Caprins
Comment s'adapter au changement climatique ?

Marc Labille
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En Saône-et-Loire, un groupe d’éleveurs caprins issu du GIEE Lait’s Goat est engagé dans le projet Cap Climat Territoires. Comme six autres groupes en France, ils cherchent ensemble des solutions locales pour s’adapter au changement climatique.

Comment s'adapter au changement climatique ?
En février dernier, sept éleveurs du GIEE Lait’s Goat étaient réunis à Givry sur l’exploitation de la Chèvre de Russilly dans le cadre du projet Cap Climat Territoires.

Depuis l’an dernier, le Groupement d’intérêt économique et environnemental (GIEE) caprin de Saône-et-Loire Lait’s Goat travaille sur l’adaptation des exploitations au changement climatique. Ce programme s’inscrit dans le cadre du projet Cap’Climat Territoires porté par l’interprofession caprine Anicap et animé par l’Institut de l’Élevage. La première réunion a été organisée en avril 2023 sur le thème des conséquences du changement climatique. En octobre, le second rendez-vous était consacré à la gestion des prairies naturelles sur le site de la ferme expérimentale de Jalogny Ferm’Inov. Un troisième rendez-vous début février sur une exploitation caprine de la Côte chalonnaise portait sur l’adaptation du système fourrager. En ce mois d’avril, le groupe va se réunir à nouveau pour plancher sur les rotations culturales et un autre temps est programmé en automne pour aborder l’adaptation des bâtiments aux fortes chaleurs.

Sept groupes d’éleveurs

Financé par l’Anicap, le projet Cap’Climat Territoires est original à plus d’un titre. Il a la particularité de proposer une méthode participative d’adaptation au changement climatique, déclinée dans sept régions différentes, avec l’implication de sept groupes d’éleveurs dans une approche de partage de savoir-faire. La démarche a commencé en Nouvelle-Aquitaine et Pays de la Loire et depuis, elle s’est étendue à l’échelle nationale avec des groupes en Bretagne, Occitanie, Rhône-Alpes, Cher et Pyrénées-Atlantiques. Un groupe s’est constitué en Saône-et-Loire. Caroline Sauvageot est l’animatrice du projet pour l’Institut de l’Élevage et elle se déplace d’un groupe à l’autre. Le changement climatique se traduira par une hausse des températures moyennes annuelles alors que la pluviométrie sera très variable selon les années avec des épisodes extrêmes séchants ou pluvieux ou les deux au sein d’une même année. On s’attend à une augmentation de la production herbagère avec un démarrage globalement plus précoce, un déficit plus important en été et une reprise plus forte et plus tardive en automne. Mais l’un des faits marquants de la nouvelle donne climatique, c’est que « les années vont se suivre, mais ne se ressembleront pas », souligne Caroline Sauvageot qui évoque une succession d’années atypiques. D’où le choix de travailler sur des années types. Si l’herbe disponible peut bel et bien augmenter, elle ne sera pas forcément valorisable.

S’appuyer sur l’expertise des éleveurs

La démarche Cap’Climat Territoires consiste à faire échanger les éleveurs entre eux sur les différents leviers d’adaptation à leur disposition. Pour la réunion sur le système fourrager, ils ont utilisé l’outil Lauracle, un jeu de cartes qui comporte toute une gamme de leviers répondant à différentes problématiques. Les exploitations caprines ont ainsi à composer avec les contraintes naturelles (terres à luzerne ou non), les cahiers des charges des AOP, les contraintes de leurs systèmes (ration pâturage ou non, séchage en grange, présence de vaches…). Les éleveurs ont travaillé en binômes et les solutions sont venues de leurs fructueux échanges s’appuyant sur leur propre expertise d’éleveurs. D’autres outils de groupe seront utilisés dans le cadre de Cap’Climat Territoires comme le jeu Écophyt’Eau pour faire échanger les éleveurs sur leurs rotations culturales. Au terme de ces travaux collectifs, il ressort « qu’il n’existe pas de solution miracle ! », confie l’animatrice. En termes de bilan fourrager, avec ou sans luzerne, « les systèmes 100 % foin séché au sol seront compliqués », estime-t-elle. En présence de beaucoup de prairies naturelles, « l’association chèvres/vaches allaitantes est une bonne solution pour valoriser l’herbe en vert et en enrubannage. Ce système mixte très caractéristique du Charolais mérite d’être conforté. Le séchage en grange sécurise les récoltes et la diversification des systèmes et des récoltes est une clé », ajoute Caroline Sauvageot. Le projet mobilise aussi l’enseignement pour toucher les futurs éleveurs grâce à la création d’un kit pédagogique dérivé de la démarche Cap’Climat Territoires. En Saône-et-Loire, Sébastien Prades, enseignant en BPREA au lycée de Davayé, fait partie d’un groupe d’enseignants qui élabore ce kit à l’échelle nationale. « L’objectif est que tout cela se démultiplie au niveau local et que ça touche tout le monde, au moyen de la presse locale, des réseaux sociaux… », conclut Caroline Sauvageot.

Une adaptation tangible en Saône-et-Loire

Caroline Sauvageot constate qu’en Saône-et-Loire, « les systèmes sont globalement peu chargés avec beaucoup de prairies permanentes. Nombre d’éleveurs ont repris des terres pour être mieux au niveau fourrager, quitte à être moins chargés, mais en restant autonomes. Ces élevages cherchent à acheter le moins d’aliments possible dans des systèmes globalement très autonomes. Ils sont très attentifs à la qualité de leurs fourrages qui doivent être suffisamment riches en protéines pour la production laitière. Dans le groupe, la moitié des élevages ont des vaches qui valorisent les premières coupes. Deux sont équipés de séchage en grange et deux font de l’enrubannage ce qui est déjà une forme d’adaptation ».