Le secrétaire général pour l’investissement, Bruno Bonnell, était en Bourgogne-Franche-Comté les 3 et 4 octobre. À cette occasion il s’est rendu au domaine d’Époisses de l’Inrae à Bretenière, pour prendre connaissance des travaux menés en matière d’innovation agricole et d’agroécologie.

Visite de Bruno Bonnell à Bretenière
Vincent Lavier (à gauche, micro en main), président de la Chambre d'agriculture de Côte-d'Or, a pu expliquer à Bruno Bonnell, le secrétaire général à l'investissement (à droite) l'intérêt, pour le monde agricole local, d'une plateforme d'expérimentation comme celle de l'Inrae, mais aussi le sensibiliser à la contradiction entre des expérimentations qui demandent du temps long, et la pression politique qui exige l'arrêt d'usage des pesticides sur un temps beaucoup plus court.

Métallurgie, santé et agriculture : les thèmes abordés pour la visite, les 3 et 4 octobre, de Bruno Bonnell en Bourgogne-Franche-Comté (BFC) étaient larges. Aussi larges que les besoins en investissement identifiés par le gouvernement dans le cadre du plan France 2030, annoncé par Emmanuel Macron il y a un an, doté de 30 milliards d’euros sur 5 ans, dont 2 milliards consacrés à une « nouvelle révolution de l’alimentation saine, durable et traçable ». Bruno Bonnell, en tant que secrétaire général pour l’investissement, est en charge d’assurer la cohérence et la conduite de la politique d’investissement de l’État, à travers le déploiement du plan France 2030. Dans ce contexte, il est normal qu’il se rende sur le terrain afin d’avoir une meilleure connaissance des domaines aspirant à bénéficier des investissements prévus. C’est la raison pour laquelle son séjour en BFC a commencé, lundi 3 octobre, par un passage sur le site Inrae du domaine d’Époisses, à Bretenière, au sud de Dijon. Un site sur lequel sont menés depuis plusieurs années des expérimentations en agroécologie, visant à explorer des pistes permettant de réduire ou de supprimer le recours aux pesticides.

Un exemple de recherche

À l’occasion de cette visite, le secrétaire général à l’investissement a également pu rencontrer des représentants de l’agroalimentaire régional (notamment Eurogerm à Saint-Apollinaire ou l’Atelier Sarrasin à Montbard) qui ont détaillé leurs innovations, en lien avec les filières agricoles. À Bretenière, il a pu découvrir la plateforme CA-SYS, décrite par Nathalie Munnier-Jolain, présidente de l’Inrae Dijon, comme « une plateforme d’expérimentation en agroécologie unique en France ». Sur les 120 ha de la plateforme, aucun pesticide n’est utilisé. On y travaille à la recherche de nouvelles variétés de légumineuses et elle constitue également une source d’innovations en termes de diversification des cultures. « CA-SYS a été fondée et réfléchie avec la profession agricole », précise Pascal Marget, directeur de l’unité expérimentale d’Époisses. Trois systèmes sur le travail des sols sont testés et deux autres concernent l’agriculture de conservation des sols. Au chapitre des expérimentations menées on peut citer des cultures en association, de la lutte biologique en se servant de la biodiversité, l’introduction de la culture du sarrasin… Bruno Bonnell a également pu découvrir que la volonté d’expérimentation se prolongeait sur les matériels utilisés, dont certains ont été conçus uniquement dans ce but (matériel de destruction de couverts sans avoir recours aux pesticides, tondeuse interrangs qui empêche le développement des adventices…)

Temps politique, temps d’expérimentation…

« Ce qui est fait ici ne pourrait être accompli sur une exploitation classique, en raison des risques économiques, soulignait Vincent Lavier, président de la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or, en s’adressant au secrétaire général à l’investissement, il s’agit d’innovations de rupture mais il faut garder à l’esprit qu’elles sont menées sur un pas de temps assez long (12 ans ndlr) alors que dans le même temps, on fixe aux agriculteurs des objectifs de réduction d’utilisation des pesticides sur un temps très court, de l’ordre de cinq ans… » Une mise en évidence du hiatus permanent entre le temps politique, forcément marqué par l’urgence, et le temps de la recherche, beaucoup plus long.

Enseignement, innovations, start-up...

À l’occasion de la visite de Bruno Bonnell sur le site Inrae de Bretenière, l’activisme de l’enseignement agricole en faveur de la transmission de l’innovation agricole dans les pratiques quotidiennes a été mis en lumière par François Roche-Bruyn, directeur de l’Institut Agro Dijon. Le secrétaire général à l’investissement a également pu découvrir le travail du pôle Agronov, spécialisé sur l’agroécologie. Son président, Frédéric Imbert, a expliqué que l’organisme assurait la connexion entre de jeunes entreprises innovantes et le monde agricole. Enfin, au cours d’une table ronde sur la transition alimentaire, le représentant du gouvernement a pu découvrir les actions menées par le pôle régional Vitagora mais aussi le travail de deux entreprises côte-d’oriennes : l’Atelier Sarrasin, à Montbard, porteur d’un projet d’une unité de décorticage de la graine de sarrasin, et Eurogerm, à Saint-Apollinaire, qui projette d’investir 21 millions d’euros dans le domaine de la fermentation. Enfin, Laura Halupka, responsable Recherche & Développement de Cérélab, filiale innovante de la coopérative Dijon Céréales, a détaillé les actions conduites en faveur de l’utilisation de légumineuses dans l’alimentation humaine, à travers le projet Leg-Up, accompagné par l’Inrae Dijon et qui a débouché sur la création d’un petit gâteau réalisé à base de farine de pois.