Moutarde
Un temps déterminant

AG
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Les cultures de moutarde entrent en floraison. Les pluies de 2023, à ce même stade, avaient engendré de nombreux dégâts et même la pire campagne jamais vue en termes de rendements.

Un temps déterminant
illustration moutarde

L’Association des producteurs de graines de moutarde de Bourgogne (APGMB) croise les doigts. « Nous ne voulons pas revivre le même aléa que celui de l’an passé, avec des pluies lors de la floraison », retrace le conseiller Jérôme Gervais. De nombreuses fleurs avaient alors coulé et le rendement 2023 était descendu en dessous des 10 q/ha, ce qui n’était jamais arrivé. Du chaud et du sec sont donc attendus de pied ferme pour cette fin de semaine, et même la suivante. Jérôme Gervais rappelle que cette campagne a déjà livré son lot de complications : « 700 ha n’ont pas pu être semés à l’automne à cause des conditions climatiques. Nous avons perdu 800 nouveaux hectares par la suite, à cause de plantes qui ont dépéri dans l’eau, et même à la suite du gel mécanique que nous avons eu à la mi-janvier. Ce dernier phénomène concerne les champs argileux : la terre gonfle avec les pluies, des racines ont tendance à sortir et ne s’en remettent pas s’il y a de basses températures. À la mi-janvier, le mercure était descendu à -8 °C dès le lendemain des précipitations… ».

10 000 ha en terre

L’APGMB recense 10 000 ha actuellement semés. « Il n’y en aura pas davantage car la date du 25 mars ne doit pas être dépassée. Dans le cas contraire, non seulement le potentiel serait plus que limité, mais les plantes seraient beaucoup plus sensibles aux méligèthes », précise Jérôme Gervais. Les intentions de semis dépassaient pourtant la barre des 11 000 ha cette année. « Nous n’avons pu semer que 500 ha fin février - début mars. Il n’y en a pas eu davantage à cause, encore une fois, des conditions climatiques très humides », poursuit le conseiller mis à disposition par la Chambre d’agriculture, « cette baisse d’environ 10 % des surfaces devra être compensée par une moyenne de rendement légèrement revue à la hausse. Il nous faudra terminer l’année sur 14 q/ha pour honorer la commande des industriels qui s’élève à 14 000 tonnes pour 2024 ». En ce qui concerne les récentes inondations, Jérôme Gervais n’avait pas, la semaine dernière, des chiffres assez précis sur le nombre d’hectares qui étaient sous l’eau : « il ne faudrait pas que des plantes se retrouvent immergées plus de cinq jours sinon, des pertes seront quasi-assurées. Nous attendons d’autant plus le retour du beau temps ! ».

"Gonfler" le rendement

Jamais autant de graines de moutarde avaient été récoltées l'an passé dans des cultures dérobées tardives après céréales et dans des repousses. « Environ 300 tonnes avaient permis de remonter notre moyenne finale à 10q/ha. Nous aurons encore cette opportunité cette année si les récoltes sont précoces », informe Jérôme Gervais.