Au Salon de l'Agriculture
La place des femmes en agriculture, toujours en débat ?

Christophe Soulard
-

Dans le cadre du Salon de l’Agriculture, qui a fermé ses portes le 5 mars, une table ronde était organisée sur la place des femmes dans les exploitations agricoles et dans les organisations professionnelles. En parallèle, une agricultrice du Doubs vient d’être élue présidente de la Commission nationale des agricultrices.

La place des femmes en agriculture, toujours en débat ?
Si les femmes ont gagné leur place au sein des exploitations agricoles et des organisations professionnelles, ce fut souvent de haute lutte et elles sont encore parfois confrontées à des résistances. (Crédit Actuagri)

Même si leur statut avance quel que soit le métier exercé, les femmes cherchent à briser le plafond de verre et à être reconnues comme les égales à part entière des hommes. L’ensemble des intervenantes à cette table ronde organisée dans le cadre du Salon de l’Agriculture a insisté sur les difficultés qu’elles ont connues, il y a quelques années, à faire entendre leur voix, à faire valoir leurs droits, et à exercer le métier qu’elles souhaitaient. La présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, concédait que de « nombreux professeurs m’ont dissuadée de m’installer, m’encourageant à changer d’orientation car l’agriculture n’était pas un métier pour moi […] Et dans le milieu syndical, les femmes n’étaient pas toujours les bienvenues ».

Ne plus avoir à s’effacer

Véronique Langlais, présidente du syndicat des bouchers de Paris, enfonçait le clou en revenant sur son élection : « Pour la première fois depuis 149 ans, une femme était élue à la tête du syndicat […] j’ai eu un premier mandat très compliqué », attestait-elle avec des silences très évocateurs. L’ancienne présidente de la Commission nationale des agricultrices (CNA), Jacqueline Cottier, a évoqué le temps où les femmes étaient contraintes de s’effacer au profit des hommes. « Les agricultrices ont souvent vécu un métier subi par le mariage », soulignait Christiane Lambert qui, cependant, sait gré aux hommes de « reconnaître de plus en plus de qualités aux femmes dans leurs fonctions et responsabilités ». Pourtant l’égalité auxquelles les femmes aspirent légitimement peine à se concrétiser et certaines aimeraient que la loi s’applique pleinement. « J’étais contre le système des quotas parce que je le jugeais méprisant, affirmait Anne-Claire Vial, présidente de l’Acta-Les Instituts techniques agricoles, mais si on n’avait pas mis ces quotas en place, on n’en serait pas là ». Elles sont en effet peu de femmes à exercer le mandat de présidente de Chambres d’agriculture. « Elles le sont encore moins dans les outils économiques et la coopération agricole », poursuivait-elle.

De nouvelles générations plus engagées

« Dans le bureau des Chambres, la règle du tiers ne s’applique pas », s’agaçait Karen Serres, ancienne présidente de la Commission nationale des agricultrices (CNA). Conscientes de ce qu’elles doivent à leurs aînées sur les plans juridiques et sociaux, les jeunes générations paraissent plus enclines à vouloir s’engager et prendre des responsabilités. « La philosophie de chef d’entreprise n’est pas une question de genre », expliquait Manon Pisani, jeune exploitante en production porcine dans le Tarn-et-Garonne et trésorière de JA. « Il faut surtout oser et ne pas trop se poser de questions », ajoutait-elle, suivie en cela par Isabelle Rome, ministre déléguée à l’Égalité entre les femmes et les hommes. « Quand on aime son métier, on le défend, quel que soit le genre », a-t-elle soutenu, insistant sur l’importance de la formation pour confirmer le choix initial du métier choisi. Elle a exhorté les femmes à « exercer leurs professions par choix ». Pour Karen Serres, il importait surtout de « rester soi-même, dans sa féminité et ses émotions ». D’ailleurs, l’émotion n’a jamais été exclusive de la raison et de la compétence.

Une présidente de BFC pour la Commission nationale des agricultrices
(Crédit FNSEA)

Une présidente de BFC pour la Commission nationale des agricultrices

La Commission nationale des agricultrices (CNA) de la FNSEA a élu Catherine Faivre-Pierret à sa présidence. Cette agricultrice en production laitière (Comté) dans le Doubs, à Villers-le-Lac, près de Morteau, remplace Jacqueline Cottier qui a décidé de passer la main après neuf années de mandat. Parmi les dossiers que Catherine Faivre-Pierret entend porter, figure notamment celui des gardes d’enfants.