Patrimoine
Coulanges-la-Vineuse : un village qui a traversé les époques

Christopher Levé
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Coulanges-la-Vineuse est un village qui regorge de joyaux. Outre le pressoir viticole dont nous vous avons comté l’histoire il y a deux semaines, se trouvent également deux morceaux d’histoire qui ont traversé les époques : la maison Jeanne d’Arc et la maison aux cariatides, datant de la Renaissance.

Coulanges
La maison aux cariatides, dites aussi la "maison Renaissance", se trouve au coeur de Coulanges-la-Vineuse.

Nous retrouvons une nouvelle fois Élisabeth Lips, adjointe à la mairie de Coulanges-la-Vineuse. Cette dernière nous racontait déjà, il y a deux semaines, la belle histoire du pressoir viticole, ayant traversé les années. Mais comme le village était loin de nous avoir livré tous ses secrets, nous avons décidé d’y retourner. Et cette fois-ci, deux bâtisses nous intriguent.
La première est la maison Jeanne d’Arc. « C’est une maison du XVe siècle, de la fin du Moyen-Âge, qui présente une façade architecturale avec des fenêtres à meneaux, ainsi que des volumes et des styles architecturaux liés à cette époque, avant la Renaissance », décrit Élisabeth Lips. « Au-dessus de la fenêtre supérieure, sur le linteau, on remarque une devise, écrite en lettres gothiques, qui serait celle de l’étendard de Jeanne d’Arc : « Jesus Maria Joseph Amen » ».
Alors, pourquoi ces mots sont-ils inscrits sur cette maison coulangeoise ? La raison est simple. Selon la légende, Jeanne d’Arc, cheffe de guerre et Sainte de l’Église catholique (surnommée « la Pucelle »), aurait passé une nuit dans cette maison, en juin 1429 lors de son périple en Bourgogne.
Toujours selon la légende, Jeanne d‘Arc avait réussi à convaincre le Roy de France Charles VII d’aller à Reims. En le rejoignant depuis Gien, elle passa devant Coulanges. Mais la cité fortifiée était alors tenue par les Bourguignons. Jeanne d’Arc se présenta donc devant les murs de la cité pour intimer l’ordre aux habitants de se rendre au Roi. Ce que convint la population sans révolte après négociation.

La « maison Renaissance »

Quelques rues plus loin, nous faisons un bon dans le temps, d’une bonne centaine d’années, pour observer la maison aux cariatides, ou plus communément appelée la « maison Renaissance ». « Elle est de style italienne, avec une façade de 1561, c’est-à-dire la fin du XVIe siècle. On voit encore la date sculptée sur la façade », assure Élisabeth Lips.
Sur cette façade, justement, sont sculptés des cariatides (représentations de personnages féminins) et des atlantes (représentations de personnages masculins).
À l’intérieur, on retrouve un plafond peint du XVIIe siècle, « qui fait preuve de la richesse de la famille qui habitait dans cette maison », précise l’adjointe à la mairie de Coulanges. Il s’agissait Edmée Leclerc, qui était le secrétaire royal de feu la Reine Mère Anne d’Autriche, et de sa femme Léonarde Pilleron, une riche coulangeoise. « Ce plafond a été réalisé à l’occasion de leur mariage. On peut voir encore leurs deux portraits sur la grande poutre centrale, ainsi que des scènes allégoriques et mythologiques, qui permettent de retracer le style de l’époque ».
Ce qui permet également de dater ce plafond, ce sont les tulipes représentées à plusieurs reprises sur et entre les poutres. « La tulipe, à cette époque, était le symbole de la richesse notamment à la cour royale », continue Élisabeth Lips. « On retrouve aussi des monogrammes entrelacés d’Edmée Leclerc et de Léonarde Pilleron, ainsi que toute une succession de fleurs et de végétations sur ces poutres ». Ce plafond peint peut être comparé à des plafonds et des peintures murales que l’on retrouve au château d’Ancy-le-Franc.
À l’origine, le bâtiment n’était qu’une seule et même propriété. Au fil des années, il a été divisé en deux parties, dont l’une appartient désormais à un privé. L’autre appartient à la commune, depuis les années 1960-1970. « On a quelques documents notariés qui permettent de retracer l’histoire du bâtiment et de leurs propriétaires jusqu’au XIXe siècle. Ce bâtiment a fait l’objet de successions, de ventes, pour finir par devenir la propriété de la commune ».
À l’avenir, la commune souhaite faire restaurer ce plafond (qui s’effrite partiellement, laissant s’écrouler certaines parties) et surtout attribuer une nouvelle affectation à cet espace, « en faire peut-être, et c’est au conditionnel, un musée de l’histoire de Coulanges-la-Vineuse ».