Chambre d'agriculture
Les chantiers agricoles de 2023

Christopher Levé
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À l'occasion de la présentation de ses vœux à la presse, le jeudi 5 janvier, Arnaud Delestre, président de la Chambre d'agriculture de l'Yonne, est revenu sur l'année agricole de 2022 et a pointé les grands enjeux à venir pour cette nouvelle année 2023. 

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Arnaud Delestre, président de la Chambre d'agriculture de l'Yonne.

• Le changement climatique.

« Il n’y a plus d’année normale, surtout au niveau de la météo », a pointé Arnaud Delestre, président de la Chambre d’agriculture de l’Yonne, lors de la présentation de ses vœux à la presse, le jeudi 5 janvier. « 2022 a encore été une année assez atypique avec une grosse sécheresse. Mais on a eu la chance d’avoir de l’eau assez significativement au mois de juin, ce qui a sauvé les meubles sur l’ensemble des productions de la production. Cependant, aujourd’hui les nappes phréatiques sont encore très basses à cause du manque d’eau des dernières semaines ».
Ce n’est pas une surprise, le changement climatique fait désormais parti des principales préoccupations du monde agricole pour les années à venir. « On a lancé une prospective sur l’agriculture en 2040 avec la Région BFC pour essayer de se projeter et connaître les grands enjeux des années à venir », annonce Arnaud Delestre. Dans cette prospective, le volet climatique occupe une place importante. « L’objectif est de savoir comment est-ce que chaque exploitation, et notamment chaque jeune qui s’installe, intègre cette notion de changement climatique dans son étude d’installation. Le but est de travailler avec tous les acteurs (Chambre, syndicats, coopératives, OS…) pour qu’à tous les niveaux on regarde les leviers d’action possible sur le changement climatique. On a des pistes pour atténuer ce changement climatique et notamment favoriser l’autonomie fourragère qui est l’une des premières choses impactées ».
Mais pour le président de la Chambre d’agriculture icaunaise, « le changement climatique, ne doit pas s’intégrer de façon globale, mais il faut que chaque exploitation, chaque exploitant, s’empare de cette problématique et y contribue à son niveau. Le but est aussi de voir de quoi il a besoin pour y parvenir ».

• L’avenir de l’élevage.

Toujours dans cette prospective 2040 lancée, « l’avenir de l’élevage dans nos territoires est vraiment l’une des grandes questions que l’on va se poser lors des prochaines années. Il faut savoir que 70 % du cheptel ovin est détenu par des agriculteurs qui ont plus de 55 ans. Dans l’Yonne, on est sur une installation pour trois départs à la retraite », assure Arnaud Delestre.
Le renouvellement des générations est donc prioritaire, notamment dans l’élevage, afin de perpétuer une activité en décrue chaque année. « On a la chance dans le département d’avoir encore des outils de transformation, avec Yoplait et Sodial, entre autres, pour la filière laitière. On a aussi l’abattoir de Migennes qui fonctionne bien ».

• La nouvelle PAC 2023-2027.

L’un des grands changements de l’année, c’est la mise en place de la nouvelle PAC. « La Chambre anime des réunions d’information à destination des agriculteurs, avec la DDT. Le but est de leur donner toutes les règles pour qu’ils puissent gérer et optimiser leur assolement, afin d’avoir accès aux aides ».
Selon Arnaud Delestre, « cette nouvelle PAC est la première réforme où le département de l’Yonne n’est pas perdant. Auparavant, on perdait systématiquement 10 à 15 % d’aides à chaque réforme, au bénéfice d’autres productions et d’autres territoires. Pour cette programmation, il y a eu un travail de fond effectué avec la reconnaissance de la ZI (zone intermédiaire), qui va des Charentes à la Lorraine, avec des rendements à faibles potentiels ».
Dans le cadre des ZI, existe aussi une MAEC (mesures agro-environnementales et climatique) qui est mise en place, avec une aide spécifique. « Cela se traduit par un cahier qui demande d’avoir un nombre de cultures à bas niveau d’impact ou bas niveau d’intrants supérieur à 20 %. On y retrouve des tournesols, du soja, des pois, de la luzerne… Cela demande un changement de pratique pour certains afin d’aller chercher cette enveloppe MAEC, qui n’est cependant pas obligatoire pour les agriculteurs ».

• La nouvelle assurance récolte.

Autre nouveauté : la refonte de l’assurance récolte. « On est un département, du fait d’être en ZI, qui utilise énormément l’assurance récolte, avec plus de 50 % des agriculteurs qui sont assurés contre les aléas climatiques », expose le président de la Chambre.
Cependant, l’assurance récolte n’est pas obligatoire et bien souvent, seuls les agriculteurs ayant déjà connu des dégâts sur leurs cultures s’assurent, ce qui ne permet pas aux organismes d’assurance de fonctionner correctement. À cela, l’État a décidé de répondre en mettant en place un fond de garanti, pour les aléas climatiques, pour les assurés. « Ce fond de garanti prendra aussi en compte les calamités agricoles, qui n’étaient jusqu’alors pas assurables. Toutefois, pour les agriculteurs qui ne s’assurent pas, il n’y aura plus de second filet de sécurité en cas de dégâts », affirme-t-il.