Vendanges
Agir sur l'hébergement des travailleurs
À quelques jours du début des vendanges en Bourgogne, la question de l'hébergement des travailleurs saisonniers mobilisés pour l'occasion a fait l'objet d'un éclairage particulier à travers l'exemple d'un « village vendangeurs » à Morey-Saint-Denis, en Côte-d'Or.
L'an passé, l'information avait fait grand bruit : en Champagne, cinq vendangeurs avaient perdu la vie à la suite de coups de chaleur. Un fait qui mettait en évidence la précarité de certains de ces travailleurs qu'il est de plus en plus difficile de loger. Ces tragédies donnaient aussi une piètre image des domaines viticoles employeurs. C'est pour solutionner ces situations et en étant conscient de la mauvaise image renvoyée ainsi par le monde du vin et les métiers qui s'y rapportent, que la profession viticole bourguignonne et les pouvoirs publics ont décidé de mettre en lumière les efforts accomplis en matière d'hébergement de vendangeurs. Le 30 août, les représentants de la Confédération des appellations et vignerons de Bourgogne (CAVB), de la Fédération des Négociants Éleveurs de Grande Bourgogne, de la MSA, des élus locaux,et différents services de l'État réunis autour du Préfet de Côte-d'Or et de Bourgogne-Franche-Comté, Franck Robine, se sont retrouvés sur les hauteurs surplombant la côte viticole à Morey-Saint-Denis, entre Dijon et Nuits-Saint-Georges.
Modules « en dur »
Sur le domaine de Mountain Farm est implanté un « village vendangeurs ». Créé l'an passé, il propose en 2024 une nouveauté : en plus de la possibilité pour les vendangeurs de poser leur tente ou leur camping-car, il s'est équipé de modules rigides de 15 m2, aptes à l'hébergement de deux personnes et complétés par des modules sanitaires comprenant des toilettes et des douches. L'hébergement est un défi est de taille lorsqu'on sait que les vendanges mobilisent 45 000 travailleurs saisonniers sur tout le bassin bourguignon et 20 000 rien que pour la Côte-d'Or. Thiebault Huber, le président de la CAVB, soulignait, en s'appuyant sur un travail mené par la MSA, que parmi ces travailleurs, 72 % sont Français, les 28 % restants étant étrangers, avec une grosse proportion d'Italiens. Le « village » installé à Mountain Farm, avec ses 110 places, ne peut, à lui seul, résoudre cette problématique, mais il représente une approche intéressante, pertinente économiquement, et qui propose cette année de l'hébergement « en dur ». En 2023, il avait enregistré 1 200 nuitées. Le tarif est de 8 euros par nuitée pour les tentes et camping-car, et 20 euros dans un module aménagé (seul cas où le vigneron-employeur est autorisé par la réglementation à prendre en charge l'hébergement de ses vendangeurs). « Il constitue un signal qu'il est important de donner » soulignait le Préfet Franck Robine qui précisait que l'État a soutenu le projet à hauteur de 60 000 euros. La filière viticole a également mis la main à la poche.
Ouverture le 8 septembre
Toujours en s'appuyant sur l'enquête de la MSA, Thiebault Huber soulignait l'importance d'améliorer les conditions d'accueil et de logement, dans un contexte où « plus de la moitié des 4 500 vignerons bourguignons connaissent des problèmes de recrutement pour les vendanges. Il faut éviter la multiplication des campings sauvages qui posent de gros problèmes aux maires. Le « village vendangeurs » a bien fonctionné en 2023, nous voulions donc renouveler et améliorer l'offre pour cette campagne ». Les modules en dur proposent huit places d'hébergement et selon Samuel Lenoir, le dirigeant de Mountain Farm, la capacité devrait monter à 24 places en 2025. Le « village » équipé des nouveaux modules sera officiellement ouvert le 8 septembre.
Le Préfet Franck Robine a insisté sur la mobilisation de l'ensemble des services de l'État pour que les vendanges se passent bien, avec une mobilisation des services autour d'un maître-mot : la sécurité, à plusieurs niveaux. La Protection Civile va mettre en place pour la première fois un poste de secours avancé et mobile permettant de limiter les temps d'intervention en cas de secours à porter à des vendangeurs, en particulier pour éviter les coups de chaleur. L'accent sera aussi mis sur la vigilance face aux vols de raisins, surtout dans un contexte de production qui pourrait être moins importante que l'année passée. Une attention particulière sera portée sur les rejets d'eau pour prévenir les pollutions. Sécurité enfin, face au comportement de certaines sociétés de prestation de service embauchant des vendangeurs pour les proposer ensuite à des domaines, et dont les pratiques ont pu, par le passé, s'apparenter à de la traite d'êtres humains.