Salon Euroforest
Découvrir les dernières innovations pour la filière bois-forêt

Ariane Tilve
-

Pour sa huitième édition, les 22, 23 et 24 juin à Saint-Bonnet-de-Joux, en Saône-et-Loire, Euroforest réunit près de 400 exposants originaires de 17 pays pour présenter les dernières innovations en termes de matériels et de services, dans un secteur qui cristallise les attentes. Il est à la fois victime du changement climatique et offre une solution de décarbonation à long terme.

Découvrir les dernières innovations pour la filière bois-forêt
La dernière édition d'Euroforest avait eu lieu en 2018.

Parfait exemple de la vitalité et de la diversité du secteur de la filière forêt-bois, qui emploie en France près de 400 000 personnes, Euroforest ambitionne de rassembler les principaux acteurs, de la plantation à la transformation. Parmi les participants, on trouvera des pépiniéristes, des forestiers privés ou publics, des entrepreneurs des territoires, des exploitants forestiers, des coopératives, des scieurs, des gestionnaires, des scientifiques, des experts, des agriculteurs, des paysagistes ou encore de simples passionnés venus de toute la France. Mais c’est aussi le plus grand salon international de France et le monde entier de la forêt s’y est donné rendez-vous, de République tchèque, d’Allemagne, de Finlande, de Slovénie entre autres. Rassemblés sur 42 000 m² de terrain, à Saint-Bonnet-de-Joux, près de Charolles, en Saône-et-Loire, les stands seront disposés tout au long d’un parcours de près de 3 km dans la forêt privée de Chaumont. On y trouvera les dernières nouveautés techniques de la filière en faveur de l’environnement, avec notamment des équipements de préservation des sols, et des services innovants telle que la fourniture de nouvelles variétés d’arbres, de nouvelles techniques de reboisement et des plateformes numériques pour la gestion forestière.

« Le bon tempo »

Les organisateurs, qui attendent près de 40 000 visiteurs, accueillent en outre une manche du championnat de France de débardage à cheval. Le bûcheronnage sportif fera, lui aussi, son retour sur le salon avec notamment le championnat de France. Ces épreuves seront aussi l’occasion d’observer de près le travail de haute précision, la rapidité des compétiteurs et la performance du matériel. « Ce salon quadriennal a le bon tempo pour suivre les innovations à destination des propriétaires, gestionnaires et exploitants, explique Richard Lachèze, directeur d’Euroforest. Là où on note un vrai changement, c’est sur le petit matériel : les tronçonneuses et débroussailleuses électriques sont de plus en plus puissantes et embarquent des batteries de plus en plus autonomes. Il y aura probablement du nouveau aussi en matière d’élagage. Pour les machines forestières, la grue intelligente dont on avait vu les prémices en 2018 continue son développement. Et l’on attend des annonces de grandes innovations sur les gammes de pinces découpeuses ». C’est bien un événement incontournable pour les exposants aussi.

Réduire la pénibilité des métiers

Des solutions novatrices et des outils pour exploiter les forêts seront aussi présentés, dans les conditions à la fois les plus rentables et les plus respectueuses de l’environnement, tout en améliorant la sécurité et le confort de travail des opérateurs. « Au-delà des innovations techniques, on note une nette tendance en matière de recherche et de développement (R & D) pour réduire la pénibilité des métiers et aller vers une exploitation toujours plus respectueuse des sols : innovation dans le confort et la dextérité pour les machines forestières ; également dans tout ce qui permet de renforcer la surface de portance de la machine, à savoir le nombre de roues, leur largeur, le dessin des pneus, l’utilisation de tracks », ajoute Richard Lachèze. Outre les animations et les stands, le salon propose une série de tables rondes sur les problématiques forestières en privilégiant trois thèmes : le bois-énergie, les métiers forestiers et le changement climatique.

Note de bas de page : www.euroforest.fr

L'adaptation au changement climatique

Jean-François Dhôte, directeur de recherche à l’Inrae, a dressé, à l’occasion d’une table ronde organisée par Euroforest, un état des lieux de la forêt qui, depuis une décennie, subit les impacts du changement climatique alors qu’elle joue un rôle essentiel de « poumon vert » en séquestrant du carbone, et en substituant l’utilisation de matériaux énergivores en énergies fossiles par le bois. Ce matériau permet de sécuriser la captation carbone sur le long terme, contrairement au puits forestier dont l’efficacité diminue dans le temps. Soutenir la productivité de la forêt est donc essentiel, mais comment ? Deux orientations, un peu contradictoires, se présentent : une vision naturaliste qui consiste à ne plus agir en forêt, ou une gestion active en faveur du renouvellement des forêts. « Aujourd’hui, 78 % de nos forêts sont issues de la régénération naturelle. Elles ont déjà connu des événements climatiques extraordinaires et se sont adaptées. Mais avec la vitesse du changement climatique aujourd’hui, le renouvellement naturel n’est plus suffisant. En laissant faire, le risque est que les générations futures voient disparaître nos forêts. La préconisation est d’assister les migrations des essences en augmentant les plantations et en accélérant les programmes de recherche sur les ressources génétiques », estime Jean-François Dhôte. Planter 1 milliard d’arbres en 10 ans, c’est justement l’objectif que s’est fixé le Président de la république. Sylvestre Coudert, président des Experts forestiers de France et du Comité spécialisé de la gestion durable des forêts françaises, a salué l’annonce du gouvernement. Lionel Say, directeur général de la coopérative forestière CFBL, a rappelé que cet objectif nécessite des moyens matériels et humains pour exploiter, planter, entretenir, mais aussi et surtout pour s’assurer que les essences installées perdureront. Les métiers de forestiers ont évolué, ils sont devenus plus complexes avec le changement climatique. Ils nécessitent de la matière grise, qu’il s’agisse de profils d’ingénieurs, de techniciens ou d’ouvriers. « Si l’on veut planter 1 milliard d’arbres, atteindre l’objectif du gouvernement, il faut planter 100 millions d’arbres par an. Aujourd’hui, les pépiniéristes en produisent 50 millions, il faut donc doubler la production », insiste Lionel Say. Ce niveau de production était celui que l’on avait dans les années 1980.

Le programme d'Euroforest

Jeudi 22 juin :

- 10 h 30-midi : Les enjeux du renouvellement forestier en France

- 13 h 30-14 h 30 : La chenille processionnaire du chêne

- 15 heures-15 h 30 : Rencontre avec les entrepreneurs qui digitalisent l’exploitation forestière.

- 15 h 30-16 heures : Innover dans la filière forêt-bois pour répondre aux enjeux environnementaux et souverains

- 16 h 30-17 h 30 : Assurances dommages en forêt privée

Vendredi 23 juin :

- 9 h 30-14 heures : Visite officielle

- 9 h 30-10 h 30 : Face aux changements globaux en forêt, zoom sur l’intelligence collective : méthode innovante adaptée

- 11 h 30-12 h 30 : « Forêt en règle » : un outil pour mieux suivre la réglementation sur les chantiers

- 14 heures-15 heures : Emploi sylviculture

- 15 h 30-17 h 30 : « Forestiers ! Quelles réactions face au changement climatique ? »

- 17 h 30-18 heures : Remise de prix par des membres de la Légion d’honneur à de jeunes méritants de la filière bois

Samedi 24 juin :

- 10 h 30-midi : « Forestiers : climat, plantations, société… Quelles forêts demain pour répondre aux défis ? »

- 14 heures-15 heures : Conférence avec le Conseil départemental de Saône-et-Loire.