la fourchette de rendement va de 60 à 75 q /ha. À mon sens, la qualité produite est bonne, avec un bon PS, et je ne suis pas trop déçu. Après il faut mettre cela en perspective, car je suis sur des sols assez profonds ».

Orge de printemps et d’hiver

Rémi Planchard a opté pour de l’orge d’hiver : « le rendement n’est pas au rendez-vous avec environ 54 q /ha. Avec une année au climat « normal » je pouvais espérer faire approximativement entre 75 et 80 q /ha. Je pense qu’elle n’a pas supporté le coup de chaud. En résumé, j’ai effectué un déchaumage, un labour un roulage un travail du sol et un autre passage de roulage. Puis j’ai semé mi-octobre. La parcelle a eu pour la fertilisation et amendement minéral : du 13-13-11 (330 kg/ha) et Urée 46 (200 kg / ha environ). J’ai ensuite fait deux herbicides (Gai-Luron avec 2,7 l./ ha et Valmax avec 0,6 l./ha. Puis un insecticide (0,075 l. /ha), fongicides (Input avec 0,6 l. / ha début avril, puis fin avril Kardix avec 0,6 l./ha et Twist 500 SC avec 0,124 l./ha) et des régulateurs (Serenium avec 0,3 l. /ha et Baie E avec 0,4 l. /ha). Il y a donc, malheureusement, eu un investissement assez important pour cette culture ». Chez Bruno Guyard, les semis de son orge de printemps (Bio) se sont déroulés le 9 mars pour une récolte début juillet avec un rendement de 32 q /ha environ : « ce qui est très bien pour moi ! ». Sa conduite a été la suivante : « j’ai fait, juste avant le semi, un apport d’Orgaliz avec 300 kg/ha ce qui équivaut à environ 30 unités d’azote. Puis je suis passé deux fois avec la herse roto étrille (12 avril et 30 avril). Toutes les conditions climatiques étaient réunies pour que le désherbage mécanique fonctionne parfaitement cette année et ce sur toutes les parcelles en Bio ».

Colza

Début septembre, Rémi Planchard semait son colza. « Au préalable j’ai réalisé quatre déchaumages au 20, 24 et 30 juillet et un le 30 août 2021. Pour la fertilisation j’ai aussi effectué des passages pour la fertilisation (13-13-11 au 9 février avec 500 kg /ha, le 9 mars avec Urée 46 et 235 kg / ha, le 24 mars Urée encore avec 65 kg/ha et un Oligostar prol le 17 avril avec 2 l. /ha). Puis pour tout ce qui est herbicides, amendements minéraux, je totalise neuf passages. Tout cet investissement n’était pas inutile puisque le rendement est pour moi assez bon avec une moyenne de 40 q /ha. Par contre, il faut noter une chose exceptionnelle : nous avons récolté au moins avec 15 jours d’avance ; du jamais vu pour ici ».

Autres productions

Si Bruno Guyard n’a pas pu faire de colza cette année – merci les limaces – il a diversifié sa production : « j’ai fait du triticale, avec une moyenne de rendement de 30 q /ha – allant selon les parcelles de 20 q/ha, pour une parcelle ayant gelé au printemps, à 35 q /ha. Cela me convient, même si ce n’est pas exceptionnel. Pour rappel, j’ai semé au 25 novembre, avec une récolte le 5 juillet. J’ai effectué deux passages de rotoétrille, et un apport d’engrais organique (Eco 2 – 100 avec 500 kg /ha ce qui équivaut à 47 unités d’azote). J’avais également opté pour du pois d’hiver – semé au 28 novembre avec une récolte au 14 juin ! C’est la première année depuis mon installation que je récolte si précocement ! Trié et pesé, je suis à 25 q /ha net ; parfait, puisque je n’ai jamais eu cela en conventionnel ! ». Malgré tout, il souligne : « même si les rendements sont nettement mieux en Bio cette année, je ne suis pas prêt à passer toute l’exploitation dans cette conduite. Je pense que le Bio est viable car nous obtenons des aides, car le problème étant que tout le monde veut du Bio mais personne ne l’achète. J’avais fait ce choix au départ pour des raisons économiques (s’ajoutant à cela d’autres raisons), car j’ai une entreprise à faire tourner. À l’époque je n’ai passé que 50 ha en Bio, car seulement ça est aidé dans la Nièvre ; une ineptie quand on sait que dans d’autres départements un passage total en Bio d’une exploitation peut être subventionné peu importe la surface ». Pour conclure, Bruno Guyard pointe qu’il a également 14,5 ha de luzerne qui végète pour l’instant : « il y a un manque d’eau évident pour qu’elle pousse correctement… C’est dommage, car les pieds sont bien là mais elle ne profite pas du tout ». Si les assolements et les choix de conduite ne se ressemblent pas, les années non plus. Ceci dit, 2022 restera pour tous une année de sécheresse et de coups de chaud – ayant pour certains des conséquences.

 

Rémi Planchard
Rémi Planchard souligne : « Au final, même si certaines cultures se hissent, les rendements sont moyens cette année. Malgré tout les prix de vente compensent quand même la hausse des prix des intrants. Cela étant, j'avais acheté ces derniers assez tôt, ce qui peut expliquer que je m'en sorte pas trop mal ».

Rémi Planchard

205 ha au total, avec 20 ha de jachères/prairies, 60 ha dédiés à l'orge, 40 ha au colza, 25 ha de tournesol et 60 ha en blé. 

Bruno Guyard
Bruno Guyard dans sa parcelle d'orge de printemps aujourd'hui en interculture.

Bruno Guyard

114 ha SAU, dont 50 ha en Bio avec 24 ha de triticale, 11 ha de pois d'hiver, 5,5 ha de soja, 9,5 d'orge de printemps. Environ 20 ha dédiés au blé – conventionnel- 2,5 prairies et le reste en jachères (29 ha environ).