Assurance récolte
L'importance d'assurer ses prairies

Berty Robert
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La réforme de l’assurance récolte ambitionne, en particulier, de conduire les éleveurs à s’assurer. Mais il faut pouvoir évaluer de manière précise les éventuelles pertes en ressource fourragère

L'importance d'assurer ses prairies
L'assurance multirisque climatique fonctionne selon des règles très incitatives, notamment envers les éleveurs.

François Schmitt, le président de Groupama Grand-Est le précisait dans une interview qu’il nous avait accordée en octobre 2022 : l’un des grands enjeux de la réforme de l’assurance multirisque climatique (MRC) ; entrée en vigueur le 1er janvier, était d’amener plus d’éleveurs à s’assurer. La difficulté étant qu’évaluer la perte de production sur une prairie, en raison d’une sécheresse, par exemple, est plus compliqué que pour un champ de blé. Le seul moyen d’évaluation existant aujourd’hui est basé sur l’Indice de production des prairies (IPP) ou indice « Airbus » parce qu’il est mesuré par un satellite conçu par l’avionneur européen. Un indice qui fait parfois débat, c’est la raison pour laquelle François Schmitt précisait qu’« aux observations satellitaires, on ajoute des observations de stations de Météo-France sur les températures ». Il évoquait aussi la mise en place d’un réseau de fermes tests, sur tout le territoire, grâce auquel on pourrait lier les mesures scientifiques sur le terrain et la lecture de l’indice IPP. Le satellite Airbus doit mesurer le rendement en herbe entre février et novembre. L’outil sera capable de mesurer parcelle par parcelle, sans doute avec une marge d’erreur mais qui s’annonce en forte diminution par rapport à ce qui existait jusqu’à présent. Le Fonds de solidarité national (FSN) mis en place par l’État apportera une meilleure lisibilité :

- la culture n’aura pas besoin d’être située dans une commune déclarée sinistrée par le Comité national de gestion des risques en agriculture (CNGRA) et le seuil d’intervention sera commun pour toutes les cultures d’une même filière

- l’évaluation des pertes via l’indice de pousse de l’herbe permettra de réaliser les évaluations et les indemnisations plus rapidement.

Subventionnement augmenté

Pour les éleveurs il y aura nécessité de trouver le bon réglage entre besoin en alimentation de l’exploitation et coût du contrat d’assurance. L’assurance devient un outil stratégique de pilotage de l’entreprise. Pour les non-assurés, l’État n’interviendra pas avant 30 % de pertes alors que pour les assurés, ce niveau d’intervention pourra être réduit à 20 % de franchise. Avec le FSN, en cas de pertes supérieures à 30 %, les éleveurs assurés pourront prétendre à une indemnisation pouvant atteindre 100 %. Il faut aussi garder à l’esprit que le subventionnement de l’assurance récolte passe, avec la réforme, à 70 %, et ceci dès 20 % de franchise. On est donc sur un système clairement incitatif. Groupama Grand-Est rappelle d’ailleurs que depuis 2003, les épisodes de sécheresse se sont accélérés entraînant d’importantes pertes de production d’herbe. 2022 a été particulièrement difficile pour la filière élevage. La sécheresse et plusieurs épisodes de canicule ont brûlé les prairies mais également impacté les rendements de maïs fourrage obligeant les éleveurs à recourir à leurs stocks prématurément ou à acheter de l’aliment complémentaire. Une situation qui a contraint certains exploitants agricoles à vendre une partie de leurs animaux faute de pouvoir les nourrir à cause du manque du fourrage. Dorénavant, en cas d’aléa climatique venant réduire le volume d’herbe produit par les prairies, tous les éleveurs et polyculteurs-éleveurs peuvent bénéficier du nouveau régime d’indemnisation :

- Si vous faites le choix de vous assurer, en cas de pertes de volume d’herbe par rapport à votre production de référence supérieure à la franchise choisie (20 ou 25 %), alors l’assurance se déclenche automatiquement.

- Pour un non-assuré, en cas de pertes supérieures à 30 %, seulement 45 % des pertes au-delà de ce seuil seront indemnisées en 2023, 40 % en 2024, et 35 % en 2025.