Grêle
Bis repetita…

Christopher Levé
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Le Chablisien a une nouvelle fois été très fortement impacté par un orage de grêle destructeur. Plus d'un tiers du vignoble, soit plus de 2 000 ha de vigne, a été touché, avec des dégâts allant de 30 à 100 %, en fonction des secteurs. S'il est encore tôt pour connaître d'exactitude des conséquences sur la prochaine récolte, pour le monde viticole icaunais c'est l'année 2016 qui se répète.

Grêle
La grêle a fortement touché le vignoble du Chablisien le mercredi 1er mai, au soir (photo : adhérent de la FDSEA de l'Yonne).

« On voit l’année 2016 se répéter », se désole Ludovic Barat, viticulteur à Chablis. Et lorsque l’on parle de 2016, le monde viticole le sait, ce n’est pas en bien.
Depuis près d’un mois, les viticulteurs luttent contre les épisodes successifs de gel et de grêle, avec des dégâts jusqu’alors plutôt mesurés dans l’ensemble. Mais l’orage de grêle survenu le mercredi 1er mai dans la soirée (entre 19 heures et 20 heures) a été dévastateur pour une partie du vignoble du Chablisien. Des parcelles du Tonnerrois ont aussi été touchées.
« La vallée du Serein a fortement été touchée », indique Jean-Baptiste Thibaut, viticulteur à Quenne et vice-président de la Chambre d’agriculture de l’Yonne. « Maligny, Chablis, Milly, Courgis, Villy, ou encore La Chapelle-Vaupelteigne », liste-t-il de manière non exhaustive. Selon Ludovic Barat, ces deux dernières communes sont les plus touchées, « avec des dégâts qui vont de 60 à 100 % », tout en confiant que d’après les premières estimations, « il y aurait au moins 2 000 ha du Chablisien à avoir été détruit par cet épisode de grêle, soit un gros tiers du vignoble ».
À noter que des parcelles agricoles dans le Florentinois ont également été impactées par cette chute de grêle.

Une récolte compromise

Ludovic Barat, comme tous les viticulteurs, le sait déjà : « la récolte sera compliquée cette année. Il y a certains secteurs dans le Chablisien où il n’y avait déjà plus de feuilles vertes dans les vignes (tout avait grillé) avec le gel. Il faut maintenant attendre de voir comment la vigne va se réveiller, comment elle va se sortir de ce stress et attendre la floraison en juin pour avoir une visibilité globale sur la suite », explique-t-il. « Il y a plusieurs cas de figure : il y a les parcelles où il n’y a plus rien, où l’on sait déjà que la récolte est perdue, et il y a le constat mi-figue mi-raisin où il faudra attendre la floraison pour s’exprimer. À l’heure actuelle, il n’est pas possible de connaître le potentiel de récolte dans le vignoble ».
Notamment parce que les vignerons craignent « que les inflorescences se transforment en files et qu’il n’y ait pas le potentiel de rendement escompté », ajoute Christophe Race, viticulteur à Chablis et président de la Chablisienne.

La pression du mildiou

Les soucis des viticulteurs ne s’arrêtent malheureusement pas là. Tous craignent que les pluies incessantes favorisent l’apparition du mildiou. Pour Ludovic Barat, il est urgent que la pluie se calme, « pour que l’on puisse très vite ressortir avec les tracteurs et aller traiter dans les vignes pour protéger contre le mildiou et éviter que l’impact de grêle continue de creuser et nécroser encore davantage le végétal ».
Le jeudi 2 mai, lors de son déplacement dans l’Yonne (lire page 4), Prisca Thevenot, ministre déléguée chargée du renouveau démocratique, porte-parole du gouvernement s’est rendue à Chablis, à la coopérative La Chablisienne, pour dans une parcelle de vigne à Villy, pour apporter son soutien à la filière viticole. La ministre a notamment indiqué que l’indemnité de solidarité nationale pourra être actionnée suite à cet événement climatique. Un moindre mal pour les vignerons, même si cela ne compensera toutefois pas, pour certains, des mois de travail parti en fumée en l’espace de quelques secondes.