Environnement
Le Ludicompost de "Mamie Chaussettes"

Berty Robert
-

À Chevigny-Saint-Sauveur, près de Dijon, Annick Mathieu, plus connue sous le surnom de « Mamie Chaussettes » a décidé de faire réfléchir les enfants sur les efforts, au sens propre, à faire pour préserver la planète : sa machine à compost réclame de l’huile de coude, mais c’est pour la bonne cause !

Le Ludicompost de "Mamie Chaussettes"
Annick Mathieu (au centre) le jour de l'inauguration du Ludicompost à la Ferme du Château de Chevigny-Saint-Sauveur.

Depuis le 10 juin, aux abords des serres de la Ferme du Château, à Chevigny-Saint-Sauveur, près de Dijon, se dresse une drôle de machine : le Ludicompost fait penser à une sorte de grosse machine à laver, qu’on actionne avec une manivelle. Mais là, pas de linge immaculé : l’engin sert à recycler des déchets organiques pour en faire du compost naturel. Il ne va pas en produire des quantités industrielles mais l’essentiel est ailleurs : il s’agit en fait d’une machine à visée pédagogique destinée à faire prendre conscience aux enfants de la nécessité de protéger la nature. Et comme cela réclame des efforts, les concepteurs du Ludicompost ont estimé que les enfants qui l’utiliseraient devraient aussi en produire, et du physique ! Les déchets de culture que la Ferme du Château peut produire sont placés dans le cœur de la machine qu’il faut ensuite actionner avec une manivelle, pour espérer récupérer, au bout de trois mois, le précieux amendement. De l’huile de coude et de la patience : il n’en fallait pas plus pour que le symbole d’une planète préservée grâce aux efforts des uns et des autres soit posé. Tout cela, on le doit à Annick Mathieu, ou plutôt « Mamie Chaussettes ». Cette figure bien connue de Chevigny-Saint-Sauveur préside l’association Un enfant peut sauver un arbre dont l’objet est la préservation de l’environnement en s’appuyant sur les jeunes générations. Son surnom vient de son initiative de collecter des chaussettes d’enfants pour financer la plantation d’arbres.

« On parle beaucoup mais on fait peu »

Avec son idée de Ludicompost, elle est allée plus loin dans la logique en entraînant dans ce projet des élèves du lycée Saint-Joseph-La Salle de Dijon qui ont trouvé là un excellent terrain pour se faire la main dans la conception et la réalisation mécaniques. « J’ai voulu inventer cette machine, explique Annick Mathieu, parce que je trouve qu’en matière de protection de la nature, on parle beaucoup, mais on fait peu. Je voulais faire quelque chose qui se voit et qui se dise… » Sa rencontre avec Jérôme Hugo, chef des travaux au lycée Saint-Joseph, aura permis le démarrage du projet. Au final, 14 enseignants s’engagent, en 2019, dans l’aventure avec leurs étudiants. Menuiserie, tôlerie, soudure, mécanique, chaudronnerie, usinage, maintenance, électrotechnique… tout le monde a convergé dans la même direction, malgré les affres du Covid. « Avec Olivier Père, le gérant de la Ferme du Château, il était intéressant de mettre en place ce partenariat » poursuit Annick Mathieu. « J’espère que cet outil pédagogique sera mis à profit par de nombreux établissements scolaires pour faire prendre conscience de la nécessité de protéger une planète sur laquelle nous vivons tous… »