CAVB
Lutter contre les maladies de la vignes tout en limitant les traitements

Berty Robert
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L’assemblée générale de la Confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne aura consacré une bonne place à la lutte contre cette menace sanitaire sur le vignoble. Une lutte qui doit composer avec les restrictions croissantes sur les traitements phytos.

Lutter contre les maladies de la vignes tout en limitant les traitements
Les défis techniques qui se posent au vignoble de Bourgogne sont une préoccupation centrale de la confédération.

Flavescence dorée, aménagement de parcelles, emploi, défis techniques… les sujets ne manquaient pas pour nourrir les débats de la dernière assemblée générale de la Confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne (CAVB), organisée le 21 avril au château de Savigny-lès-Beaune, en Côte-d’Or. La maladie de la flavescence dorée est dans toutes les têtes : « on va devoir y mettre toute notre efficacité et notre professionnalisme », confessait Thiébault Huber, le président de la CAVB. Un défi de taille pour un vignoble qui, plus largement, s’interroge sur sa capacité à affronter l’évolution climatique, autant que les réglementations environnementales de plus en plus contraignantes. Les défis techniques à venir sont nombreux, autant en termes de modes de travail que de matériel végétal, mais la tâche ne fait pas peur à une organisation habituée à se battre sur de multiples terrains.

Des cas relativement isolés

Sur le dossier de la flavescence dorée, quelques pieds isolés ont été détectés dans le nord-mâconnais. Globalement, la situation de surveillance de la maladie paraît plutôt bien maîtrisée dans le vignoble de Saône-et-Loire mais on note quand même des préoccupations sur le sud-mâconnais. En 2022, on a dû procéder à de l’arrachage de vignes. Dans l’Yonne, des premiers cas ont été décelés et, en Côte-d’Or, des pieds isolés sont disséminés sur les deux côtes. Pour 2023, la CAVB propose de repartir d’une feuille blanche dans la lutte contre cette menace, afin de gagner en précision dans sa détection et avec un budget de 700 000 euros. Il faut aussi noter que 3 500 vignerons sont mobilisés sur ce travail de prospection. « Nous bénéficions d’un soutien budgétaire des Conseils départementaux de l’Yonne, de la Côte-d’Or et de la Saône-et-Loire dans ce domaine, soulignait Thiébault Huber, mais pas de la Région Bourgogne-Franche-Comté en revanche… » Le président de la CAVB pointait aussi un paradoxe de taille sur la flavescence dorée : « les services de l’État nous demandent de traiter pour lutter contre la maladie et éviter son extension, mais, dans le même temps, on ne cesse d’accumuler les restrictions de possibilités de traitements… »

Un œil sur l’urbanisation

De manière générale, l’évolution de la réglementation phytos constitue un des gros sujets de préoccupations pour 2023. Dans le vignoble, de nombreuses initiatives se mettent néanmoins en place. Il faudra faire avec les contraintes grandissantes dans le cadre des zones de traitement permises. Dans ce domaine, la CAVB revendique d’avoir son mot à dire, désormais, à propos de futurs programmes d’urbanisations, afin que les porteurs de ces derniers prennent eux aussi en compte la présence de vigne. Il n’y a pas de raisons que les limitations aillent toujours dans le même sens et il sera à l’avenir difficilement acceptable de poser des limites aux viticulteurs tout en construisant à proximité des vignes. La question environnementale, elle se pose aussi dans le domaine de l’aménagement de parcelles de vigne. En 2022, la CAVB aura traité 94 déclarations sur ce thème. Sur les Hautes-Côtes, en Côte-d’Or, la recherche du bon compromis, entre préservation de la biodiversité et de l’activité économique préside à la conduite de ces dossiers, et la question devrait aussi se poser en Saône-et-Loire avec des superficies qui restent à planter. En appellation régionale Coteaux bourguignons, une réserve de 25 000 hectares reste à planter, notamment sur la zone des Hautes-Côtes. Pour limiter les coûts, la CAVB note que, désormais, des études globalisées faune-flore sont possibles.

Des rendez-vous pour 2023

Enfin, sur le matériel végétal, Thiébault Huber, par ailleurs président de Qanopée (dispositif de pré-multiplication de porte-greffes destiné à préparer l’avenir), a indiqué que les objectifs pour 2023 résident dans le fait d’organiser la filière de matériel certifié pur une meilleure synergie entre les acteurs (Beaujolais et Champagne, en plus de la Bourgogne) et de songer à l’organisation de production de matériel standard. Pour 2023, la CAVB gardera un œil sur la loi d’orientation agricole actuellement en préparation, il y aura également de gros enjeux sur le système d’appellations contrôlées, réclamant un pilotage des cahiers des charges très scrupuleux et les inquiétudes demeurent sur l’évolution de la réglementation de l’utilisation de produits phytosanitaires. De bons moments attendent aussi la filière avec, en novembre, l’organisation, à Beaune, de la 150e fête des grands vins, le congrès du centenaire de l’Organisation internationale du vin (OIV), dont le siège est désormais à Dijon et celui de la Cnaoc, qui aura lieu également en Bourgogne en 2024.

La CAVB en chiffres

La Confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne c’est :

- 84 appellations fédérées

- 53 organismes de gestion (ODG)

- 4 500 vignerons

- En 2022, 70 commissions de l’organisme auront visité 6 900 hectares de vignes, de l’Yonne à la Saône-et-Loire, en passant par la Côte-d’Or.

Avancée sur les fermages

À la suite du gel de 2021, la Saône-et-Loire et l’Yonne ont souhaité travailler à une réforme de la méthode de calcul des fermages afin d’y intégrer une notion de rendement. C’était aussi l’occasion d’harmoniser la méthode à l’échelon de toute la Bourgogne viticole puisqu’en Côte-d’Or, un tel système est déjà en place depuis 2016. L’indexation des fermages sur la récolte a donc été obtenue, au terme de négociations parfois ardues avec les bailleurs, dans les deux départements concernés. Pour la CAVB, il y a là une véritable avancée.