FDSEA
« Entreprendre en agriculture, notre projet, notre futur »

Christopher Levé
-

L’assemblée générale de la FDSEA de l’Yonne s’est tenue le jeudi 1er juin, à Perrigny. Un bilan de 2022 a été fait, avant de faire la lumière sur les projets syndicaux à venir pour les prochaines années.

« Entreprendre en agriculture, notre projet, notre futur »
Damien Brayotel, président de la FDSEA de l'Yonne.

« Tous les trois ans, à chaque mandature, l’ensemble du réseau FNSEA est mis à contribution pour rédiger et annoter son rapport d’orientation. Les trois prochaines années seront guidées par cette phrase : « Entreprendre en agriculture, notre projet, notre futur » », introduit Franck Pouillot, secrétaire général de la FDSEA de l’Yonne, lors de l’assemblée générale du syndicat, qui a eu lieu le jeudi 1er juin, à Perrigny.
Plus que jamais, le monde agricole se trouve face à des enjeux cruciaux à relever. Pour y arriver, le renouvellement des générations apparaît de plus en plus comme une priorité. « De 2010 à 2020, nous avons perdu 100 000 agriculteurs en France. Et 40 % des agriculteurs vont partir à la retraite d’ici les dix prochaines années », dresse comme constat Sébastien Neveux, président du canton de Cruzy-le-Châtel. « Nous allons manquer de bras, alors que les défis sont nombreux : climatiques, géopolitiques, économiques et énergétiques », liste-t-il. « Pour autant, l’agriculture est une filière d’avenir. Nous devons rendre les métiers attractifs et ce sera auprès de nos familles, nos voisins, nos partenaires, dans les villes que nous devons aller chercher nos futurs voisins agriculteurs, nos futurs associés et nos futurs salariés ».
Cela passe par la création de projets de développements agricoles, que défend la FDSEA. « Ils sont nécessaires à la modernisation, à la création de richesse, à l’adaptation constante de nos entreprises », assure Damien Brayotel, président de la FDSEA de l’Yonne.
Ce dernier soulève toutefois une problématique. « Qu’il s’agisse de la construction de bâtiments, de chais, l’installation de poulaillers, de méthaniseurs, de photovoltaïque, le stockage d’eau… ils rencontrent systématiquement des levées de boucliers par quelques riverains, mais aussi par certains élus locaux. Les politiques doivent être factuels et prendre en considération autant les porteurs de projets que les opposants. Nous leur demandons de prendre leurs responsabilités et décider ce qu’il y a de mieux pour notre souveraineté, pour nos territoires. La justice ne doit pas être idéologique. Il y a des règles, elles sont respectées par les agriculteurs, elles doivent être respectées par leurs détracteurs ».
Le président poursuit en assurant que « ces défis immenses à relever ne sont possibles qu’avec des partenaires et des élus politiques à l’écoute, prêts à s’engager avec nous ».

Des projets ralentis par les « anti-tout »

Mais le travail du syndicat sur ces sujets n’est pas récent. Il s’agit là d’une continuité. Plusieurs victoires syndicales sont à mettre en avant. « Sur les énergies renouvelables, nous avons réussi, comme nous le proposions, à trouver une voie, qui permette de concilier production alimentaire et production d’énergie. Nous avions travaillé sur la notion de photovoltaïque au sol, avec l’élaboration d’une charte départementale, validée par tous », indique Franck Pouillot. « Demain, nous allons travailler sur la notion d’agrivoltaïsme, qui est une source, aussi, de revenu complémentaire pour un certain nombre d’agriculteurs », ajoute-t-il.
Il y a aussi la mise en place d’un Varenne de l’eau et du changement climatique qui a permis « de réformer en profondeur le régime des calamités agricoles, qui combine désormais un système assurantiel avec celui de la solidarité nationale. Le Varenne a aussi permis de relancer des projets de stockage d’eau, tout en engageant des réflexions sur le territoire, pour accompagner la transition des exploitations », continue Franck Pouillot. « Nous devons le marteler : il n’y a pas d’agriculture sans eau. Le stockage de l’eau est un sujet travaillé depuis longtemps, mais s’il était source de débat, il est devenu source d’affrontements, parfois violents, avec des minorités idéologisées et extrémisées. Nous le répétons : il ne s’agit pas de faire n’importe quoi, ni de le faire n’importe où, mais quand la ressource d’un territoire peut le permettre, nous devons pouvoir engager des projets structurants et adaptés à ce territoire ».
Il y a également un travail mené de longue haleine autour de la méthanisation. « Notre département compte peu de méthaniseurs, mais là encore, dès qu’un projet voit le jour, les « anti-tout » débarquent », s’indigne le secrétaire général.
Enfin (même si la liste est encore longue), il y a le volet de la rémunération des services rendus par les agriculteurs, avec notamment le dossier stockage du carbone. « Car oui, l’agriculture stocke du carbone. La société France Carbon Agri est aujourd’hui opérationnelle et va nous permettre de valoriser les efforts des exploitations agricoles en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Il y a aussi la société Epiterre qui valorise les actions en faveur de la biodiversité menées par les agriculteurs, qui commence à se déployer. Sur l’année à venir, dans l’Yonne, nous allons développer un projet biodiversité au sens large, en partenariat notamment avec le Conseil départemental », conclut Franck Pouillot.
Lors de la seconde partie de l’assemblée générale, une table ronde sur la thématique des « attentes sociétales à l’épreuve de la réalité » a été organisée, avec la participation de Sébastien Windsor (président du réseau Chambres d’agriculture France), Damien Calandre (directeur général de la société Duc) et Dominique Vérien (sénatrice de l’Yonne). L’article est à retrouver en page 20.

FDSEA
Une centaine d'adhérents étaient présents lors de l'assemblée générale.