Fromage

Le Soumaintrain en quête de nouveaux producteurs

Deux éleveurs laitiers en moins sur les trois dernières années, cela ne passe pas inaperçu. Pour continuer à produire du Soumaintrain, un fromage sous IGP (Indication Géographique Protégée) depuis 2016, produit dans une zone à cheval entre la Côte-d’Or, l’Yonne et l’Aube, la filière cherche de nouveaux producteurs de lait. En particulier dans l’Aube. « Potentiellement, une trentaine d’éleveurs produisant du lait pour le Chaource se trouvent sur l’aire géographique et peuvent produire du Soumaintrain », détaille Agnès Couturier, animatrice de l’association de Défense et de Promotion du Fromage de Soumaintrain. Le Chaource bénéficie de conditions spécifiques car il est sous AOP. Moins exigeant, le cahier des charges de l’appellation du Soumaintrain en IGP permet de recueillir ce lait destiné au Chaource, et de le transformer.

Pas un centime de plus

À Vanlay, entre Tonnerre et Troyes, le Gaec du Landion fait désormais partie des quatre producteurs aubois à produire du lait pour le Soumaintrain de la fromagerie Lincet. Il s’est lancé l’an dernier. « Ça ne nous a pas coûté un centime. Je produis le même lait, dans les mêmes conditions que celui destiné à l’AOP Chaource », affirmait Paul Perrin, nouveau producteur du fromage à croûte lavée, en marge de l’assemblée générale délocalisée qui s’est tenue dans sa commune récemment. Son prix du lait, fixé à l’année avec la fromagerie Lincet, est identique. Un choix stratégique assumé par la fromagerie, pour faire face à la baisse du nombre de producteurs. En cause, une zone d’appellation du Soumaintrain assez étroite - elle couvre une partie des départements de l’Aube (48 communes), de l’Yonne (101 communes), et de la Côte-d’Or (117 communes) qui laisse peu de marge pour développer des surfaces et donc des volumes, estime Pascal Leroux, président de l’association de promotion. L’IGP Soumaintrain, du nom d’une commune icaunaise, témoigne qu’une étape de la production, la transformation ou l’élaboration du produit a lieu dans un certain secteur, d’où il tire sa réputation et sa qualité. En l’occurrence la vallée de l’Armance, à travers la Côte-d’Or, l’Yonne et l’Aube. L’an dernier, les volumes produits ont diminué de 7 %, soit 14 tonnes de fromages. « Nous faisons face à l’inflation, à la décapitalisation mais aussi à un niveau de qualité encore insuffisant pour répondre à une certaine demande, notamment de produits fermiers », indiquait le président dans son rapport d’activité. Une particularité loin d’être négligeable quand on sait que la qualité reste le premier critère d’achat.

Vers une démarche AOP

L’entreprise Lincet préfère, elle, positiver. « Le Soumaintrain est un produit qui plaît, les gens aiment son histoire. Il a sa place et il peut se développer ». Et s’il fait pour l’instant office de petit Poucet à côté de ses voisins l’Époisses et le Chaource, il doit lui aussi gagner à être connu. « On ne souffre pas d’un problème de reconnaissance mais de connaissance du produit », ajoute l’association. Face à une appellation IGP moins identifiable, la filière vise le signe de l’AOP. Un sigle qui ouvre en effet la porte à des budgets communication plus importants. La question de l’autonomie fourragère, obligatoire à au moins 50 % sur la zone d’appellation, rappelons-le très étroite, pèsera indéniablement dans la balance.