Syndicalisme
Sur de multiples fronts

Chloé Monget
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Le 27 février, une délégation de la FDSEA et des JA 58 s’est rendue devant les locaux de l’Office national de la biodiversité à Nevers, afin de porter un symbole : le désarmement des agents lors des contrôles.

Sur de multiples fronts
Une valise avec les pistolets à eau a été placée sur les marches des bureaux de l'OFB à Nevers, invitant ainsi les agents à se désarmer. (Crédit photo : FDSEA 58).

Le but de la visite de la délégation de la FDSEA et des JA 58 aux bureaux de l'Office national de la biodiversité à Nevers était simple : demander aux agents de se désarmer(1). 

Au total, près de 35 exploitants – venus avec une dizaine de tracteurs – demandaient ce geste car. « Il n'y a nul besoin d'être armé lorsque vous allez dans une exploitation. Nous ne sommes pas des malfrats donc nous ne voulons pas être traités de la sorte » souligne Jean-Charles Zwaenepoel, président de la section grandes cultures de la FDSEA 58. Il poursuit : « Nous avons conscience que les agents n'allaient pas déposer leurs propres armes de service. De ce fait, nous avons proposé des pistolets à eau en remplacement. L'important étant le symbole ». Mais, cette alternative ludique n'a pas suffi : « ils n'ont pas été jusqu'au bout car il nous a été expliqué que le port d'arme était autorisé par arrêté ministériel, donc autorisé dans le cadre de leurs fonctions. Il nous a aussi été indiqué que si cet arrêté disparaissait, l'organisme suivrait la nouvelle réglementation, en retirant les armes ». Cela étant dit, il fut expliqué durant les divers échanges, selon les représentants syndicaux, « qu'il n'y avait pas eu, jusque-là, de cas d'utilisation d'armes de services dans les exploitations  ». Preuve, selon Jean-Charles Zwaenepoel, que ce port est « inutile ».

Tout changer 

Une fois cette action terminée, la délégation a souhaité poursuivre son chemin en direction des locaux d'un grossiste de Nevers afin d'effectuer une vérification des origines des viandes proposées par l'enseigne. Déjà visité il y a un an environ, le constat est le même : les produits carnés proviennent majoritairement de l'étranger. « Nous sommes déçus car une partie des restaurants de Nevers se fournit ici... Une situation dramatique sur une terre d'élevage » s'attriste Jean-Charles Zwaenepoel. 

Note : (1) https://aida.ineris.fr/reglementation/arrete-270204-portant-autorisation-port-darme-fonctionnaires-agents-assermentes#Article%20_1er

Pertinence de la cible
La délégation a effectué un arrêt devant la préfecture de la Nièvre avant sa visite de vérification dans un grossiste. (Crédit photo : FDSEA 58).

Pertinence de la cible

Afin de faire comprendre sa position sur le port d'armes des agents, Jean-Charles Zwaenepoel, donne un exemple : « prenons le cas de l'utilisation de l'eau en irrigation. La Nièvre fait 6 850 km2, cela fait 685 000 ha sur lesquels le climat nous apporte 750 mm par an. Cela correspond à 7500 m3 / ha soit 5 milliards de m3/par an. 60 % s'évapore au-dessus des zones de végétation (forêt, prés, etc.), il en reste donc 2 milliards de disponible. En 2023, le volume demandé par les irriguants de la Nièvre est de 12 millions m3, ce qui fait 0,4 %. Pour compléter, l'utilisation réelle pour 2023 est de 6 millions de m3. La conclusion : il en tombe des milliards, on en utilise des millions, n'est-ce pas ridicule dans ce contexte de contrôler ces utilisateurs avec des armes ? ». Il continue avec une interrogation : « un fossé, créé par les générations précédentes évite la submersion et n'assèche pas les zones humides. Façonné par l'homme, il accueille malgré tout de la vie aquatique ou terrestre. Forcément, cette dernière sera perturbée pour un temps lors d'un nettoyage. Mais, celui-ci est, pour rappel, indispensable au fonctionnement de nos exploitations et parfois des chaussées, et les exploitants s'en chargent depuis de nombreuses années, avec toujours un grand professionnalisme et une logique de terrain qui est de préserver l'environnement qui nous fait vivre. Alors, pourquoi réglementer drastiquement tout cela ? La nature doit-elle être tout le temps administrée ? ».