Pour les éleveurs, la récolte de maïs ensilage est une période très importante de l'année, ceci servant pour l'alimentation de leurs animaux. Et dans l'Yonne, il y a du bon, et du moins bon en termes de rendements.
Du côté de Poilly-sur-Serein, Françoise et Jacky Loy (Gaec Amaryllis) ont fini de récolter leurs 33 ha de maïs ensilage, destiné à l'alimentation de leurs 90 vaches laitières. Et malgré la météo « catastrophique » de cette année, comme le dit Françoise Loy, qui a fait que les maïs ont été semés tardivement, « on a réussi à faire une récolte dans de bonnes conditions. En quantité, on est globalement sur les mêmes bases que les autres années, c'est-à-dire est entre 8 et 10 t de MS/ha ».
Si les pluies ont été excédantes dans l'Yonne, les deux éleveurs ont eu « la chance de ne pas faire partie de ceux qui ont eu trop d'eau et qui ont vu leurs champs être inondés, avec l'impossibilité de récolter leurs maïs ».
Ce n'est pas pour autant qu'ils ont été épargnés par les soucis. Chez eux, il y a déjà la problématique des sangliers. Cette année encore, ces nuisibles ont détruit 5,5 de leurs 33 ha de maïs ensilage, soit plus de 16 % de leur surface.
Et puis, il y a un autre souci, humain cette fois-ci, celui de réussir à trouver de l'aide pour la récolte. « C'est un vrai problème pour nous », confirme Françoise Loy. « Et cela devrait l'être encore plus à l'avenir », ajoute son mari. L'éleveuse reprend : « On est aussi dépendant d'un entrepreneur, ce qui est une véritable galère pour la logistique car on est obligé de s'adapter à lui ».
Une nouvelle année « particulière »
Du côté de Saints-en-Puisaye, Henri Ragon, 2024 est une nouvelle année « particulière, à se demander si une année particulière ne deviendrait pas une année « normale ». Pour illustrer cela, on peut prendre l'exemple des six premiers mois de l'année où on a eu en pluie quasiment ce que l'on a habituellement dans une année complète ».
Chez l'éleveur, si les semis de maïs (environ 50 ha) ont pourtant été faits dans des terres adéquates, derrière des ensilages d'herbe, « les maïs ont pris 100 mm d'eau juste après. Je pensais même qu'ils finiraient par pourrir mais ont quand même fini par lever ».
Niveau rendements, les résultats ne sont pas là. « Au lieu d'être sur des rendements médians qui sont à 12 t de MS/ha (15 t de MS/ha les bonnes années, 10 t de MS/ha les moins bonnes), là on sera bien en dessous. Dans certaines parcelles, on est descendu à entre 5 et 8 t de MS/ha », confie-t-il.
En plus de la pluie, le soleil a cruellement manqué cette année, ce qui aura un impact sur les taux de sucre et de protéine qui devraient être bas, avec des conséquences sur la fertilité des vaches et la production de lait. « On sera donc obligé de combler ces manques avec des aliments complémentaires, qui coûtent bien évidemment de l'argent. C'est donc la double peine ».
Henri Ragon pourra toutefois compter sur le sorgho qu'il a récolté (sur 19 ha) pour apporter du sucre dans la ration de ses 270 animaux dont 110 vaches laitières (c'est aussi le cas de Françoise et Jacky Loy qui ont cultivé 11 ha de sorgho ainsi que 26 ha de méteil pour être le plus autonome possible dans l'alimentation des animaux, ndlr).
Cependant, comme les deux éleveurs de Poilly-sur-Serain, Henri Ragon a aussi des problèmes avec les nuisibles. « Il y a les dégâts de sangliers et surtout de corbeaux. Même en les tirant, on ne s'en sort plus. Autant en ce qui concerne les sangliers, on peut arriver plus ou moins à gérer la problématique grâce à des clôtures électriques, mais pour les cordeaux, on ne sait plus quoi faire. Il y a trois ans, ils m'ont détruit 10 ha de maïs, que j'ai dû resemer. Si on ajoute la FCO-3… Cela commence à faire beaucoup pour nous, les éleveurs. Cela va vraiment poser des soucis sur la comptabilité des exploitations », souffle Henri Ragon.
Effectivement, les éleveurs ne sont vraiment pas épargnés cette année. Et s'il n'y avait que cette année…
