Installation
Ne jamais s'arrêter

Chloé Monget
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Valentin Compot, 26 ans, s’est installé en février 2022. Avec lui, la société familiale a changé de statut, un passage obligé pour son intégration. Mais cela n’est pas l’unique modification que son arrivée a apportée.

Ne jamais s'arrêter
Valentin Compot, 26 ans, a rejoint ses parents sur l'exploitation familiale en 2022.

« C'est une intégration sans remplacement. Mais, pour que cela soit possible, mes parents (Éric et Annick) ont dû transformer la société en Gaec » détaille Valentin Compot, installé depuis le début d'année dernière à Beaumont-Sardolles. « Au départ, je souhaitais reprendre des terres, afin que la Gaec s'agrandisse. Mais, aucune n'était disponible dans les environs. Après cinq ans de recherche, j'ai décidé de me lancer sans ». 

Poursuivre les études

Un Bac STAV en poche, Valentin décide de poursuivre ses études. « J'ai choisi un BTS ACSE, car je voulais avoir le même niveau de langage que les comptables, et ne pas être perdu pour les démarches administratives, qui sont assez lourdes dans notre profession. J'invite d'ailleurs tous les jeunes issus du milieu agricole et qui pensent à l'installation à opter pour ce BTS. Pour les hors cadres, je conseille de faire un BTS ACSE en plus d'un autre correspondant à leur future production. En effet, ces études permettent d'acquérir des bases et de voir différentes exploitations durant les stages ; on peut alors cibler ce que l'on veut faire ou ne pas faire pour notre exploitation, c'est très formateur ». À la fin de ses études, Valentin rejoint la ferme de ses parents en tant qu'aide-familial. « Ce statut, s'il n'est pas forcément idéal pour la cotisation retraite, permet, lors d'une installation, de payer moins de charges ». Pour le moment le jeune agriculteur habite encore chez ses parents. « Là aussi, c'est une sacrée épine du pied qui est enlevée car je suis nourri, blanchi et logé gratuitement. Quand on débute, ce coup de pouce permet de se concentrer sur son projet. Pour la suite, mes parents souhaitent déménager et me laisser la maison actuelle comme lieu d'habitation permanent. Même si à ce moment-là je leur verserais quelque chose, je suis content de pouvoir être à deux pas de mes animaux en cas de besoin ». 

Jamais seul 

Installé sans aide, cela était pour lui un choix : « je me suis renseigné, et force est de constater que sans les aides, il y a une charge administrative en moins. Ainsi, si j'ai besoin d'acheter un tracteur ou autre, je peux le faire sans avoir à remplir un avenant. Cette simplicité n'était pour moi pas négociable mais, si j'avais dû m'installer seul – sans terres ni cheptel ni matériel – j'aurais probablement reconsidéré cette position. On ne part pas tous égaux dans ce milieu ». Pour lui, ce métier ne se choisit d'ailleurs pas non plus : « pour moi, c'est une passion depuis tout petit. Avec de la patience et une envie inconditionnelle de faire ce travail, sans compter ses heures, on peut y arriver, mais il faut être soutenu ». Pour ce soutien, Valentin va le chercher auprès de ses parents mais également ailleurs : « Je fais du handball et suis engagé avec d'autres pour relancer l'AJEC (Association des jeunes éleveurs de charolais). Il est important de garder ce lien avec les collègues afin d'échanger sur nos façons de travailler, nos contraintes, nos angoisses, nos joies… Cela permet de trouver des réponses à des interrogations, des oreilles attentives pour être rassuré ou encore de partager nos projets ». 

Des projets à l'appel 

Parmi ces derniers, Valentin en a déjà plein dans la tête : « Depuis l'an dernier, je fais les inséminations, pour réduire les coûts mais surtout car ce travail m'intéresse. Je trouve que toute la chaîne du choix génétique est des plus passionnantes. Pour la suite, je voudrais aussi intégrer les nouvelles technologies dans notre travail, comme des colliers permettant de détecter les chaleurs et les vêlages difficiles. Pour moi, ces nouveaux outils améliorent notre confort de travail tout en restant à la pointe de notre métier. Il est nécessaire de se remettre en question en permanence pour avancer. Mon père suit ce principe depuis longtemps et je suis persuadé que cela paye, tout en étant gratifiant et stimulant ».

Le Gaec Compot
Le Gaec Compot compte environ 130 Charolaises inscrites.

Le Gaec Compot

Eric, Annick et Valentin Compot sont à la tête de 214 ha (dont 170 ha de prairies permanentes et le restant en culture : blé, orge, colza, luzerne), de 130 Charolaises inscrites, de 10 Normandes pour transformation fromagère, d'un bon nombre de volailles (dindes, poulets, chapons, pintades, etc. ) et d'une vingtaine de cochons. Vente directe de fromages, volailles, cochons.