Cultures du soja
L’implantation, étape clé pour réussir

Victoire Lefèvre, Terres Inovia
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La culture du soja se prête bien à la conduite pluviale en sols profonds dans nos régions. Sa réussite passe par le choix approprié de la parcelle, un travail du sol adapté et un semis dans de bonnes conditions.

L’implantation, étape clé pour réussir
Dans les régions du Nord-Est, la période optimale de semis se situe entre le 20 avril et le 31 mai. (Photo L. Jung / Terres Inovia)

Sous réserve d’une pluviométrie estivale suffisante, le soja se prête bien à une conduite pluviale en sols profonds dans nos régions. Sa réussite passe par le choix approprié de la parcelle, un travail du sol adapté et un semis dans de bonnes conditions.

Respecter les exigences du soja

Le choix de la bonne parcelle pour le soja est un prérequis pour maximiser le succès de la culture :

Les sols calcaires (plus de 10 % de calcaire actif) sont à éviter car ils peuvent induire des chloroses ferriques. En cas de chlorose repérée tôt, une pulvérisation ferrique permet de bien rattraper la situation.
Une alimentation en eau suffisante est indispensable pour la production du soja et une teneur en protéines correcte. Un stress hydrique nuira également à la nodulation et limitera l’absorption d’azote atmosphérique par la plante.
Évitez les parcelles à fort risque d’enherbement. Même si le soja n’est pas démuni en solutions de désherbage (chimique et mécanique), c’est une plante peu concurrentielle. Attention notamment aux adventices estivales difficiles comme l’ambroisie, le datura, le xanthium, les liserons, le panic, la morelle.

Travailler le sol pour favoriser la levée et la qualité d’enracinement

Soigner la préparation du sol doit permettre d’obtenir un sol bien structuré en profondeur, propice à un enracinement de qualité favorisant l’absorption des éléments du sol (minéraux et eau). Cette préparation garantit également un lit de semences aéré et suffisamment affiné en surface pour une levée rapide et homogène. Un bon nivellement de la parcelle facilitera, à la moisson, la récolte des gousses les plus basses. En présence de cailloux, un passage de rouleau sur le sol peut être envisagé après le semis.

Semer sans un sol réchauffé pour une levée rapide

La date de semis est conditionnée par les conditions pédoclimatiques de l’année. Quelle que soit la variété choisie, il convient de la semer dans un sol suffisamment réchauffé (10 °C à 5 cm) pour permettre une levée précoce et favoriser la nodulation. Le semis devra être fait dès que les conditions le permettent, pour ne pas s’exposer à des retards de maturité à la récolte et retarder les semis du blé qui suit.

Dans les régions du Nord-Est, les variétés des groupes 00 et 000 sont les plus adaptées, avec une période optimale de semis se situant entre le 20 avril et le 31 mai (voir tableau).

Semer au monograine ou au semoir à céréales ?

L’utilisation d’un semoir monograine assurera une meilleure régularité à la levée et permettra ultérieurement un désherbage mécanique de la parcelle. L’écartement est à adapter selon le groupe de précocité : 18 à 30 cm pour le groupe 000 et 18 à 50 cm pour le groupe 00. En cas de semis réalisé avec un semoir à céréales, privilégiez les semis à faibles écartements (15 cm) pour une meilleure couverture du sol.

Quel que soit le type de semoir utilisé, la graine doit être semée à 2 cm en semis précoce sur terre froide et battante. Pour les semis plus tardifs, sur terre chaude, ou sèche et motteuse, visez un semis plus profond à 3-4 cm.

Adapter la densité de semis

La densité de semis est à moduler en fonction du groupe de précocité et de la conduite hydrique de la parcelle. En cas de risque hydrique, la perte de potentiel peut être compensée par une augmentation du peuplement. Il conviendra d’ajuster le peuplement pour atteindre un objectif de 400 000 plantes par ha pour les variétés du groupe 00 à 500 000 pour les variétés du groupe 000. Cependant, veillez à ne pas majorer le semis au-delà des densités préconisées : cela entraînerait une concurrence entre plantes pour l’accès à l’eau et augmenterait le risque de maladies et de verse.

Assurer le développement des nodosités

Lors d’une première culture de soja sur la parcelle, il est indispensable de réaliser une inoculation de bactéries fixatrices d’azote, qui assureront 70 à 80 % de la fourniture d’azote à la plante. En effet, les rhizobiums sont naturellement absents des sols européens et doivent être ajoutés, soit directement sur les semences, soit via des microgranulés incorporés sur la ligne de semis. Si la dernière culture de soja date de plus de 5 ans sur la parcelle ou si le sol est calcaire, la réinoculation sera également indispensable.

Pour les inocula contenant des bactéries vivantes, il faudra respecter le délai entre inoculation et semis pour ne pas perdre en viabilité. Veillez également à ne pas exposer les semences inoculées à des conditions excessives de température et de lumière. Une fois semé, le contact terre/graine et l’humidité favoriseront la nodulation.