Démographie
Démographie agricole en BFC : plus jeunes et plus vieux !

Berty Robert, avec Agreste
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Le recensement de 2020 révèle un certain paradoxe pour la Bourgogne-Franche-Comté : la population agricole régionale vieillit mais reste parmi les plus jeunes de France. La part des 55 ans et plus parmi les chefs d’exploitations pose aussi frontalement la question du devenir de beaucoup de fermes.

Démographie agricole en BFC : plus jeunes et plus vieux !
Le vieillissement de la population agricole en BFC (même si elle reste en moyenne la plus jeune de France) pose la question du devenir de nombre d'exploitations. (Crédit Réussir SA)

Plus jeunes, mais plus vieux ! C’est par cette phrase qu’on peut le mieux résumer la configuration de la population agricole de Bourgogne-Franche-Comté (BFC). Les résultats du recensement de 2020, mis en lumière dans une récente étude d’Agreste, l’organisme de la statistique agricole, révèlent cet étrange paradoxe. En effet, la BFC demeure la région française ayant la population d’exploitants la plus jeune du pays, à égalité avec les Pays de la Loire : son âge moyen est de 49,6 ans. Dans le même temps, cette population vieillit néanmoins. En dix ans (2010-2020) le nombre d’exploitants de moins de 60 ans a diminué de 20 % tandis que la catégorie des 60-75 ans a connu une hausse de 11 %. Les exploitants de 55 ans ou plus, qui sont déjà concernés par l’ouverture des droits à la retraite, ou le seront dans la décennie qui vient, représentent 38,2 % des effectifs. En 2010, ils n’étaient que 32,6 %. De fait, près d’une exploitation agricole de BFC sur deux est dirigée par au moins un exploitant de 55 ans ou plus. Si l’on regarde plus dans le détail, on remarque que cette proportion varie selon les orientations technico-économiques et aussi selon les départements. Ainsi, c’est dans les quatre départements bourguignons et le Territoire de Belfort que l’âge moyen des exploitants atteint ou dépasse 50 ans, alors que dans le Doubs, cette moyenne n’est que de 46,8 ans.

L’enjeu du passage de relais

La proportion d’exploitations avec au moins un agriculteur de 55 ans ou plus est très inférieure à la moyenne en maraîchage ou horticulture (32 %), élevage porcin ou de volailles (37 %) ou encore bovins lait (41 %). En bovins viande, le taux atteint 48 % mais c’est en cultures céréalières et grandes cultures qu’on trouve la plus forte proportion d’exploitants âgés de 55 ans ou plus (51 %). De même, et c’est un aspect sociologique intéressant à prendre en compte, les exploitants les moins âgés sont plus présents en agriculture biologique et dans les pratiques de vente en circuit court. Naturellement, face à cette proportion croissante d’agriculteurs proches de l’âge de la retraite, la question de l’avenir et de la pérennité des exploitations concernées s’impose. Cela représente tout de même 5 400 exploitations en BFC, soit près du quart du total au niveau régional. 1 800 de ces exploitations sont de taille très modeste mais les autres représentent 16 % de la SAU régionale. Ce n’est pas négligeable et cela pose un enjeu important pour l’avenir. Sur les exploitations régionales concernées par la présence d’un responsable âgé de 60 ans ou plus, 28 % envisagent une cession dans les trois ans à venir, en majorité à un membre de la famille et les projets de transmission sont d’autant plus fréquents que la taille de l’exploitation est importante. Pour les plus petites, la problématique est donc réelle. 7 % des exploitations envisagent clairement leur disparition au profit de l’agrandissement d’autres structures agricoles. Il faut aussi noter qu’un tiers des 5 400 exploitations précédemment citées ignorent leur devenir dans les trois ans qui viennent. Incertitude sur l’avenir et taille des exploitations sont deux notions totalement liées.

Le dernier recensement agricole a porté sur la période 2010-2020. C’est aussi l’occasion de porter son attention sur la typologie des agriculteurs qui se sont installés sur cette période. L’étude d’Agreste montre que ces installés dirigent aujourd’hui plus du quart des exploitations agricoles de BFC. Les femmes sont plus représentées parmi ces installés de la dernière décennie (28 %). Les chefs d’exploitations installés après 2010 n’étaient que 55 % à le faire dans le cadre familial, contre une proportion de 75 % avant 2010. C’est en maraîchage-horticulture et cultures fruitières qu’on trouve le plus fréquemment ces installés d’après 2010 (50 % des chefs d’exploitations). Ils sont moitié moins en élevage bovin (viande ou lait). Les micros et les petites exploitations sont aussi plus représentées dans cette catégorie (50 % des exploitations contre 42 % toutes catégories confondues).