Sicafome
Une assemblée générale particulière

Chloé Monget
-

Le 26 mai, la Sicafome tenait son assemblée générale avec en toile de fond son anniversaire. Outre cet événement, le bilan financier marquait une singularité par rapport aux années précédentes, de même que les sujets abordés dans les questions diverses.

Une assemblée générale particulière
L'Assemblée générale de la Sicafome s'est déroulée le 26 mai dernier à la salle des fêtes de Moulins-Engilbert afin de célébrer les 40 ans du cadran.

L’assemblée générale de la Sicafome, du 26 mai, fut singulière puisqu’elle s’est déroulée à la salle des fêtes de Moulins-Engilbert (contre les locaux du cadran d’habitude) afin de célébrer ses 40 ans. Pour cet anniversaire, la rencontre s’est clôturée par la projection d’un film retraçant l’histoire et les missions du cadran de Moulins-Engilbert qui « servira de support de communication pour l’avenir » stipule Benoit Blandin, président de la Sicafome, et par un dîner dansant. Même si tous attendaient ce moment, des sujets plus sérieux ont été abordés au préalable.

Bilan

Outre l’anniversaire, le bilan participa également à ce sentiment d’exception. En effet, avec un chiffre d’affaires de 56 248 079 euros en 2022 la Sicafome enregistre donc une progression de 9 058 890 euros. Pour rappel, 42 322 bovins ont été présentés en 2022 – soit une baisse de 4 038. La Sicafome enregistre un taux record d’invendus de 4 % et une hausse des prix de 300 euros en moyenne par tête. Les transactions ovines présentent une augmentation des apports (plus 501 en 2022 par rapport à 2021), une augmentation du prix moyen d’environ 5 euros par rapport à l’an dernier et, comme pour les bovins, un taux d’invendus bas de 3 %. Benoit Blandin insiste : « notre chiffre d’affaires 2022 équivaut aux années 2012-2013 ce qui fait grand plaisir car nous retrouvons une situation normale. L’augmentation des prix est, outre le marché, aussi due au travail de qualité des éleveurs » avant de nuancer : « cela étant, nous restons vigilants, car il y a une baisse des apports en bovins (activité principale de la Sicafome). Cette situation est inquiétante et témoigne, à mon sens, de la diminution du cheptel ».

Réactions

Benoit Blandin poursuit : « J’en profite d’ailleurs pour réagir au rapport de la Cour des comptes (du 22 mai dernier*) qui préconise de réduire le nombre de bovins en France. Je crois que cela est complètement déconnecté de ce que les consommateurs désirent car il est prouvé qu’ils souhaitent revenir à une alimentation locale. En sus, et pour mémoire, l’élevage – quel qu’il soit – permet de valoriser des terres qui ne peuvent pas l’être autrement, cela offre non seulement un gagne-pain pour des familles entières mais aussi un entretien du paysage. Je tiens à rappeler à tous ces rapporteurs que si les bovins disparaissent ou se réduisent, c’est la France qui sera métamorphosée, et des familles qui seront sur le carreau ; inadmissible pour moi ». Des prises de paroles se sont succédé (Didier Ramet, président de la Chambre d’agriculture de la Nièvre, Emmanuel Bernard, président de la FDSEA 58, etc.) pour affirmer que la consommation de viande en 2022 n’avait pas baissé et que l’engraissement pouvait être un débouché intéressant à envisager. Martial Tardivon a d’ailleurs présenté la prestation de vente vidéo du cadran, et a indiqué que le personnel de la Sicafome se formait sur les labels de qualité : « Il y a un marché qui nous attend, et nous sommes là pour vous accompagner dans celui-ci ». La réaction de la salle ne s’est pas fait attendre : « On nous impose des normes de partout pour respecter des cahiers charge de plus en plus contraignants et d’un autre côté, le gouvernement autorise l’importation de viande étrangère qui n’a pas la moitié de cela à respecter ».

*https://www.ccomptes.fr/fr/publications/les-soutiens-publics-aux-eleveurs-de-bovins


Prédation

Autre sujet sensible qui fut abordé durant l’assemblée générale : le loup. Durant la présentation des chiffres, Martial Tardivon, chef des ventes du cadran de Moulins-Engilbert a martelé : « Je suis ravie que le nombre d’ovins vendus augmente de même que leurs prix. Mais, cette production peut disparaître à cause de la pression du loup et je pense qu’il va falloir choisir entre la protection du loup ou des troupeaux ». Sur ces paroles, une photo d’un bovin déchiqueté a été projetée à toute l’assemblée. L’État, représenté par Yosr Kbairi, sous préfète de Château-Chinon, a rebondi : « nous sommes à l’écoute des éleveurs qui sont des acteurs économiques indispensables. Nous travaillons – avec la FDSEA et la Chambre d’agriculture de la Nièvre - pour trouver des solutions à cette problématique des plus pressantes. Nous avons bien conscience des enjeux et nous ne souhaitons pas voir disparaître les élevages » et de la salle de réagir : « Le loup est une cause européenne et mondiale. Mais les bovins, les ovins et les éleveurs, sont une cause défendue par qui ? Il est grand temps qu’une institution les protège car sous peu il sera trop tard ! ». Ainsi l’assemblée générale de la Sicafome 2023 ne ressembla à aucune autre, et de Benoit Blandin de conclure : « Je remercie l’engagement de tous les salariés, bénévoles et administrateurs participant au bon déroulement des marchés chaque semaine. Nous espérons que l’avenir sera au diapason de cette année. Mais j’insiste une dernière fois : sans les éleveurs apporteurs et acheteurs, nous n’existons pas et si nous n’existons pas, il n’y a pas de cotation… à bon entendeur ».