Récolte du tournesol
Le meilleur pour la fin

AG
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Le Gaec Damongeot, de Marsannay-le-Bois, vient de récolter son tournesol. Cette culture devrait dégager la meilleure marge de l'année après des moissons d'été très décevantes.

Le meilleur pour la fin
Olivier Damongeot, le 24 août, dans l'un de ses champs au nord de Dijon.

Rien à voir avec les 39 q/ha nets payables de l’an passé. Mais tout de même : avec des rendements entre 23 et 29 q/ha et une moyenne nette payable légèrement supérieure à 25 q/ha, le tournesol du Gaec Demongeot devrait être la culture la plus rentable de l’exercice, surtout après les maigres résultats enregistrés ces dernières semaines autour de Marsannay-le-Bois. « Nous avons pris cher cette année, au nord de Dijon. Chez nous, la moyenne du blé n’est qu’à 53 q/ha, l’orge d’hiver à 46 q/ha, l’orge de printemps n’arrive pas à 40 q/ha et l’avoine de printemps reste plantée à seulement 31 q/ha… Nous n’avons eu aucune pluie significative entre le 22 avril et le 5 juin… Les fortes amplitudes thermiques, couplées au vent du nord, n’ont bien sûr rien arrangé », retrace Olivier Damongeot, en Gaec avec son frère Jean-François.

En remplacement du colza

Dans ce contexte, l’agriculteur de 50 ans devrait se satisfaire de son tournesol cette année, même si ce dernier à lui aussi a souffert du sec : « les grains ne sont guère remplis et sont très petits, c’est dommage. Nous aurions pu prétendre à 8, 9, voire 10 q/ha supplémentaires s’il avait plu aux alentours du 15-20 juillet. Le tournesol ne demande pas d’énormes quantités d’eau mais il en faut tout de même un minimum avec, de préférence, une bonne répartition des pluies et aux bons moments. Cela n’a pas été le cas cette fois-ci. Cela dit, avec un bon 25 q/ha de moyenne payable, le tournesol nous donne encore satisfaction. Nous n’en cultivons pas depuis longtemps, seulement depuis quatre campagnes, suite à l’arrêt du colza qui nous posait bien des problèmes avec les larves de grosses altises ». En plus d’être une bonne tête de rotation, le tournesol présente d’autres avantages, notamment économiques : « avec un prix aux alentours de 715 euros/t au moment où je vous parle, le produit brut à l’hectare du tournesol ne sera pas loin de celui du colza, tout en sachant qu’il y a beaucoup moins d’azote à apporter. Avec le tournesol, seulement 50 unités à l’hectare sont nécessaires, bien loin des 180 que nécessite le colza. Ces 130 unités d’écart pèsent beaucoup sur la balance, surtout avec de l’ammonitrate désormais à près de 900 euros la tonne. Avec une unité à 2,68 euros, l’azote ayant pris 258 % en deux campagnes, cela équivaut à une différence de 348 euros/ha entre ces deux cultures ! En plus, avec le tournesol, il y a beaucoup moins d’interventions. En colza, nous avons 12 ou 13 passages entre les désherbants, les insecticides ou encore l’engrais. Au prix actuel du carburant et du matériel, le tournesol marque encore un point, sans parler de l’épée de Damoclès que nous n’avons plus avec les insectes ». Le Gaec Damongeot repartira logiquement en tournesol dans son prochain assolement, en lui accordant une nouvelle fois une surface avoisinant 25 ha.

Une première en moutarde

L’agriculteur de Marsannay-le-Bois sèmera prochainement de la moutarde sur 50 ha, ce sera même une grande première pour lui et son frère : « le prix est attractif et connu à l’avance, à hauteur de 2 000 euros la tonne. C’est un avantage certain. Les moindres unités d’azote, 125 contre les 180 du colza, sont une autre motivation : ces 55 unités en moins représentent une économie d’azote de 147 euros/ha, soit près de 7 500 euros pour nos 50 ha… Les graines de moutarde nous sont fournies sous forme de mélanges avec six variétés différentes, dont certaines seraient tolérantes aux altises. C’est une garantie supplémentaire… En termes de rentabilité, aujourd’hui, un colza à 40 q/ha équivaut à une moutarde à 12 q/ha, si toutefois le colza est vendu 600 euros/t en 2023, prix qui n’est pas atteint aujourd’hui. Je pense que nous avons beaucoup plus de chance de faire 12 q/ha en moutarde que 40 q/ha en colza… Par ailleurs, la date de semis de la moutarde est décalée vers fin septembre début octobre, soit 4 à 6 semaines minimum par rapport au semis d’un colza, ce qui laisse plus de temps pour préparer les terres et pratiquer des faux semis pour éliminer un maximum d’adventices indésirables. Nous pouvons ainsi diminuer les charges opérationnelles ». Ces hectares de moutarde se feront au détriment du pois et de l’avoine de printemps semés en début d’année : « le pois a livré un très mauvais rendement de 14,2 q/ha. Cette culture, qui avait elle aussi permis de remplacer le colza, est très difficile à cultiver chez nous. Cette année, le coup de chaud est arrivé en pleine floraison. Les semis s’étaient passés dans des bonnes conditions, mais nous avons eu un problème de phytotoxicité avec un désherbant accentué par le sec et la chaleur… Nous arrêtons également l’avoine, bien qu’elle ne soit pas une mauvaise tête de rotation. Avec 50 ha de moutarde et 25 en tournesol, nous aurons la surface nécessaire pour semer notre blé l’an prochain ».