Le temps des derniers jours a permis à bon nombre d'agriculteurs de semer. Dans des conditions forcément difficiles.
Bon, c'est en terre et c'est déjà ça. « Il y a encore quelque temps, je me demandais si j'allais pouvoir semer cette année. Pour le blé, c'est fait ! », lance Julia Sagetat, rencontrée la semaine dernière dans l'une de ses parcelles. La tâche n'a pas été aisée pour la jeune femme installée en 2017 : « j'avais prévu des câbles et ça n'a pas raté… Je me suis embourbée plusieurs fois et il a fallu un second tracteur pour me sortir de là. Ces conditions sont inédites avec toute cette eau, je n'étais pas trop rassurée quand j'avançais. Je dirais même que c'est assez stressant ! Il y a beaucoup d’ornières, même dans les champs où, normalement, ça devait passer assez facilement ».
Soulagée, mais pas pleinement
Les semis de blé de Julia Sagetat sont aujourd'hui réalisés, mais pas à 100 % : « effectivement, environ deux hectares ne le seront pas, c'est bien trop humide et je ne vais pas risquer d'y aller… Il y a tellement d'eau que rien ne changera ces prochains jours, ni ces prochaines semaines. En revanche, il n'est pas impossible que je sème à la volée. Oui vous avez bien entendu, à la volée ! ». Quatre autres hectares de blé ne seront pas non plus semés comme prévu initialement : « il s'agit d'une parcelle qui est encore en trèfle incarnat. J'ai fait le choix de le laisser tel quel, plutôt que prendre des risques et ne pas pouvoir semer du blé. Ce trèfle a été récolté très tard cette année, déjà à cause des conditions difficiles. Normalement, cette culture se fauche une fois, mais elle était déjà en graines quand je suis passée et il n'est pas impossible que mon champ soit encore tout rouge au printemps prochain ! ». Pour ses champs semés, la Côte-d'orienne attendra une levée « digne de ce nom » pour crier victoire : « en effet, comme tous les ans, il y a le risque des dégâts de gibier, pour ne pas dire sangliers. Il y a très souvent des coups de nez dès le lendemain des semis, je verrai bien… D'ailleurs, ici, je ne mets que des blés barbus pour limiter la casse à l'approche de la moisson ».
Autres cultures
Julia Sagetat s'apprêtait aussi, la semaine dernière, à préparer ses champs d'orge d'hiver. Mais cette culture avait elle aussi son lot d'incertitudes : « les terres concernées sont argileuses et non labourées à ce jour, je ne sais vraiment pas ce que cela pourra donner… ». Première culture de sa nouvelle campagne, le colza, lui, a été semé dans des conditions beaucoup plus favorables, la veille de la fête du Charolais à Saulieu : « il est très beau à ce stade ou non, je vais dire beau, tout simplement ! En effet, des limaces ont mangé un mètre de plantes tout autour de ma parcelle. Il ne restait plus rien et j'ai resemé à la volée… C'était peut-être un entraînement pour le blé ! ».