FDSEA/JA
Dans l'Yonne comme à Paris, ils n'ont rien lâché

Christopher Levé
-

Après huit jours de mobilisation, portée par la FDSEA et les JA, les agriculteurs icaunais ont regagné leurs fermes, suite aux dernières annonces du gouvernement (lire en page 10). Retour sur les derniers jours de cette mobilisation, dans l'Yonne et jusqu'aux portes de Paris.

Manif
150 tracteurs et 300 agriculteurs étaient présents sur l'A5, du mardi 30 janvier au jeudi 1er février.

Entre le jeudi 25 janvier et le vendredi 2 février, la mobilisation des agriculteurs, un peu partout en France, a fortement animé l’actualité du pays. Dans l’Yonne, c’est sur les autoroutes A6 et A19, au niveau de Nitry et de Villeroy, que des blocages se sont organisés les premiers jours. Un mouvement porté par la FDSEA de l’Yonne et les JA 89. Insatisfaits par les premières annonces du gouvernement, les agriculteurs icaunais ont décidé d’élever la voix. Et pour mieux se faire entendre, c’est aux portes de la capitale qu’ils ont choisi de se rendre, le mardi 30 janvier, sur l’autoroute A5, à hauteur d’Ourdy, plus précisément, accompagnés d’agriculteurs de l’Aube, de la Seine-et-Marne et de la Haute-Saône. Là-bas, 150 tracteurs et 300 agriculteurs (dont un tiers de l’Yonne) ont pris place pendant trois jours. Trois jours nécessaires, jusqu’aux nouvelles annonces du Premier Ministre, Gabriel Attal (lire en page 10).

Des plateformes logistiques bloquées

Dans le même temps, les actions n’étaient pas pour autant terminées dans l’Yonne. À Avallon et à Villeroy, des agriculteurs ont bloqué l’accès à deux plateformes logistiques (Schiever et Iris Logistique), dans la nuit du mercredi 31 janvier au jeudi 1er février, pour « viser le symbole de la filière agroalimentaire, dont on est le premier maillon de la chaîne », explique Charles Baracco, président des Jeunes agriculteurs de l’Yonne. « On n’était pas là pour pointer du doigt tel ou tel acteur. Les contrôles de la loi Egalim (promis par le gouvernement, avec de fortes pénalités pour ceux qui ne la respecteraient pas, ndlr) montreront qui joue ou ne joue pas le jeu. Notre objectif était symbolique, pas dénonciateur », précise-t-il.
Le jeudi, dans la journée, les agriculteurs mobilisés à Villeroy se sont ensuite rendus sur un rond-point, à Sens, afin de bloquer les entrées du Leclerc. Ces derniers ont les directeurs du magasin avec qui ils ont eu des échanges sur les problématiques entre les producteurs et la grande distribution concernant les négociations commerciales.
Même chose à Avallon où les agriculteurs ont pu dialoguer avec les représentants de Schiever.

Une belle solidarité du monde agricole

Tous et toutes ont regagné leurs fermes entre le jeudi 1er et le vendredi 2 février. Après huit jours de mobilisation, Charles Baracco retient « la belle solidarité entre les agriculteurs. On a vu une mobilisation inédite. C’est à la fois satisfaisant et déconcertant car de voir autant de gens dans la rue, cela montre une vraie inquiétude de la part du monde agricole », confie-t-il. « J’espère vraiment que le gouvernement, au-delà des annonces qui ont été faites, a pris en compte le profond malaise qu’il y avait chez les agriculteurs. Et qu’à partir de là, on pourra écrire, tous ensemble, une nouvelle page de l’histoire du pays ».
Ce dernier se montre optimiste, surtout lorsque l’on constate que près de 90 % de la population a soutenu le mouvement. « C’est encourageant. Je pense que l’on est capable d’être face à nos responsabilités, on l’a montré à différents moments, comme durant la pandémie où on a toujours travaillé. Si on se met tous face aux enjeux de demain et si on tire tous dans le même sens, on fera de belles choses. Cela passera bien sûr par une concrétisation du soutien à travers les actes d’achat. Plus qu’un acte d’achat, c’est un acte citoyen », conclut le président des JA 89.

NOTE : Retrouvez l’ensemble de nos vidéos et images de cette mobilisation historique sur notre site internet agribourgogne.fr ainsi que sur nos différents réseaux sociaux (Facebook, Instagram et X).