Santé animale
Bovin : attention aux corps étrangers
La présence de lésions liées à l’ingestion de corps étrangers génère 30 000 saisies de carcasses chaque année en France. Grâce à des gestes préventifs simples et une vigilance accrue, les lésions essentiellement dues à l’ingestion d’objets métalliques peuvent être évitées.
Dans la catégorie des ruminants, les bovins sont tristement classés à la première place quand il s’agit d’ingérer des corps étrangers. Contrairement aux caprins et ovins qui ont la capacité de trier leur alimentation avant de l’ingérer, les bovins en sont, quant à eux, incapables. Ils sont donc davantage exposés au risque de présenter des lésions internes qui, dans les cas les plus graves, peuvent même conduire à la mort de l’animal. Bien souvent asymptomatique, l’ingestion de corps étrangers en viande bovine représente un quart des saisies annuelles de carcasses, qui sont alors totalement ou partiellement écartées de la consommation. De plus, les corps étrangers et les lésions associées provoquent la mort d’environ 29 000 bovins à la ferme par an, sans valorisation possible. En Bourgogne Franche-Comté, l’ingestion de corps étrangers représente 19,2 % des saisies pour l’année 2021, ce qui en fait le quatrième motif le plus fréquent de saisie. Cependant, seuls 3,6 % des bovins abattus font l’objet d’une saisie d’après les données d’abattage 2016-2019.
Des corps étrangers majoritairement métallisés
La réticulo-péritonite traumatique, nom médical pour exprimer cette pathologie induite par l’ingestion de « ferraille », est due à la perforation de la paroi provoquant, a minima, une infection localisée et, a maxima, de lourdes pertes économiques en cas de complications. La majorité des corps étrangers retrouvés dans le réticulo-rumen des bovins sont des objets métalliques provenant de l’activité humaine. Si les principaux signes cliniques sont une douleur au déplacement, un dos courbé, un ventre relevé ou encore une chute de la production laitière, il n’en demeure pas moins que de bonnes pratiques permettent de limiter l’exposition des troupeaux. Comme l’utilisation de machines agricoles équipées de puissants aimants (notamment les ensileuses et mélangeuses) ; l’absence de pneus usagés dans les silos d’ensilage ; ou encore une vigilance accrue lors de travaux portant sur l’entretien des haies ou des bâtiments pour limiter les limailles de ferrailles.
Une solution aimantée
Afin de capter les éléments ferromagnétiques, certains spécialistes conseillent d’administrer par voie orale un aimant directement dans la panse des vaches au moyen d’un lance-aimant. Placé de la sorte dans l’organisme, il piégerait les débris métalliques et éviterait que ceux-ci migrent dans des organes fragiles, comme le cœur ou le diaphragme. Selon l’Anses, « l’efficacité de ce dispositif est prouvée et des études réalisées dans des élevages laitiers au Québec ont d’ailleurs démontré que les bovins équipés d’un aimant avaient deux fois moins de risque d’être diagnostiqués d’une pathologie liée à la présence de corps étrangers que leurs congénères n’en ayant pas reçu ». La pose de l’aimant présente un risque extrêmement faible pour le bien-être de l’animal. Le rapport d’expertise collective de l’Anses précise d’ailleurs qu’en matière de santé publique et de santé animale, le risque de « dissolution [de l’aimant] est négligeable à l’échelle de la vie de l’animal ». En conséquence, même si l’aimant venait à se dégrader, cela ne poserait pas de problèmes, ni pour la santé des animaux, ni pour celle des humains qui seraient amenés à consommer les produits d’origine animale. Si l’administration d’un aimant n’est pas une solution miraculeuse, elle permettrait néanmoins de diminuer les risques liés à la négligence humaine.