Vitipastoralisme
Des moutons dans les vignes

Christopher Levé
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Le mercredi 24 janvier a eu lieu un après-midi Innov'action, organisé par la Chambre d'agriculture de l'Yonne et Alysé, pour mettre en avant le vitipastoralisme, un procédé qui consiste à mettre des moutons dans les vignes, pour l'entretien du sol, comme cela ce fait au domaine Dominique Gruhier, à Épineuil, où s'est tenu ce rendez-vous. 

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Le 24 janvier a eu lieu un après-midi Innov'action sur le vitipastoralisme, à Épineuil.

C’est la deuxième année que Dominique Gruhier, viticulteur à Épineuil, met des moutons dans l’une de ses parcelles de vignes. « J’ai deux moutons mis à disposition par un éleveur de l’Yonne », confirme-t-il. « J’en avais déjà l’année dernière, plus par plaisir, dans un petit verger », sourit-il. « Mais une fois qu’ils avaient mangé tout ce qu’il y avait à manger dans le verger, on s’est dit qu’on allait les mettre dans les vignes, pour qu’ils ne manquent pas de nourriture. Et ils ont fait un superbe travail, qui nous a convenu parfaitement. On a donc décidé de reconduire cela cette année ».
L’an dernier, les moutons ont brouté l’herbe dans un hectare de ses vignes. « Ils sont restés quatre mois, de la fin de l’automne et durant la période hivernale. On sort les moutons de la vigne avant qu’elle débourre », explique Dominique Gruhier.
Ce dernier l’assure, il aime le fait d’avoir des animaux dans ses vignes. « J’aime cette relation entre le végétal, l’homme et l’animal ».

Un passage en intercep en moins

Mais bien plus que cette relation, il y a des avantages à avoir des moutons dans des parcelles de vignes. « Le but à travers cela est d’entretenir le sol. Pour pouvoir faire venir des moutons, il est bien évidemment nécessaire d’avoir un couvert végétal dans la vigne. Ici, on est sur de l’enherbement classique », continue-t-il. « Cette régulation de l’herbe a aussi un avantage en ce qui concerne l’aspect esthétique. Les vignes étaient très belles en sortie d’hiver. Et il y a les excréments qui peuvent apporter de la matière organique au sol et aider à activer la vie du sol. Mais cela reste à confirmer. Des analyses seront faites pour observer cela. Là, il est trop tôt pour pouvoir l’affirmer ».
D’un point de vue pratique, les deux moutons ont permis au viticulteur, l’an dernier, d’économiser un passage en intercep. Mais il l’affirme, « si on veut passer à la vitesse supérieure, il faudra que l’on fasse appel à un prestataire extérieur. J’aimerais accueillir entre 15 et 25 brebis, pour rester avec un cheptel à taille humaine. Cela pourrait se faire dès l’année prochaine en fonction des disponibilités du ou des prestataires ».
Dominique Gruhier n’est pas le seul à mettre des animaux dans ses vignes pour l’entretien du sol. « Certains mettent des petits cochons dans leurs vignes, ce qui fonctionne visiblement aussi très bien. D’autres ont expérimenté avec des poules, mais il faut pouvoir gérer la pression des renards ». En ce qui concerne les moutons, il y a bien évidemment le risque d’attirer le loup, déjà bien implanté dans le Tonnerrois, qui cause chaque année des dégâts. Pour l’heure, Dominique Gruhier n’a pas été confronté à cette problématique, mais est bien conscient que l’animal est présent. « On sait qu’il est là, dans le secteur », confirme-t-il.
Il préfère toutefois se concentrer sur l’efficacité des moutons et sa joie, comme précédemment dit, d’avoir des animaux dans l’une de ses parcelles.

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Les moutons servent à entretenir le sol dans la vigne, en gérant la quantité d'herbe entre les ceps.