Semis
Obligé de « regratter »

AG
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Antoine Coucheney, adepte du semis direct, ressort ses outils de travail du sol après le tassement de la campagne écoulée. Un cas qui ne fait sans doute pas exception dans le département de Côte d'Or.

Obligé de « regratter »
L'agriculteur de Planay, le 28 août dans un champ derrière sa ferme.

Finalement, le semis direct, ce n’était pas si mal ! Antoine Coucheney et son père Laurent le regretteraient presque après avoir décidé de retravailler la moitié de leurs terres suite à leur tassement trop prononcé. « Nous ressortons effectivement les outils… Des parcelles ont été beaucoup trop tassées avec les passages de la moissonneuse, des bennes, des télescopiques et de la presse », indique le jeune agriculteur de 31 ans. Celui-ci n'exclut bien sûr pas de « tout repasser, ou presque » au semis direct dès l'an prochain : « ce sera en fonction des conditions à l'instant t, nous nous adapterons au contexte comme nous le faisons en ce moment. Il est vrai que le semis direct donne pleine satisfaction depuis son arrivée sur la ferme : nous nous sommes laissés convaincre par ses intérêts agronomiques, pratiques et économiques ».

Autant de rendements, moins de charges

Depuis maintenant cinq ans, Antoine Coucheney n'avait presque plus de problèmes avec les cailloux : « dans nos régions, dès que l'on gratte un peu, nous relevons un peu tout… Nous voulions aussi améliorer la vie de nos sols en perturbant le moins possible les horizons et en laissant travailler les vers de terre. Le semis direct est également très pratique pour intégrer les couverts. Nos rendements n'ont pas baissé, nous avons des parcelles un peu plus propres. Et c'est plus qu'un détail : les économies de fioul, de tracteur et de tout le reste sont loin d'être négligeables, même s'il est vrai que nous avons dû investir dans un autre semoir. Le travail est différent, nous intervenons beaucoup moins mais il y a deux fois plus de surveillance et d'observations ».

Au revoir 24, bonjour 25

Le Côte-d'orien revient ici sur ses dernières moissons : « en termes de rendements, nous aurions pu espérer mieux car nous n'avons pas souffert du sec. Mais nous nous en sortons finalement plutôt bien, compte tenu de ces conditions climatiques totalement inattendues. Ce qui ne va vraiment pas, c'est la qualité… Des chiffres ? Nous terminons à 51 q/ha en orge d'hiver, 33 q/ha en colza, 64 q/ha en blé, 53 q/ha en orge de printemps et 2 tonnes/ha nettes payables en lentilles. En revanche, qualitativement parlant, le blé a du mal à atteindre 75 en PS, il n'y a pas beaucoup de protéines dans les orges, le calibrage de celles de printemps est très poussif… Toutes ces lacunes auront forcément un coût ». L'agriculteur repart cette année avec les mêmes cultures, dans les mêmes proportions : « en orge, nous allons resemer les variétés Faro et Comtesse. En blé, un nouveau mélange que nous avions testé s'est bien défendu avec un rendement et un PS corrects, nous le maintenons. Il contient Celebrity, Intensity, Sphere et Prestance ». Le fait marquant de ce début de campagne, avec les semis de colza, est un peu paradoxal : « en effet, c'est un comble : nous avons fait la moisson avec la pluie et là, nous la pleurons presque pour les semis… Du colza a été semé dès le 6 août car des précipitations étaient annoncées, mais nous n'en avons pas vu la couleur ! Nous avons déjà retourné une partie du colza car il patine beaucoup trop. Une partie que nous avions tout de même implantée en direct a été mangée par des limaces et des escargots… Au final, nous avons regratté ! ».

Davantage de prix moyen

La réussite des moissons passe aussi par des prix de vente rémunérateurs. À ce titre, Antoine Coucheney espère comme tous ses homologues agriculteurs une remontée digne de ce nom pour la prochaine campagne : « que les cours se tiennent un peu mieux et que les engrais baissent un peu, cela fera du bien à tout le monde ! ». À l'avenir, l’exploitant agricole envisage de vendre sa production un peu plus au prix moyen qu'en prix fermes : « c'est du moins notre volonté, dans un objectif sécuritaire. Avant, si l'on se trompait, c'était de l'ordre de 5 euros. Désormais, c'est à hauteur de 50 euros ! Il nous faut trouver le meilleur compromis ».