Future PAC
Effets de la future PAC en élevage laitier

Berty Robert
-

Après les grandes cultures et l’élevage allaitant, nous terminons notre cycle d’articles consacrés aux effets possibles de la future Pac sur les économies des exploitations de Bourgogne-Franche-Comté. À la loupe cette semaine, et toujours avec le concours de Cerfrance BFC, voyons ce qu’il en est pour l’élevage bovin lait.

À l’instar des bovins allaitants, la position des élevages de bovins lait de Bourgogne-Franche-Comté (BFC) dans la perspective de la future Politique agricole commune (Pac), qui doit entrer en vigueur le 1er janvier 2023, paraît globalement plus rassurante aujourd’hui qu’elle ne pouvait l’être il y a encore quelques mois. « En système lait de plaine, ils profitent moins de la nouvelle aide à l’UGB que ce que l’on avait imaginé au départ, souligne l’analyste de Cerfrance BFC, Mathilde Schryve, on est quasiment à un niveau identique comparé à ce qu’ils dégageaient sur l’aide bovin lait. En revanche, ces élevages gagnent sur les écorégimes et sur les Droits à paiement de base (DPB) ». Par rapport à la Pac actuelle, il y a clairement des gains, même s’ils ne sont pas gigantesques.

Vers un retour de l’engraissement ?

Dans ce contexte, les élevages en système lait de plaine peuvent chercher à faire de l’optimisation, en faisant primer les UGB mâles. « Cela ne va-t-il pas se traduire par un encouragement à engraisser des taurillons laitiers ? » S’interroge Mathilde Schryve. Un engraissement que l’on voyait beaucoup plus rarement qu’avant dans les élevages laitiers de la région qui se sont beaucoup spécialisés sur le lait, mais certains ont encore cette pratique. Ce nouveau contexte pourrait donc faire varier cette donne et l’on pourrait assister à un retour de ces pratiques d’engraissement. Tout dépendra aussi des ressources alimentaires, alors que les aliments pour animaux sont aujourd’hui à des coûts très élevés, ce qui pourrait constituer un frein à l’engraissement. « Dans le cas d’éleveurs qui se posaient la question de l’engraissement, cette situation peut représenter un encouragement à franchir le pas… » Un doute subsiste toutefois dans le Plan stratégique national (PSN) défini par la France dans le cadre de la nouvelle Pac : il s’agit du chapitre abordant le retournement des prairies permanentes dans les écorégimes. La gestion assez intensive de leurs prairies permanentes, par certains éleveurs, qui les retournent et les resèment, pourrait constituer un point limite pour accéder à l’écorégime supérieur.

Choix à faire sur la gestion des prairies

« On a vu le cas se poser pour une exploitation qui fait du lait AOP, signale Mathilde Schryve. Dans ce secteur, il existe des contraintes fortes concernant l’origine de l’alimentation donnée aux vaches. Ils ont donc intérêt à cultiver de façon intensive les prairies qui peuvent être retournées. Ces éleveurs auront sans doute à choisir entre le fait d’avoir accès à l’écorégime, ce qui veut dire avoir une gestion moins intensive, ou conserver une gestion intensive, quitte à faire des sacrifices. Dans le système AOP, les niveaux de marge à l’hectare sont assez importants pour se permettre de rester en écorégime standard et donc de conserver une gestion intensive des prairies ». Les éleveurs laitiers qui ont aujourd’hui des DPB très élevés pourraient être perdants avec la nouvelle Pac. Un cas de figure toutefois pas très fréquent en BFC.