Dans le Doubs
La ministre Annie Genevard en sortie terrain
Lors d'une visite terrain organisée le 2 janvier, la ministre de l'Agriculture s'est entretenue à huis clos avec les représentants des syndicats agricoles. Elle a posé un agenda pour la mise en place des différentes mesures attendues depuis bientôt un an par les agriculteurs.

Tous les participants à la rencontre organisée le 2 janvier sur la ferme de Nicolas Girard, producteur laitier à Saint-Vit, dans le Doubs, entre Besançon et Dole, avec la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard le savent : le temps politique est long. Trop long ! L'instabilité gouvernementale issue des élections européennes et de la dissolution de l'Assemblée nationale suivie de la censure d'un gouvernement sans majorité à la Chambre des députés n'a fait qu'ajouter à l'incompréhension des agriculteurs. Eux, qui attendent depuis près d'un an des mesures de simplification, une loi d'orientation agricole, un projet de loi de finances, bref, des signes de soutien en faveur de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire, ont échangé pendant près d'une heure avec leur ministre de tutelle, lors d'une rencontre mise sur pied dans l'urgence : « La Chambre d'agriculture a été sollicitée par la préfecture le 30 décembre. Il a fallu faire vite et trouver une ferme aux abords de Besançon » expliquait le président de la Chambre interdépartementale d'agriculture, Philippe Monnet.
Simplification attendue
« La simplification est attendue. C'est même une priorité. Le Conseil stratégique phytosanitaire (CSP) illustre cette nécessité, tout comme les modalités trop complexes des prêts bancaires (trésorerie et consolidation) destinés à soutenir les exploitations. Actuellement, les mêmes documents sont souvent exigés à plusieurs niveaux, alors qu'un transfert direct entre les interlocuteurs permettrait de réduire les démarches et de gagner un temps précieux » précisait Florent Dornier, président de la FDSEA25 à l'issue de la rencontre. Si la ministre a bien saisi le problème, la mise en application de cette simplification doit s'accompagner de textes réglementaires. « Sur la prédation lupine, elle nous a annoncé un arrêté ministériel imminent » poursuivait le leader syndical. L'application d'Egalim, la collaboration des acteurs de la filière laitière sur les coûts de production, la contractualisation, sont d'autres sujets abordés avec Annie Genevard. La ministre a annoncé la probabilité d'obtenir le vote du projet de loi de finances en janvier et la loi d'orientation agricole en février. Un calendrier qui ne pourra être tenu qu'avec la garantie d'une coalition à l'Assemblée nationale. L'autre dossier qui a cristallisé les échanges concerne le syndicat Jeunes agriculteurs. L'installation et la question du renouvellement des générations préoccupent la ministre.
Bouteille de lait symbolique
L'exploitation de Nicolas Girard n'avait pas été choisie par hasard. À 34 ans, le jeune agriculteur, avec sa formation d'ingénieur agronome et son expérience professionnelle, a mûrement réfléchi son installation avant de revenir sur la ferme. « J'ai choisi de m'installer. Le temps de travail et la question de la rémunération doivent être posés pour espérer voir des jeunes faire le choix de l'agriculture » indiquait-il Nicolas Girard, tout en offrant une bouteille de lait à la ministre : « elle représente ce que chacun des acteurs de la filière gagne. Si vous pouviez nous servir d'ambassadeur et la partager au sein des ministères… Ça nous serait bien utile ! Voilà ma part de rémunération sur ce litre de lait : 40 centimes. Soit 1,6 Smic pour 70 heures de travail hebdomadaire ». Prenant en exemple cette ferme familiale, Mélanie Gruet, présidente des JA 25, a souligné l'importance d'un accompagnement des jeunes à l'installation. « Une installation sur deux se fait en dehors du cadre familial. Les jeunes ne peuvent pas toujours compter sur l'expérience de leur prédécesseur. Les aléas sanitaires, climatiques, auxquels ils sont soumis aujourd'hui sont une pression supplémentaire. Les jeunes sont souvent seuls à devoir faire face. Un accompagnement personnalisé pourrait les aider ». Un énième sujet à glisser dans l'escarcelle de la ministre.