Portrait
Entre Maligny et Hong Kong 1/2

Christopher Levé
-

Fils d’Yves Ségault et neveu de Régis Ségault (viticulteurs du domaine des Roncières à Maligny), Pierre Ségault travaille aujourd’hui dans le monde du commerce du vin, à Hong Kong. D’enfant de Maligny au milieu des affaires dans des grandes tours hongkongaises, il raconte son parcours.

Pierre Ségault
Pierre Ségault, 28 ans, a quitté Maligny pour partir découvrir l'Asie.

C’est sur l’exploitation familiale que Pierre Ségault nous attend. Les vendanges viennent tout juste de se terminer. Même s’il travaille aujourd’hui à Hong Kong, Pierre Ségault est revenu quelques semaines, le temps de donner un coup de main pour la récolte. Comme il le fait depuis son enfance. « C’est ici que j’ai grandi, à Maligny. Quand on est fils d’exploitant agricole et viticole, on est vite amené à donner un coup de main pendant les vacances et les week-ends », sourit-il.
L’étiquetage, la préparation de commandes, la mise en carton. « Puis on arrive vite sur des tâches plus intéressantes pour un jeune homme, comme conduire des tracteurs », rit Pierre Ségault.
Dès le début de l’adolescence, il sait déjà qu’il voudra plus tard travailler dans le monde du vin. « J’étais vraiment intéressé par la viticulture. Je choisis alors d’aller au lycée viticole de Beaune, pour faire un Bac STAV (sciences et technologies de l’agronomie et du vivant) », raconte-t-il. « À la suite de cela, j’enchaîne avec un BTS viticulture œnologie, toujours au lycée viticole de Beaune. Là-bas, j’étais entouré de fils de vignerons de Bourgogne, dont leurs domaines ont une très belle réputation à l’étranger, dans les marchés fans de bourgognes, comme à Hong Kong. Avec le recul, je me rends compte que faire ces études était une chance pour moi, car cela m’a permis de découvrir des domaines avec lesquels je peux avoir un contact aujourd’hui ».

Le choix du commerce

Une fois son BTS terminé, Pierre Ségault étudie les différentes options qui s’offrent à lui : continuer dans l’apprentissage de la technique viticole, ou se lancer dans le commerce, qui l’attire. « J’ai à ce moment-là plusieurs déclics. Le premier provient de l’un de mes camarades de classe, un étudiant chinois. Le côtoyer m’a ouvert les yeux sur une communauté internationale. Aussi, j’aimais beaucoup l’anglais, le parler, échanger dans cette langue. Je suis alors parti, pendant six semaines, en école de langue aux États-Unis, en Californie, pour continuer à apprendre l’anglais. Puis, je me suis inscrit ensuite dans une école de commerce à Bordeaux, l’Inseec ».
Il y adopte une vision « beaucoup plus « business » comme on dit, dans le sens où ce sont des intervenants et non des professeurs, qui nous font cours. Des personnes qui ont leurs affaires en dehors de l’école ».
Dans sa promo, il côtoie à nouveau des étudiants chinois, avec qui il parle essentiellement anglais. Un nouveau déclic pour son avenir.
Lors de son stage de fin d’étude, qu’il effectue chez un négociant bordelais, dans le vin, celui-ci lui propose un poste. « Je travaille là-bas pendant un an et demi, où je m’attaque principalement au marché de la grande distribution », continue Pierre Ségault.
Mais l’attrait pour l’étranger se fait de plus en plus ressentir. « C’est peut-être bête, mais je voulais vraiment parler anglais au quotidien », confie-t-il en souriant. « Je me renseigne sur quoi faire et je me rapproche de l’école de commerce de Dijon (Burgundy School Of Business). À ce moment-là, ils viennent d’ouvrir trois programmes dans le commerce des vins. Mais avant de rejoindre l’école, je décide de voyager un peu, quelques mois. Je vais en Nouvelle-Zélande travailler dans un domaine viticole, pendant trois mois. Ensuite je vais aux États-Unis, dans le Michigan, également pour travailler dans un domaine viticole, à nouveau pour trois mois. Lors de ces deux expériences, je travaille sur l’accueil de clients, les visites guidées du vignoble, de la cave, je proposais des dégustations et je faisais aussi un peu de service. Je suis confronté au style du nouveau monde des domaines viticoles où l’expérience de visite est presque aussi importante que la qualité du vin en elle-même ».

L’Asie, comme une évidence

Son périple se poursuit en Asie, pour le plaisir personnel comme il le dit lui-même : Shanghai (Chine), le Vietnam, les Philippines et Singapour. « Quand je rentre en France et que je rejoins l’école de commerce de Dijon, j’ai une idée de ce qu’est de travailler à l’étranger et de ce qu’est le marché du vin dans les pays où je suis passé ».
Dans son Master, les étudiants chinois sont nombreux. « Je passe beaucoup de temps avec eux, à mélanger les cultures, à déguster des vins. Et à la fin du Master, je veux vraiment aller travailler en Asie. En Chine, à Singapour ou à Hong Kong. Car j’aime réellement les cultures asiatiques, la nourriture. Et les Asiatiques adorent la France et ont une vraie passion pour notre pays et nos vins. J’ai vraiment la volonté de promouvoir les vins français sur ce continent. Est-ce que c’était une évidence pour moi d’aller vivre en Asie ? Oui, quasiment. Parce que j’aime le contraste de culture. Pour moi ce n’est pas assez le cas avec les États-Unis, où je vois beaucoup de similitudes avec l’Europe. Tandis qu’avec l’Asie, le contraste est vraiment marqué. On doit alors trouver des connexions, au-delà de la culture et de la langue, et le vin s’y prête parfaitement ».
La semaine prochaine, vous découvrirez le quotidien de Pierre Ségault à Hong Kong et ses projets professionnels dans son village, Maligny.