Sommet de l'Élevage
Des annonces... pour des résultats dans les cours de fermes

Berty Robert
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La visite, le 3 octobre, au Sommet de l'Élevage, d'Annie Genevard, nouvelle ministre de l'Agriculture, s'est accompagnée d'annonces nombreuses qui doivent – question de crédibilité – se concrétiser très rapidement.

Des annonces... pour des résultats dans les cours de fermes
Annie Genevard s'est pliée aux exigences de la visite d'un salon de la dimension du Sommet de l'Elevage, en prêtant une oreille attentive à toutes les composantes du secteur.

C'était un peu son baptême du feu : Annie Genevard, la nouvelle ministre de l'Agriculture, de l'Alimentation et de la Forêt, s'est rendue au Sommet de l'Élevage, le 3 octobre, à Cournon d'Auvergne, près de Clermont-Ferrand. C'est peu dire que l'élue du Doubs était très attendue, quelques jours après sa nomination. Au terme de semaines de blocage institutionnel découlant de la dissolution de l'Assemblée nationale, le monde agricole est en forte attente du redémarrage d'un certain nombre de dossiers restés au milieu du guet… et auxquels d'autres se sont ajoutés depuis ! Crise sanitaire (FCO 3 et 8, MHE, peste porcine) mais aussi mauvaises récoltes, vendanges décevantes, prédation, annonce de Lactalis sur la réduction des collectes de lait… La nouvelle ministre n'avait pas trop d'une journée entière de déambulation, à la fois pour mieux connaître ce monde agricole, en recevoir les requêtes, et surtout, apporter des réponses.

« Constater très vite les résultats »

Se sachant attendue, Annie Genevard n'était pas venue les mains vides ou simplement pour faire des sourires et tapoter les croupes des vaches : sa conférence de fin de visite, qu'on espérait depuis la veille riche d'annonces, n'aura pas déçu, du moins sur le contenu. Il reste maintenant à voir comment tout cela va se traduire dans les faits et rapidement, afin que, comme le soulignait la ministre dès sa nomination « on puisse constater très vite les premiers résultats dans les cours de fermes ».

Sur Lactalis (voir aussi page 10 de ce même numéro) : Annie Genevard a signifié qu'elle allait très prochainement recevoir les industriels laitiers et le P.-D.G. de Lactalis. Selon elle : « Aucun éleveur laitier ne peut être laissé sur le bord du chemin. Je déplore que l'attitude de Lactalis ne tienne pas compte du facteur humain ».

Sur le loup : pour la ministre, le déclassement du statut du loup d'espèce strictement protégée à espèce protégée est un élément positif, « c'est d'ailleurs une bataille que j'ai livrée avant même d'être ministre » rappelait-elle. « Personne ne dit qu'il faut éradiquer le loup mais il faut que l’on obtienne la non protégeabilité des bovins », afin de permettre de simplifier le recours aux tirs de défense.

Sur les sujets sanitaires : Annie Genevard confirme qu'il s'agit là de sa priorité. Elle souhaite « mettre le paquet sur les vaccins ». Face à la FCO 8, elle devait prendre contact le 7 octobre avec son homologue du gouvernement espagnol afin de parer à la pénurie de vaccins. « Nous faisons également pression sur les laboratoires » ajoutait-elle. Sur la question de la MHE, la ministre plaide pour une stratégie de cordon sanitaire « afin d'endiguer la progression de la maladie ». Par ailleurs, toujours sur la MHE, la ministre a confirmé que le Fonds national de mutualisation du risque sanitaire et environnemental (FMSE), présidé par Christophe Chambon, éleveur du Doubs et président de la FRSEA BFC, était validé jusqu'à la fin de l'année. Une réunion de travail avec Christophe Chambon est prévue pour la mise en place du processus. Sur la FCO 3, la ministre a annoncé que la vaccination (prise en charge par l'État) serait ouverte à toute la France pour la filière ovine. « Nous avons le stock de vaccins nécessaire. Là où le mal est déjà fait, il faut aider les éleveurs à se relever. Et vite. Je veux donc que les éleveurs qui ont perdu des bêtes dans les foyers identifiés puissent être rapidement indemnisés pour pouvoir recapitaliser leur troupeau et relancer leurs élevages ». La ministre s’est par ailleurs engagée à activer « la reconnaissance de force majeure pour la campagne des aides PAC 2025 pour que les éleveurs ne subissent pas la double peine de la perte d’animaux et de la réfaction du calcul des aides ». Elle a annoncé un fonds d’indemnisation d'urgence, dont les modalités et le montant ont été précisés le 4 octobre par le Premier ministre Michel Barnier (voir encadré). Plus fondamentalement, face à ces problématiques, la nouvelle ministre plaide pour l'instauration d'une stratégie de veille sanitaire.

Sur l'assurance prairie : face aux polémiques et aux remises en cause du système actuel de mesure de la pousse de l'herbe par observations satellitaires, Annie Genevard a annoncé le lancement d'un nouvel appel d'offres afin de revoir le système et dans le but d'étendre le réseau de fermes de référence pour la mesure de la pousse de l’herbe. « J'estime que la pertinence de l'observation par satellite mérite d'être questionnée ». La ministre n'exclut pas d’abandonner l’estimation des pertes par satellite pour « revenir à des analyses physiques ».

Sur les avances PAC : Annie Genevard a dit mettre « un point d'honneur à faire respecter l'échéance du 16 octobre pour le paiement des avances des aides PAC ».

Sur la prochaine Loi de finances : l'annonce de la ministre a porté sur l'intégration à cette loi d'un nouvel avantage fiscal afin de lutter contre la décapitalisation en élevage bovin et soutenir l'installation « avec un effort exceptionnel de 150 millions d'euros ».

75 millions d'euros face à la FCO

Le Premier ministre Michel Barnier était au Sommet de l'Élevage le 4 octobre. C'est là qu'il a annoncé une enveloppe de 75 millions d'euros pour les éleveurs victimes de la FCO 3, sous la forme d'un fonds d'urgence d'indemnisation. Il a également évoqué le déblocage de prêts garantis par l’État pour les exploitations qui en ont besoin, une demande pressante de la profession agricole, notamment des éleveurs et des céréaliers.