Gestion 2/2
Des résultats rapides

Chloé Monget
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Suite au premier volet de l’histoire de Jean-Marc Bertrand (voir TDB n° 1768), il poursuit ses explications, axées cette fois-ci sur son cheptel bovin.

Des résultats rapides
Jean-Marc Bertrand, à gauche, et Jérôme Poingt, à droite, dans l'exploitation de la Folie. Pour contacter Jérôme : 06 33 63 71 86 ou pour Alsoni Conseil Élevage antenne 58 : Stéphanie Moreau, responsable, à smoreau@alsoni.fr ou au 06 33 63 69 23.

Après avoir expliqué son choix de réduire la taille de sa structure (voir TDB n° 1768), Jean-Marc continue à raconter son histoire, en s’attachant à son cheptel bovin. Comme expliqué précédemment, il pointe qu’avec la restructuration de son exploitation : « j’ai retrouvé goût à mon métier et me suis intéressé, plus en avant, à la conduite de mes bovins que j’avais un peu négligé par manque de temps ».

Ainsi, durant ses visites à la Ferme de la Folie pour le suivi de la troupe ovine, Jérôme Poingt (technicien Alsoni et pointeur agréé en race Charolaise et Limousine) jetait toujours un œil sur les bovins, et tentait de montrer à Jean-Marc l’intérêt d’une adhésion au contrôle de performances pour son cheptel. Un jour, Jean-Marc, saute le pas : « c’était le seul atelier sur lequel je n’avais pas fait de changement et je suis arrivé à la conclusion que si l’exploitation évoluait, je devais aussi modifier ma gestion de celui-ci. En plus, Jérôme étant passionné par son métier, il est difficile de ne pas être contaminé par cette passion ». Jean-Marc adhère au contrôle de performances pour les bovins en 2021. Jérôme Poingt insiste : « L’évolution en trois ans est remarquable ».

En chiffres

Ainsi, Jérôme Poingt, détaille : « depuis le début du suivi sur les 40 Charolais de l’exploitation, la mortalité à la naissance est passée de 8 % en 2021 à 2,6 % en 2023 (contre 5,3 % de mortalité à la naissance pour la race). Outre cela, nous notons une amélioration de l’intervalle vêlage-vêlage (IVV) avec un passage de 367 en 2021 à 353 jours en 2023. On relève également un ratio de naissances plus important que le nombre de vaches – synonyme de la bonne santé du cheptel à mon sens ». Côté période de vêlage, Jean-Marc martèle : « C’est la première fois en 40 ans que les vêlages se déroulent du 5 novembre au 10 janvier » et d’ajouter : « comme je suis seul à travailler dans l’exploitation (avec un coup de main de mon père de temps en temps), ce regroupement est primordial pour assurer mes autres missions, notamment pour les brebis ». Outre cette avancée, Jérôme en pointe une autre : « cette année, il n’y a pas eu de césarienne ou d’épisiotomie ». Jean-Marc s’amuse d’ailleurs : « Mes vétérinaires m’ont contacté pour savoir si je n’avais pas arrêté tellement c’est inédit. Habituellement je compte environ 5 césariennes et 5 épisiotomies ! » et ajoute : « C’est aussi le premier hiver où je ne suis pas physiquement fatigué… je pense clairement que cela est lié ». Question poids, là aussi des améliorations sont relevées, Jérôme les liste : « les veaux mâles sont à 200 kg environ à 120 jours (contre 183 kg pour la moyenne raciale ou m.r.) avec une performance hivernale d’1kg 150 environ. Au sevrage, ils atteignent environ 340 kg (contre une m.r. de 306 kg). Les femelles sont, elles, à 190 kg à 120 jours (contre 170 kg pour la m.r.) avec un poids montant jusqu’à environ 190 kg à 120 jours (contre 170 kg pour la m.r.) et 310 kg au sevrage (contre 265 kg pour la m.r.) ». Au final, avec les critères techniques suivants : IVV, conditions de naissances et taux de mortalité, Jérôme calcule un gain de 1 556 euros pour l’exploitation par rapport aux objectifs.

Les leviers

Afin d’arriver à ces résultats, un levier particulier a été ajusté : la ration. Jean-Marc développe : « autrefois, je ne me souciais pas vraiment des apports ». Avec des analyses sur les fourrages et les fumiers ainsi qu’un ajustement des rations passant d’environ 2,5 kg à 1,5 kg de concentré au total, Jérôme explique : « nous avons axé les travaux sur la préparation aux vêlages notamment avec l’ajout de chlorure dans les rations et un bon équilibre azote /énergie/UF ». Jean-Marc rajoute : « 2023 est la première année où j’intègre 90 g de chlorure / vache / jour afin d’aider l’apparition des contractions. Un sac vaut 15 euros environ, et je fais largement toutes mes vaches pleines avec. Qu’est-ce que 15 euros, face aux grandes retombées positives ? C’est la première année sans césarienne ou épisiotomie, j’en tire donc des conclusions ». Jérôme complète : « nous avons aussi adapté les rations en fonction du stade physiologique (au 1er mois de lactation, au 3e mois de lactation en prévision d’une remise à la reproduction, et une ration spécifique pour les 30 mois) ». Le choix des taureaux fut aussi déterminant selon Jean-Marc : « Jérôme conseille les plus adaptés à mon cheptel. Pour la suite, nous allons continuer à travailler la génétique afin de gagner un peu en gabarit ». Jean-Marc conclut : « Je me suis installé juste après mes études. Je pense qu’un accompagnement technique tout au long d’une carrière est nécessaire. À mon sens, c’est une contrainte minime face à la valeur des retombées. Je ne pensais pas modifier ma structure autant que cela. Mais, ces changements ont permis à ma société, et à moi, de sortir de l’eau et, en plus, de l’embellir ! Dans cette veine, je remercie Alsoni et ses techniciens pour leurs conseils, la banque qui a su me faire confiance lors de la restructuration ainsi que la Safer lors de la division de mon exploitation. J’ai pris un risque et je ne regrette pas ».

Contrôle de performances
Aucune épisiotomie ou césarienne ne sont à déplorer sur l'exploitation cette année pour le cheptel bovins.

Contrôle de performances

Pour rappel, les éleveurs nouvellement adhérents au contrôle de performance seront aidés financièrement au cours de leurs trois premières années d’adhésion pour faire progresser le potentiel génétique de leur troupeau. Ce contrôle permet pour l’éleveur : l’optimisation de la conduite et l’amélioration de la génétique du troupeau grâce à des indicateurs fiables et certifiés ; un point de comparaison objectif des résultats à ceux d’autres élevages pour progresser ; une meilleure valorisation des animaux d’élevage.