Cuma Compost 71
Un groupe d'agriculteurs engagé dans la valorisation du bois

Marc Labille
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Alors que le bocage est vu comme une ressource de biomasse potentielle, la Cuma Compost 71 est un collectif d’agriculteurs qui se sont organisés pour exploiter le bois issu des exploitations. La filière biomasse bocagère ne demande qu’à se développer.

Un groupe d'agriculteurs engagé dans la valorisation du bois
Un chantier d’abattage avec le grappin coupeur de la Cuma Compost 71. Il abat des arbres à une hauteur de 50 cm à 1 m du sol et peut sectionner des troncs jusqu’à 45 cm de diamètre pour les bois durs et 50 cm pour les bois tendres.

La Cuma Compost 71, dont le siège est à Mâcon, a été créée en 2002 pour le compostage des effluents. En 2016, elle s’est diversifiée dans une seconde activité d’abattage et de déchiquetage de bois en plaquettes. L’idée était de valoriser le bois issu des exploitations en litière pour les animaux ou en combustible pour le chauffage. La Cuma permet d’accéder collectivement à l’équipement nécessaire pour la récolte et la transformation du bois. La Cuma Compost 71 possède un grappin coupeur. C’est une sorte de sécateur géant hydraulique, porté par le bras d’une pelleteuse. Propriétaire du grappin, elle fait appel à un prestataire pour la pelle à chenilles. L’entreprise fournit également son chauffeur. Pour le déchiquetage du bois, la Cuma de Saône-et-Loire travaille aujourd’hui en inter-Cuma avec son homologue de l’Ain, la Cuma de Saint-André-sur-Vieux-Jonc. Cette dernière possède la déchiqueteuse et son tracteur avec chauffeur. Ensemble, les deux coopératives parviennent à réunir le volume annuel nécessaire pour rentabiliser une telle machine (près de 40 000 Mètres cubes apparents plaquettes – MAP). Pour son activité bois, la Cuma Compost 71 compte une centaine d’adhérents. « Elle réalise une trentaine de chantiers par an (abattage et déchiquetage) pour un total de près de 400 heures et 15 000 MAP », indique Camille Petit, l’animatrice. Le premier motif d’adhésion est la litière des animaux. La dépendance à la paille des élevages saône-et-loiriens et la flambée des cours poussent les éleveurs à rechercher des alternatives. Les plaquettes de bois sont un bon substitut à la paille dans les stabulations et elles peuvent être produites sur l’exploitation. L’usage des plaquettes pour le chauffage se développe aussi chez les adhérents : chauffage domestique, poulaillers, serres… Certains se sont même mis à fournir des collectivités.

Activité saisonnière

L’activité est saisonnière avec des abattages de bois de septembre à mars, un déchiquetage dans la foulée pour un séchage estival et une utilisation des plaquettes l’hiver suivant. La saisonnalité tient notamment au fait que les agriculteurs sont soumis aux contraintes de la conditionnalité des aides Pac (BCAE). Les interventions sur les arbres ne sont tolérées que du 15 août au 15 mars pour préserver la nidification de la faune sauvage. Les adhérents de la Cuma Compost 71 valorisent essentiellement des bois de ripisylves (bordures de cours d’eau) et de lisières de forêt. Les bois de haies sont encore rares, mais ils devraient monter en volume dans les années à venir. Certains agriculteurs font le choix de laisser pousser leurs haies en hauteur et réalisent un véritable plan de gestion en vue de fournir du bois durablement. « Pour l’efficacité des chantiers et une bonne qualité de plaquettes, mieux vaut privilégier des perches d’un bon diamètre et pas trop de petites branches », indique Camille Petit. La vigilance s’impose pour les bois issus de haies et arbres bocagers. Pour une utilisation en chaudière, une sélection des arbres est recommandée ou alors, il faut prévoir un « recriblage » des plaquettes à l’issue du broyage. Pour la qualité des plaquettes, il faut être attentif à la quantité de « fines » (sciure poussiéreuse qui accompagne les plaquettes), car elles ont tendance à encrasser les chaudières. « Il faut aussi éviter les corps étrangers : ferraille, cailloux… qui risquent d’abîmer les couteaux de la déchiqueteuse » complète l’animatrice.

Abattage rapide et en toute sécurité

Pour l’abattage, le grappin coupeur est porté par une pelle à chenilles de 28 tonnes que l’entrepreneur transporte sur le chantier sur une semi-remorque porte-char de 3 m de largeur. « Cela suppose de bien prévoir l’accès à la parcelle », fait remarquer Camille Petit. L’engin coupe les arbres à une hauteur de 50 cm à 1 m du sol. Il peut sectionner des troncs jusqu’à 45 cm de diamètre pour les bois durs et 50 cm pour les bois tendres. « Comparé à l’utilisation de tronçonneuses, le recours au grappin coupeur sécurise les chantiers d’abattage, souligne l’animatrice, et la machine génère un gain de temps considérable, d’autant qu’elle libère l’agriculteur de ce travail risqué et pénible ». Les arbres et branchages coupés sont déposés par la machine au sol, tous alignés dans le même sens, prêts à reprendre pour le déchiquetage. Une fois l’abattage des bois réalisé, le chantier de déchiquetage ne doit pas tarder. Animée par un tracteur de plus de 400 CV, la déchiqueteuse est équipée d’une pince hydraulique pour la reprise des bois. La machine peut absorber des troncs jusqu’à 60 cm de diamètre. Pour de plus grosses grumes, la Cuma de Saint-André-sur-Vieux-Jonc possède un fendeur. Le débit de chantier atteint 60 MAP par heure ce qui nécessite un minimum de deux bennes de 20-25 mètres cubes pour réceptionner et évacuer les plaquettes vers leur lieu de stockage. La machine peut produire des plaquettes de 20 à 100 mm. Pour la litière, un calibre de 30 à 40 mm convient. Pour un usage en chauffage, les plaquettes doivent être adaptées aux vis sans fin qui alimentent les brûleurs. Les plaquettes fraîchement déchiquetées sont stockées à l’abri en tas d’au moins 2 mètres de hauteur. Elles vont alors subir un processus de séchage d’une durée de 4 mois minimum. « À l’intérieur des tas de plaquettes encore humides, un échauffement se produit naturellement avec une montée de la température jusqu’à 70-80 °C, explique Camille Petit. Cette chaleur ne génère aucun risque de combustion. Le tas peut sans danger être installé près de stockage de paille ou de foin ». À la fin du séchage, l’humidité des plaquettes doit être abaissée à 25 %.