Biodiversité
« Notre meilleure assurance vie face au changement climatique »

Propos recueillis par Christopher Levé
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Sarah El Haïry, secrétaire d’État chargée de la biodiversité, était à Joigny le mardi 29 août, pour visiter l’école élémentaire Marcel Aymé, dont la cour de récréation a été renaturée.

Biodiversité
Sarah El Haïry, secrétaire d'État chargée de la biodiversité, était à Joigny, le mardi 29 août (photo Thierry Bret).

Pourquoi cette visite dans une école élémentaire à Joigny ?

Sarah El Haïry : « La biodiversité est notre meilleure assurance vie face aux effets du changement climatique. Nous remarquons tous ses effets, accentués par l’imperméabilisation des sols. En période de forte chaleur, le phénomène d’îlots de chaleur touche ainsi les cours d’école, souvent bitumées et avec peu ou pas de plantations. Or il peut y avoir jusqu’à 10 °C de différence entre un espace bitumé exposé au soleil et une zone renaturée avec de la végétation et moins de surfaces minérales. L’épanouissement des élèves est aussi au cœur du projet. Les effets positifs de la nature sur les élèves et leur capacité d’apprentissage ont été démontrés. Il n’y a pas de petites actions, chaque geste compte et chaque cour d’école est un espace qui peut être renaturé pour augmenter la présence de la nature dans la ville.
La cour de l’école de Joigny est un lieu de proximité et du quotidien, appartenant à la commune. Il constitue un terrain d’action idéal pour montrer la complémentarité des projets communaux et du soutien qu’apporte l’État avec les subventions des Agences de l’eau ou celles du fonds d’accélération de la transition écologique dans les territoires, dit “Fonds Vert” ».

Quel est l’objectif de ce « Fonds Vert » lancé en juin 2022 par Madame la première Ministre ?

SEH : « Le “Fonds Vert” est un dispositif inédit permettant de soutenir nos élus locaux pour accélérer le déploiement de la transition écologique au plus près du quotidien des Français. Il permet notamment de renaturer nos villes et villages et d’offrir des solutions pour lutter contre l’étalement urbain. C’est bon pour la nature, les habitants et nos enfants. On a noté un fort engouement en 2023 pour le “Fonds Vert”. La Première ministre a annoncé sa pérennisation, et il sera doté l’année prochaine de 2,5 milliards d’euros. Ce sont les préfets qui, au plus près du terrain, décident du financement des projets présentés par les collectivités territoriales et leurs partenaires publics ou privés ».

Selon vous, quels impacts positifs peut avoir la biodiversité sur le changement climatique ?

SEH : « Climat et biodiversité sont les deux faces d’une même pièce et sont donc indissociables. Je rappelle que le changement climatique est la troisième cause d’effondrement de la biodiversité. La nature est dans le même temps notre meilleure alliée, pour capter du carbone et limiter les effets du changement climatique. Prévention des inondations, limitation des sécheresses, ou encore rafraîchissement pendant les canicules… la nature nous protège face aux dérèglements environnementaux ».

Quelle est la politique de l’État en ce qui concerne les actions en faveur de la biodiversité ?

SEH : « La biodiversité est au cœur de nos politiques publiques, en lien avec les élus locaux. Pour ce faire, je dispose d’une feuille de route claire et ambitieuse avec la Stratégie nationale Biodiversité, mais aussi avec le Plan eau. L’enjeu, c’est de faire converger les énergies en mettant tout le monde autour de la table et d’agir. Nous pouvons avoir des désaccords, mais nous partageons le même objectif : mettre fin à l’effondrement du vivant et inverser la tendance. Le temps n’est donc plus au constat et au questionnement. L’enjeu maintenant, c’est d’obtenir des résultats concrets. Cela nécessite la mobilisation du plus grand nombre : citoyens, État, collectivités locales, industrie, agriculture, etc. Nous sommes tous concernés et chaque geste compte ».