Inondations
« On était face à un événement d'ampleur exceptionnelle »

Propos recueillis par Christopher Levé
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Durant quelques jours, certains secteurs de l’Yonne, comme le Chablisien et le Tonnerrois, ont fortement été touchés par des inondations d’ampleur exceptionnelle. Retour sur ce phénomène climatique avec Clémence Choutet, directrice de cabinet du préfet de l’Yonne, avec qui nous avons échangé le vendredi 5 avril (la situation peut avoir évolué depuis).

Inondations
Plus de 200 personnels du SDIS étaient mobilisés ces derniers jours sur le terrain (photo : SDIS 89/Jean-Claude Bernard).

Pour commencer, pouvez-vous nous dire où en est la situation dans le département au moment où nous nous parlons ?

Clémence Choutet : « À l’heure où je vous parle, on a une cartographie de vigilance qui évolue très favorablement sur les dernières 24 heures, même si on a eu un phénomène de décrue assez lent. Avec ces inondations, on était face à un événement d’ampleur exceptionnelle. Je rappelle que pour l’Armançon (le cours d’eau le plus touché avec le Serein, ndlr), on est sur une crue cinquantennale, c’est-à-dire que c’est une crue qui a une chance d’arriver sur 50 chaque année.
En terme général, on a connu une montée des eaux très rapide, en particulier sur le Serein, et une décrue beaucoup plus lente que ce que l’on peut observer habituellement ».

Comment expliquer que la décrue est plus lente justement ?

CC : « Il y a plusieurs phénomènes à cela : tout d’abord des phénomènes de confluence, c’est-à-dire que les cours d’eau alimentent d’autres cours d’eau, et on a également eu de très fortes précipitations, dont certaines à des moments où la décrue s’opérait, ce qui a de nouveau fait monter le niveau des eaux. Dans certains secteurs, il y a eu en 12 heures l’équivalent en eau provenant des pluies de trois fois ce qui tombe habituellement en 24 heures. Cela a eu pour effet des engorgements et des remontées de nappes phréatiques ».

Quels sont les secteurs les plus touchés ?

CC : « Les deux cours d’eau les plus touchés sont l’Armançon et le Serein. Pour l’Armançon, cela concerne les secteurs de Lézines, tonnerre, Brinon sur Armançon. Sur le bassin du serein, Guillon-Terre-Plaine a été parmi les premiers touchés, comme L’Isle-sur-Serein, Noyers, Chablis. Ce qu’il faut retenir, c’est que pour beaucoup ce sont des communes qui, malheureusement, avaient déjà été touchées par les phénomènes de crue et inondations de mars ».

L’État a très récemment annoncé que ces inondations seraient reconnues comme catastrophe naturelle. Que cela implique-t-il ?

CC : « Le gouvernement a déclenché une procédure accélérée de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle. Cela veut dire concrètement que les communes avaient la possibilité de déposer un dossier dans ce cadre-là afin que des aides soient débloquées pour des travaux de réhabilitation, là où il y a eu des dommages aux biens ».

Un soutien financier sera également apporté aux exploitations agricoles touchées ?

CC : « Cela va être déclenché, effectivement. Il y a un accompagnement de la part de la DDT qui est d’ores et déjà en vigueur. Aussi, on est en lien avec la Chambre d’agriculture de l’Yonne depuis le début de la crise, à la fois pour transmettre les informations, pour alerter notamment les activités d’élevage afin de procéder à la mise en sécurité des animaux, qui était une des priorités d’interventions données au SDIS. On est également attentif aux éventuelles remontées de terrain que la Chambre d’agriculture peut avoir afin de connaître les effets de ces inondations pour le secteur agricole. À cette question, il est encore tôt pour les connaître. Il y a un travail engagé par la DDT en lien avec la chambre d’agriculture, de recensement des parcelles qui sont concernées ».

Lors de ces inondations, on a pu voir un énorme travail mené par les sapeurs-pompiers pour sécuriser la population et les animaux d’élevage.

CC : « La mobilisation a été très importante pour eux. Plus de 200 personnels du SDIS ont été mobilisés tout au long de ces quatre jours d’inondation, principalement dans le sud du département, avec la mobilisation de moyens spéciaux. Il y a eu 61 interventions dont 19 missions de reconnaissance suite notamment aux informations transmises par les maires des communes, mais aussi aux données météorologiques.
À noter que 56 personnes ont été évacuées de façon accompagnée par les services du SDIS de l’Yonne sans toutefois être dans un contexte d’urgence caractérisé avec une inquiétude pour la sécurité et la santé des personnes. Elles se sont faites dans un cadre de relative sérénité. On a pu bénéficier de moyens adaptés : des plongeurs, des bateaux, ou encore d’un hélicoptère pour les missions de reconnaissance.
Il faut préciser que tout cela s’est fait avec un gros travail d’appui de la part des gendarmes sur le terrain, notamment en ce qui concerne la sécurisation et la reconnaissance du terrain ».