Tourisme
Les bons gestes à adopter face aux Patous

Christopher Levé
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Le lundi 7 mars, un webinaire a été organisé par Yonne Tourisme sur la thématique « Tourisme de randonnée et chiens de protection de troupeaux : comment concilier les deux ? », animé par l’association Férus, en partenariat avec la DDT de l’Yonne. Les bons comportements à adopter lorsque l’on rencontre un chien de protection ont été rappelés.

Patous
Un webinaire a été organisé par Yonne Tourisme le lundi 7 mars sur la thématique « Tourisme de randonnée et chiens de protection de troupeaux : comment concilier les deux ? ».

Dans l’Yonne, pour se protéger d’éventuelles attaques de loup sur les troupeaux, les éleveurs ont la possibilité d’acquérir des chiens de protection. « En France, ce sont surtout des Patous, mais il existe d’autres races comme le Berger d’Anatolie, le Maremme des Abuzzes ou le Matin Espagnol », liste Fannie Malet, coordinatrice de l’association Férus, qui a animé le webinaire du lundi 7 mars, organisé par Yonne Tourisme.
La mise en place d’un chien de protection nécessite un véritable savoir-faire. « La naissance doit se faire en bergerie pour que le chien s’imprègne du troupeau qu’il protégera par la suite. Lors des deux premiers mois, une sociabilisation auprès de sa mère et de sa fratrie est nécessaire pour qu’il acquière les codes canins. La familiarisation à l’humain, dès le plus jeune âge, est également importante, ainsi qu’aux autres chiens et à l’environnement », explique-t-elle. L’introduction dans le troupeau doit se faire à partir de huit semaines. « En somme, un gros travail d’accompagnement est à faire par l’éleveur après la mise en place du chien de protection ».
Le chien de protection est autonome dans son travail une fois le travail de mise en place achevé. « L’éleveur sait qu’il peut compter sur le travail du chien, même lorsqu’il est absent ».
Il est important de préciser qu’un chien de protection est un chien de dissuasion et non d’attaque. « Il alerte, s’interpose et ne passe qu’à l’action seulement si l’intrus ignore les deux étapes précédentes », indique Fannie Malet.

Un moyen de protection efficace

Le chien de protection est considéré comme l’un des moyens de protection le plus efficace. « Même si le risque zéro n’existe pas, la présence d’un ou de plusieurs chiens permet de limiter les pertes dans le troupeau. Il est efficace contre les grands prédateurs, comme le loup, mais aussi contre les autres prédateurs potentiels comme les corvidés, le renard, les blaireaux, le sanglier, les autres chiens ou encore l’homme », poursuit la coordinatrice de l’association Férus.
Acquérir un chien de protection fait partie des mesures de protection financées dans le cadre du plan national loup, pour les éleveurs en zones à loups ou en zones d’expansion du loup. Ainsi, le forfait à l’achat est de 375 euros, une aide à la stérilisation de 200 euros, un forfait annuel de 840 euros pour l’entretien du chien (croquettes, soins vétérinaires…), une indemnisation si le chien est tué lors d’une attaque, un test de comportement financé à 100 % et un financement possible d’un accompagnement technique par l’Idèle pour la mise en place d’un chien de protection.

Ne pas stresser les chiens

Pour éviter des éventuels problèmes avec les promeneurs, un comportement doit être adapté par ces derniers pour ne pas surstresser les chiens. « Il faut avoir conscience qu’une zone pastorale est un espace de travail pour les éleveurs et donc leurs chiens de protection », ajoute-t-elle. Si un droit de passage existe sur beaucoup de propriétés privées, il faut cependant veiller à respecter les limites marquées par les filets et refermer les clôtures s’il y a une porte.
À l’approche du troupeau (les randonneurs peuvent également se renseigner auprès des offices de tourisme sur la présence possible des chiens de protection de troupeau sur les itinéraires qu’ils empruntent), « il est nécessaire de le contourner le plus largement possible, ralentir son allure et se signaler au chien en sifflant ou parlant fort, laisser le chien venir pour identifier le passant par l’odorat. En cas de forte appréhension, il ne faut pas chercher à forcer les choses. Il est préférable de faire demi-tour calmement », détaille Fannie Malet.
« Lorsque le chien approche, il aboie. Il faut donc s’arrêter et ne pas le regarder dans les yeux, ce qu’il prendrait pour un défi. Il faut cependant le garder dans son champ de vision et le laisser vous sentir pour vous identifier. Il faut éviter de provoquer le chien par des mouvements brusques et garder les bras le long du corps ». Lorsque le chien se calme, le randonneur peut reprendre son chemin doucement.
Si un randonneur se promène avec son chien, une vigilance particulière doit être observée. « Le chien doit être tenu en laisse. Si les relations se tendent, il est préférable de lâcher la laisse et de s’écarter pour laisser les chiens s’expliquer entre eux », assure-t-elle.
À vélo ou à cheval, il est préférable de descendre du vélo ou du cheval et de marcher à côté, voire s’arrêter si nécessaire. « De même qu’en trail, il est mieux d’arrêter sa course et de repartir calmement et de reprendre sa course plus loin ».
Des comportements sont enfin à exclure : ne pas être familier, c’est-à-dire caresser le chien ou lui donner de la nourriture sans y être autorisé par l’éleveur. Ni caresser une brebis ou tenter de prendre une photo avec elle. Il ne faut pas non plus menacer le chien, ce qui ne ferait qu’accentuer son stress vis-à-vis de l’homme.

Patous
Des panneaux d'information sont installés à proximité des fermes où se trouvent des chiens de protection de troupeaux pour indiquer le bon comportement à suivre aux randonneurs lorsqu'ils se retrouvent face à ces animaux.

Quelques chiffres sur le loup

Selon les sources de la DDT de l’Yonne, 12 attaques sur troupeaux ont été constatées en 2021 dans le département (30 victimes : 24 tuées, 6 blessées). En 2020, il y a eu 17 attaques constatées (24 victimes : 20 tuées, 4 blessées). En 2019, ce sont 31 attaques (75 victimes : 38 tuées, 37 blessées). Et en 2018, où les premières attaques ont été constatées, 7 ont été notifiées (33 victimes : 25 tuées, 8 blessées). Toujours à l’échelle départementale, 19 chiens de protection sont recensés.
D’après les chiffres de l’association Férus, 624 loups environ sont comptabilisés en France.