Chambre d'agriculture
L'État au banc des accusés

AG
-

Les membres de la Session de chambre de Chambre d'agriculture se sont intéressés à la gestion des risques avec l'intervention de deux économistes. Jacques de Loisy, président de la FDSEA, a préféré prendre le problème bien plus en amont.

 

L'État au banc des accusés
Les échanges se sont tenus fin septembre au lycée de Plombières-lès-Dijon.

Caprices de la météo, menaces sanitaires, baisse des prix… Il existe un certain nombre de recommandations pour « tenter de limiter » les impacts dans les exploitations. Thierry Pouch et Marine Raffray, économistes à Chambres d’agriculture France, sont venus aborder le sujet il y a quelques jours en Côte-d'Or. Puisqu'une réunion de plusieurs heures ne se résume pas en quelques lignes, nous mettrons ici l'accent sur une réflexion en particulier, celle de Jacques de Loisy, président de la FDSEA de Côte-d'Or, qui a pris la parole à l'issue de l'exposé.

« Ne pensez-vous pas que l'État voire l'Europe sont les principaux responsables de la situation dans laquelle nous sommes ? », s'interroge l'agriculteur d'Hauteville-lès-Dijon, en développant son propos : « nous devons de plus en plus agir dans l'immédiateté alors que l'agriculture demande plutôt une vision politique de moyen et long termes. Lors de cette présentation sur la gestion des risques, vous avez successivement parlé de la météo, du sanitaire et des prix, mais dans chacun de ces trois points, notre gouvernement pourrait à mon sens opérer tout autrement ». Concernant le climat, Jacques de Loisy rappelle les conséquences des très forts excès d'eau de l'année en cours : « elles auraient pu être atténuées par une bonne gestion de l'espace, un bon entretien des cours d'eau, des fossés, des ruisseaux, des rivières… Un stockage partiel de cette eau permettrait aussi d'irriguer certaines cultures en cas de besoin, voire de cultiver de nouvelles plantes. Par la même occasion, nous pourrions être autosuffisants, de la valeur ajoutée serait générée, cela engendrerait une rémunération pour les exploitations agricoles et leurs familles, cela créerait de la richesse pour l'état qui, me semble-t-il, en aurait un peu besoin ».


Pour le sanitaire (aussi bien en élevage qu'en productions végétales), le président de la FDSEA déplore l'absence de stocks de vaccins, la diminution du nombre de produits de protection des plantes et les lentes avancées de la recherche génétique, « freinées par les aspects réglementaires » : « sans ces lacunes, nous arriverions très certainement à préserver l'ensemble de nos productions. L'État est encore une fois fautif ». Troisième point abordé par Jacques de Loisy, les prix : « il y aurait beaucoup de choses à dire sur Égalim… Un exemple me vient à l'esprit avec la problématique de l'export des céréales. L'État français, ces dix dernières années, a réussi une prouesse inédite en se fâchant simultanément avec deux ennemis jurés l'un contre l'autre, je veux parler de l'État algérien et du royaume du Maroc. L'État français, avec sa législation et sa réglementation, n'est-il pas schizophrène et responsable de tous les maux que l'on souhaite faire porter sur le dos des agriculteurs ? Si tous les sujets étaient traités avec une vision de production à long terme, nous pourrions continuer à produire plus et mieux ! ».

« Besoin d'un signal, et même plus »
Laurence Henriot, présidente de Bio Bourgogne Franche-Comté.
Agriculture biologique

« Besoin d'un signal, et même plus »

Laurence Henriot, présidente de Bio Bourgogne-Franche-Comté, est intervenue lors de la dernière session de la Chambre.

Éleveuse à Villebichot près de Nuit-Saint-Georges, Laurence Henriot a dressé un état des lieux particulièrement difficile de l'agriculture biologique. La présidente de Bio Bourgogne-Franche-Comté a tout d'abord rappelé les conditions de l'année avec des conditions déplorables de récolte et des rendements « loin d'être aux niveaux escomptés », « tout comme en agriculture conventionnelle ». La qualité des productions, heureusement, est globalement satisfaisante. Laurence Henriot a enchaîné avec les difficultés structurelles en relayant la position de la FNAB : « la bio connaît une crise de marché sans précédent, les enveloppes prévues pour financer les conversions n’ont pas été réorientées pour soutenir les fermes déjà en bio et stabiliser les filières. Le nouveau gouvernement doit rapidement nous rassurer. Nous avons besoin d'un signal, et même plus, alors que nous avons déjà perdu 2 % des surfaces bio l'an passé. En son temps, Michel Barnier, ancien ministre de l’Agriculture, avait défendu, en précurseur, l’introduction de 20 % de produits bio dans les cantines. Annie Genevard, la nouvelle ministre, avait soutenu cette année en tant que députée l’inscription dans la loi d’orientation agricole d’un objectif ambitieux de 21 % de surfaces bio en 2030. Pour autant, la situation des fermes bio en 2024 est toujours mauvaise et il faudra plus que des symboles pour rassurer la profession ». La Fédération nationale agriculture biologique attend une revalorisation de l’écorégime bio et demande qu’une avance de 85 % des aides conversion soit versée à compter du 16 octobre.

Aides Pac

« Une obligation de résultats »

Vincent Lavier, président de la Chambre d'agriculture, a mis la pression sur l’administration concernant le versement des aides Pac, devant intervenir ces tout prochains jours : « Tous les moyens doivent être mis en place pour que l'intégralité des agriculteurs touchent leur versement en temps et en heure. Nous vous attendons sur ce point, il y a une obligation de résultats sur ce sujet ! Des dossiers restent malheureusement coincés tous les ans pour des raisons qui nous dépassent, notamment informatiques, cela ne doit pas avoir lieu cette année, le contexte l'exige. J'ai encore été en contact ces dernières heures avec un jeune à qui l'on doit 20 000 euros depuis octobre 2023, alors que toutes les démarches ont été parfaitement réalisées. Cela ne doit plus arriver ».