Christophe Lechenault, président du pôle élevage de la Chambre d’agriculture et Jérôme Cap, président de la commission bovins viande de la FDSEA, évoquent le sujet de la contractualisation en viande bovine.

La contractualisation et ses enjeux
Christophe Lechenault

La contractualisation en viande bovine est devenue obligatoire depuis le 1er janvier pour un certain nombre de catégories d’animaux. Cette application de la loi Égalim, très rapide et généralisée peut soulever beaucoup de questions auprès des éleveurs qui ne trouvent pas toujours de réponses appropriées. Christophe Lechenault, président du pôle élevage de la Chambre d’agriculture, rappelle que la contractualisation n’est plus une option : « Elle est possible depuis longtemps et personne ne l’appliquait. Aujourd’hui, elle est devenue une obligation pour tous les acteurs de la filière et pourtant, cela continue, tout le monde en parle mais personne ou presque ne l’applique. Faute de communications officielles auprès des éleveurs de la part de l’administration, les rumeurs vont bon train ». Pour l’éleveur de Saint-Thibault, « trop de fausses informations circulent dans les exploitations » : « il y a beaucoup de préjugés et beaucoup de mauvaise volonté de la part de ceux qui ne croient pas, ou qui ne tiennent pas à la mise en place de cette loi. La mise en place de la contractualisation s’est faite rapidement et elle remet en question un fonctionnement historique. Il est donc important que les éleveurs puissent avoir une information juste sur ce que dit la loi, sur le fonctionnement du contrat, sur la construction du prix dans la contractualisation. Pour cela, tous les partenaires habituels sont au rendez-vous pour répondre aux questions des éleveurs et les aider à construire leur proposition de contrat ». Christophe Lechenault insiste sur le fait que la contractualisation n’est plus une option : « plus de 50 % des cheptels sont détenus par des plus de 50 ans et le renouvellement des générations, la reprise des élevages ne se fera pas sans une assurance sur les prix pour nos jeunes. Et cette assurance, c’est le contrat ».

Sécuriser les élevages

Pour Jérôme Cap, président de la commission bovins viande de la FDSEA, la pertinence de la contractualisation, avec un prix payé qui tient compte des coûts de production, « n’est plus à démontrer » : « Oui, les prix des animaux montent et il était temps ! Cependant, les charges montent en flèche également et notre marge ne sera pas meilleure cette année, malheureusement. Oui, cela remet en cause nos habitudes de travail, celles de nos acheteurs et de l’ensemble des acteurs de la filière. Et alors ? La situation n’est non seulement plus tenable pour nous mais ne le sera bientôt plus pour les autres maillons ». L’éleveur de Sincey-lès-Rouvray rappelle que les effectifs d’animaux sont au plus bas et que « cette situation va s’aggraver de plus en plus si nous ne sommes pas rémunérés » : « sans nos animaux, la filière n’existe pas. C’est ce que viennent enfin de réaliser certains grands opérateurs qui comprennent aujourd’hui que pour continuer à produire, nous devons gagner notre vie. Nous espérons, que malgré les discours anti-contrat, cette contractualisation va se déployer, permettre une stabilisation de la situation et surtout nous permettre d’être payés au juste prix ».

 

Jérôme Cap.

Où trouver l’information ?

Plusieurs options sont ouvertes : la FDSEA propose des « ateliers contrats » (2 heures environ) qui permettent de comprendre les grands principes de la contractualisation, les éléments du contrat et la construction du prix. La Chambre d’agriculture prévoit la mise en place de formations (7 heures) pour comprendre la loi Égalim, travailler sur la construction d’un contrat et avoir une approche des coûts de production. Les éleveurs peuvent contacter à tout moment leurs conseillers habituels : Claire Schwick (FDSEA) au 06 24 67 76 83, Valentine Navereau et Vincent Doal (Chambre d’agriculture) au 03 80 90 89 09, Carole Aubert et Élodie Heliot (Elvea) au 03 80 49 67 12.

 

Quelques points clés

« La contractualisation risque de m’empêcher de bénéficier d’une embellie du marché »

Faux : la loi prévoit la possibilité d’inscrire une formule de prix dans le contrat qui permet de sécuriser le prix en prenant en compte le coût de production mais également une référence à l’évolution du marché.

« Il est impossible de prévoir les quantités qui seront vendues sur trois ans »

Vrai : Pour cela, une clause prévoit des marges de manœuvre sur les quantités.

« Je ne pourrai plus travailler avec plusieurs marchands »

Faux : vous pouvez établir des contrats avec l’ensemble de vos partenaires habituels