Insertion
Des solutions pour l'emploi dans le Tonnerrois à travers l'agriculture

Christopher Levé
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Pour faire face à des difficultés sociales importantes dans le Tonnerrois, un projet de régie de territoire s’est monté, porté par l’association Pierres, Pôle et Compagnie, créée le 5 octobre dernier. Ce projet consiste à mettre en place une entreprise et un chantier d’insertion afin de former et employer temporairement des personnes pour des prestations en viticulture et en espaces verts dans le but de les ramener vers l’emploi.

Vigne
Des prestations viticoles sont prévues à travers ce projet, ce qui pourrait offrir une solution aux viticulteurs en manque de main-d'oeuvre.

Pour Stéphanie Mathieu, préfiguratrice de la régie de territoire du Tonnerrois (portée par l’association Pierres, Pôle et Compagnie créée le 5 octobre dernier), « le projet de régie de territoire du Tonnerrois est un projet qui est une émanation d’un groupe d’acteurs de l’emploi et de l’insertion au niveau local, constitué du Conseil départemental, de l’État (la préfecture de l’Yonne), de la région, de Pôle emploi, la Mission locale, la CAF, la MSA, la Ville de Tonnerre, la communauté de communes le Tonnerrois en Bourgogne, Domanys, Coallia. Avec tous ces acteurs, on travaillait ensemble depuis plus de deux ans sur ce territoire, nous réunissant pour essayer de répondre à des problématiques sociales ».
Car dans le Tonnerrois, les taux de pauvreté et de chômage sont importants. « Il y a un cumul de difficultés sociales, notamment la mobilité, les logements, la précarité financière, le manque de qualification (38 % de personnes sont sans qualification dans le Tonnerrois, 44 % à Tonnerre, contre 32 % dans le département) », précise Stéphanie Mathieu.

Répondre à plusieurs besoins

Alors, face à ces constats, une question a émergé : est-ce qu’une structure d’insertion peut répondre aux besoins sociaux ? Et c’est le modèle de la régie de territoire qui a été validé. Une première sur le département. « Une régie de territoire c’est comme une régie de quartier. C’est un label structuré, accompagné et expertisé par le mouvement des régies, qui est l’organisme national fédérant toutes les régies de quartier et de territoire (130 en France) », explique Stéphanie Mathieu. « Le modèle d’une régie de territoire ? C’est une structure associative (loi 1901) gouvernée par des collectivités locales, des partenaires sociaux économiques et des habitants du territoire, qui a pour objectif d’améliorer le cadre de vie des habitants du territoire et de permettre l’accès à l’emploi à des personnes qui en sont éloignées. Une régie de territoire peut porter une entreprise d’insertion, ou un chantier d’insertion, ou les deux. C’est un modèle hybride qui permet de répondre à plusieurs besoins ».

Offrir de la main-d’œuvre aux vignerons

Pour mettre en place ce projet, deux années de travail ont été nécessaires. Désormais, l’objectif est de démarrer les activités à compter du 2 janvier 2023. « En termes d’activité économique, pour l’année une, on va partir sur ceux équipe : l’une qui va faire de la prestation d’espaces verts (six opérateurs et un encadrant), l’autre de la prestation viticole (cinq opérateurs et un encadrant) », informe-t-elle. « Pour remédier aux problématiques des viticulteurs à trouver de la main-d’œuvre, j’ai proposé à la FDSEA et à la Chambre d’agriculture de travailler dans ce sens-là en allant chercher des personnes qui sont à ce jour « inemployables » pour les former et les faire travailler dans les vignes pour qu’ils puissent par la suite être employés par les viticulteurs locaux ».
Les salariés qui intégreront le programme seront en CDD d’insertion, de 6 mois minimum jusqu’à 2 ans maximum, en temps plein (35 heures/semaine). « On va travailler l’aspect formation avec un encadrant extérieur prestataire. L’objectif est de faire sortir les personnes soit vers l’emploi soit vers une formation adéquate ».
L’objectif ensuite sera de développer les activités non marchandes : « créer une recyclerie, en lien avec la gestion des encombrants, développer une épicerie sociale et solidaire, travailler sur l’accès à la mobilité… Ce qui répondrait aux besoins sociaux initiaux ». Le projet ne pourra quant à lui être labellisé « régie de territoire » que dans deux ans, le temps réglementaire imposé par le mouvement des régies.