Diversification
La métha, sans langue de bois

AG
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L'EARL Verdot Vaugimois, à Villaines-en-Duesmois, participait la semaine dernière aux journées bâtiments de la Chambre d'agriculture. L'occasion d'aborder le sujet de la méthanisation, avec des chiffres bien précis.

La métha, sans langue de bois
Sébastien Verdot, devant son méthaniseur mis en route en février 2023.

Mercredi 31 janvier, Sébastien et Christophe Verdot accueillaient le public dans le cadre des journées bâtiments de la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or. La visite de leur nouvelle stabulation en capacité d’accueillir 96 bovins sur aire paillée était proposée. Que les organisateurs nous excusent : nous nous sommes focalisés sur un équipement « hors programme » : une unité de méthanisation située dans le prolongement de cette stabulation ! Sébastien Verdot a accepté de répondre à toutes nos questions.

Anniversaire de la mise en route

Il aura fallu quatre ans pour réaliser cette unité de 160 kWh, dans laquelle le biogaz est transformé en électricité. « La première approche date de mars 2019… Il y a eu une année de réflexion, deux autres pour l’administratif et les dossiers, puis 15 mois pour l’ensemble des travaux. Le moteur a démarré le 2 février 2023 », retrace l’exploitant. Le coût de l’opération s’élève à 1,7 million d’euros, comprenant une aide de la Région (250 000 euros) et une autre du Feder (121 000). Selon les prévisions, le chiffre d’affaires devrait atteindre 300 000 euros, montant correspondant à la vente annuelle d’électricité. Le revenu espéré par les agriculteurs se situe entre 70 000 et 90 000 euros. Pour viser ces chiffres, il faudra atteindre le « rythme de croisière », comme l’explique Sébastien Verdot : « ce ne sera pas pour cette année car la mise en route a été perturbée. Il a fallu prendre nos marques. Caler au plus juste les rations et faire de la bouillie liquide avec du fumier ne s’apprend pas du jour au lendemain… Même chose pour la gestion des imprévus comme les bourrages de pompes, par exemple. Avec l’expérience, on y passera de moins en moins de temps, heureusement, et le fonctionnement de l’unité sera moins impacté. Aussi et surtout, nous avons eu un gros souci de conception du digesteur, le réseau de chaleur n’a pas marché normalement et notre unité n’a pas été exploitée à 100 % en 2023, loin de là. Tout est aujourd’hui rentré dans l’ordre, nous tournons à plein régime depuis le 19 décembre ».

Bien pour les parcelles

Concernant la main-d’œuvre, l’unité nécessite un travail sept jours sur sept, notamment pour alimenter le digesteur (7 000 tonnes de matières entrent dans la structure chaque année, avec près de 80 % d’effluents). « Quand tout va vient, une seule heure suffit au quotidien. Quand les problèmes s’accumulent, nous pouvons y consacrer la journée, c’est déjà arrivé, surtout au début », confie Sébastien Verdot. Le digestat, résidu du fonctionnement de l’unité, a déjà permis de réaliser de belles économies en termes de fertilisation des parcelles : « il nous évitera d’acheter l’équivalent de deux semis d’azote chaque année, cela représente 25 000 voire 30 000 euros en moins à dépenser ».

Une facture qui « pique »

La plus grande préoccupation des agriculteurs concerne aujourd’hui l’achat d’électricité pour faire tourner leur unité : « Celle que nous achetons est trois fois plus chère que ce celle que nous vendons… En ce moment, les factures sont très salées, entre 150 et 200 euros par jour, car nous sommes en tarif jaune. Nos pompes tournent encore à plein régime car nous n’avons pas encore atteint la barre des 10 % de matières sèches dans notre méthaniseur. Heureusement, cela devrait se calmer à l’avenir. À ce rythme, et avec la hausse des tarifs de l’électricité, la facture annuelle pourrait dépasser les 50 000 euros alors que, selon nos prévisionnels, elle ne devait pas dépasser les 8 000 euros. Heureusement, l’été, la note sera divisée par quatre, mais quand même… Nous étudions actuellement l’hypothèse d’installer des panneaux solaires pour une autoconsommation de l’électricité. Nous avons déjà une installation de 100 kW depuis plusieurs années, mais nous revendons l’intégralité de la production ».

 

« Un joli projet »

« Un joli projet »

Arnaud Marie, fils d’agriculteur à Coulmier-le-Sec, est salarié sur l’exploitation. Ce jeune homme de 28 ans habite de Châtillon-sur-Seine et a mis les premières fois les pieds à l’EARL Verdot en 2012, dans le cadre de ses études à la MFR de Quetigny. Après plusieurs CDD partiels à Vaugimois ces dernières années, le Côte-d’Orien a signé un CDI le 1er septembre : « C’est une satisfaction de voir cette unité de méthanisation en route, nous avons participé à sa construction. Aujourd’hui, je n’interviens qu’en cas de besoin. Mon job est principalement dédié aux différents élevages présents sur la ferme avec des bovins, des porcins et de la volaille. Nous avons beaucoup d’effluents : cette unité était en quelque sorte une suite logique au fonctionnement global de l’exploitation. Le digestat bénéficie ensuite aux parcelles, c’est très intéressant ».