Lait
Les prix internationaux du lait bio et conventionnel presque à égalité

Actuagri
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Le rattrapage des prix entre ces deux modes de production laitière ne devrait être que passager et conjoncturel mais il frappe symboliquement les esprits.

Les prix internationaux du lait bio et conventionnel presque à égalité
La conjoncture mondiale du lait présente des situations très hétérogènes.(Crédit Justocker)

Les prix des intrants et de l’alimentation animale ne cessent de progresser. Celui du lait aussi. Dans l’Union européenne, les 1 000 litres auraient été payés 443 € en moyenne en février dernier. En Europe du nord, où le lait collecté est essentiellement transformé en beurre et en poudre pour être exportés, les prix du lait augmentent plus fortement qu’en Europe du sud. En Belgique par exemple, le seuil de 500 € les mille litres est franchi depuis le mois de janvier dernier. En France, les 1 000 litres collectés ont été facturés aux éleveurs sur la base d’un prix standard de 398 € en moyenne. Là encore, « le prix du lait augmente davantage pour les producteurs livrant à des industriels fabricant des produits intermédiaires beurre/poudre, analyse l’Idele. En revanche, il est réévalué plus lentement par les transformateurs spécialisés dans les produits finis, dont la valorisation est plus stable ». En Europe, les prix records permettent aux éleveurs de retrouver des marges confortables. En France, « la marge Ipampa sur coût total indicé se redresse depuis le début de l’année. Elle s’établit à 108 €/1 000 l (+25 € /2021), un niveau saisonnier qui n’avait plus été atteint un mois de février depuis 2014 lorsque la marge Ipampa culminait à 157 € /1 000 l », souligne l’Idele.

Moins de vaches de réforme

Pour profiter de la conjoncture, les éleveurs laitiers gardent davantage leurs vaches. Depuis juin 2021, la baisse de la vente des vaches de réformes est presque continue (- 6 % sur les semaines 12 et 13 par rapport à 2021). Cependant, le prix conventionnel standard pourrait rattraper le prix du lait bio standard. En février, ce dernier était encore payé 469 € les 1 000 litres. Mais comme le prix du lait bio est amené, comme chaque printemps, à baisser fortement d’ici les deux mois à venir, il s’alignera au cours sur le prix du lait conventionnel qui ne cesse, lui, de progresser. « La portée symbolique de cet évènement pourrait marquer les esprits, même s’il ne s’agira que d’une inversion passagère », souligne l’Idele. On observe d’ores et déjà quelques fermes en “déconversion” (repassage au conventionnel). Semaine après semaine, la désaffection des Français pour les produits laitiers bios se poursuit. « Les ventes de beurre, de fromages et de crème enregistrent des chutes spectaculaires sur les trois mois derniers mois (respectivement -21 %, -22 % et -30 % sur un an) », rapporte l’Idele alors que dans le reste de l’Union, le marché reste porteur. Dans le reste de l’Europe, la consommation croît toujours. L’optimisme retrouvé dans toute l’Europe ne se traduit pas encore dans tous les pays par une hausse de la collecte de lait. Si bien qu’à l’échelle des Vingt-sept, celle-ci demeurait stable en février dernier.

Des prix durablement élevés

Surtout, cet optimisme retrouvé n’est pas partagé par les éleveurs laitiers américains et océaniens. Hormis l’Argentine, qui renoue avec la croissance en février dernier grâce à des conditions climatiques, les autres grands bassins de production majeurs de la planète voient toujours leur production de lait baisser, mais à un rythme plus modéré. « L’USDA (ministère américain de l’agriculture, ndlr) prévoit une collecte de lait en repli durant le deuxième trimestre 2022 de -0,7 % par rapport à 2021 », rapporte l’Idele. En Australie et en Nouvelle-Zélande, la collecte de lait replierait fortement (jusqu’à – 8 % par rapport à février 2021). Les conditions climatiques n’ont pas été favorables à la production de fourrages et les deux pays ont fermé leur marché du travail aux travailleurs saisonniers étrangers. Les prix du lait vont rester durablement élevés.