Innovation
La société Sig Carto imagine un outil au service de l'agriculture de précision

Berty Robert
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La société Sig Carto, implantée dans le Jura et en Côte-d’Or, travaille sur le projet d’une application qui devrait permettre un pilotage optimisé en grandes cultures.

La société Sig Carto imagine un outil au service de l'agriculture de précision
Cette illustration résume les services apportés par la future application de Sig Carto.

Le 25 avril dernier, à Bretenière, près de Dijon, dans le cadre de l’évènement La Croisée des Champs, organisé par le pôle régional d’innovations en agroécologie Agronov, la société Sig Carto, créée par Bertrand Piffard, a présenté à un comité d’experts son projet Faragro. C’était là l’une des premières étapes pour ce travail de longue haleine qui devrait, si tout se passe bien, déboucher, en 2028, sur la mise en marché d’une application à destination du monde agricole inédite dans ses potentialités. L’autre grande étape du moment pour cette société, membre d’Agronov et basée dans le Jura et la Côte-d’Or, c’est la candidature pour bénéficier du Partenariat européen pour l’innovation (PEI), synonyme de financements permettant de développer cette application. Faragro ambitionne de faire la synthèse entre l’outil d’aide à la décision (OAD), l’agriculture de précision et l’intelligence artificielle. « Notre application, explique Farah Khemakhem, chargée de projet en géomatique au sein de Sig Carto et ingénieure en agriculture de précision, proposera plusieurs services complémentaires : la modulation de la fertilisation azotée, la surveillance journalière de l’état sanitaire de la végétation afin de détecter sur les parcelles les zones à risques à des stades précoces et les traiter, la programmation de l’irrigation en définissant la dose et la fréquence. On pourra aussi avoir une connaissance des rendements en grains et en paille à des stades précoces. Par ailleurs l’utilisateur pourra saisir des informations relatives à ses parcelles et les stocker dans des registres protégés ».

Une « vigie » des parcelles

Le projet de Sig Carto consiste à pousser au maximum les possibilités offertes par l’agriculture de précision, dans le double contexte de l’évolution climatique et de la réduction du recours aux intrants. L’outil que la société va concevoir sera à la fois une « vigie » des parcelles de cultures, en s’appuyant sur une imagerie satellite d’une précision de 3 mètres au sol. Cette technologie permettra de surveiller l’état sanitaire des plantes, les différences de développement, les besoins en eau. « L’agriculture de précision est un champ de développement important aujourd’hui, poursuit Farah Khemakhem. Nous pourrons caractériser les hétérogénéités spatiales des champs, identifier les zones à forte productivité grâce aux paramètres biophysiques de la couverture végétale. Nous proposerons un pilotage de la fertilisation azotée en élaborant des cartes de modulation de l’azote pour le premier, le second et le troisième apport. On optimisera l’irrigation par des indicateurs d’humidité, avec des recommandations en cas de stress hydrique. Nous pourrons aussi aller sur le domaine de la prévision du rendement des cultures en nous appuyant sur l’historique de l’exploitation agricole ».

Intervenir plus rapidement

Tout cela, Sig Carto le met déjà en œuvre par le biais de tests menés en partenariat avec des agriculteurs de Bourgogne-Franche-Comté sur des cultures d’orges, de blé tendre, de colza et de maïs. La clef de la stratégie développée par cette société, c’est une surveillance des parcelles qui permet d’intervenir beaucoup plus rapidement et de manière localisée, en cas de problème. « Notre objectif, c’est de trouver des solutions pour produire de manière durable en s’appuyant sur un outil de planification, d’exécution, d’ajustement des pratiques agricoles, en fonction de la variabilité existante dans les parcelles ». Dans la genèse de son projet, Sig Carto a mis en place des partenariats avec des agriculteurs de BFC, des techniciens agricoles, l’Institut Agro Dijon, l’EPL des Terres de l’Yonne, et des chercheurs. Les tests permettant de valider les modèles agronomiques attachés à cette application seront menés sur 280 parcelles. Pour conclure, il faut noter que ce projet suscite aussi de l’intérêt à l’étranger : des chercheurs de l’Institut national agronomique de Tunisie (Inat) ont souhaité s’y impliquer.