Un an et demi sans bâtiment
Une solidarité locale

Chloé Monget
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Jean-Baptiste Fabry s’est installé à Champvoux en 2012, sur la ferme familiale. Mais, tout ne s’est passé comme prévu et aujourd’hui il remercie ceux qui l’ont aidé.

Une solidarité locale
Jean-Baptiste et son fils, Paul, "peut-être futur agriculteur".

« Je n’aurais jamais pensé que les choses se seraient déroulées comme cela » explique Jean-Baptiste Fabry, exploitant à Champvoux (12 vêlages, 100 brebis, et 220 ha de céréales). Depuis tout petit, il baigne dans le monde agricole avec des parents et des grands-parents agriculteurs : « C était une évidence pour moi, mais au départ mes parents voulaient que j’emprunte une autre voie ».

Persévérant, Jean-Baptiste Fabry fini par s’installer sur la ferme familiale en 2012 avec en poche un BTS Management des unités commerciales et un BPREA. « L’exploitation était en indivision entre mon père et mes deux oncles. Si tout se passait plutôt bien, ça s’est corsé rapidement. En effet, un de mes oncles voulait un certain prix pour ses parts, ce que je comprends tout à fait. À chaque proposition, je demandais un emprunt, et quand tout était calé, rien ne se passait car finalement ce n’était jamais assez ».

De mal en pis

Entre querelles quotidiennes et après plusieurs procédures qui lui ont été favorables, la cour d’appel donne finalement raison à son oncle. Résultat : Jean-Baptiste a dix jours pour quitter les lieux. « Je devais tout retirer, que ce soit les animaux, les cornadiers, la paille, le matériel divers… ». Pour ne rien arranger, sa mère, qui le soutenait, décède subitement, son père fait un grave AVC et il perd un autre être cher : « Psychologiquement, j’étais au plus bas, car il était difficile de faire pire ».

Une vie dans la boue

Ainsi, durant un an et demi, il n’a plus de bâtiments : « J’ai été obligé de laisser les vaches dehors durant tout ce temps. J’ai d’ailleurs perdu un veau. N’ayant aucun bâtiment, je ne pouvais pas mettre à l’abri mon matériel ou encore me mettre à couvert en cas de pluie. Je travaillais dans la boue en permanence ». Afin de ne pas répercuter ses ennuis sur la vie communale, il fait comme il peut : « je nettoyais les roues de mon tracteur à la truelle afin de ne pas les décrotter sur la route ; tout était très compliqué ». Mais, Jean-Baptiste n’était pas seul.

Ensemble c’est tout

« Quand j’ai parlé de ma situation, mes amis (agriculteurs ou non) de Varennes-Vauzelles, Raveau, Guérigny, Pougues, Tronsanges, Pouilly, Champvoux… m’ont dit que je partais pour mieux revenir. Et, sans rien demander en retour, ils se sont mobilisés et sont venus avec leur propre matériel pour m’aider. Ils ont aussi mis une partie de mon matériel sous leurs bâtiments. C’est très touchant de voir qu’une solidarité existe encore. Sans eux, je pense que cela aurait été très complexe de continuer ! ». D’ailleurs, il pense à faire une grande fête de remerciement. Aujourd’hui, Jean-Baptiste Fabry insiste : « J’ai pu récupérer ma ferme, preuve que la roue tourne » avant d’ajouter : « j’ai plein de projets : étoffer son cheptel, ou encore installer mon neveu sur la ferme avec moi – car la structure le permet ». Papa depuis 6 mois d’un petit Paul, il conclut sa mésaventure par un conseil : « avec le temps, la roue tourne et il faut garder à l’esprit que face à l’agressivité inutile, la parole est d’argent et le silence est d’or ».

Un regret

Si Jean-Baptiste Fabry est aujourd’hui en paix avec lui-même, il a tout de même un regret : « la Chambre d’agriculture avait parlé à mon père d’un transfert de bail. Mais, à l’époque il n’en a pas tenu compte, car mes oncles voulaient lui vendre. Je pense que mon installation se serait passée autrement si nous avions opté pour cela ».