18e rencontre technique ovine régionale
Une complémentarité à considérer

Chloé Monget
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Le 21 septembre, à Brèches (Saint-Révérien), le Gaec Nandrot accueillait la 18e rencontre technique ovine de Bourgogne-Franche-Comté axée cette année sur la complémentarité bovin - ovin.

Une complémentarité à considérer
Quatre ateliers ont permis aux participants de découvrir les choix techniques du Gaec Nandrot.

« Nous avons repris le système mis en place par notre père, cette rencontre pourrait donc s’appeler Hist’ovin au lieu d’Inn’ovin, car ce n’est pas vraiment une innovation » s’amusent Emmanuel et Jean-François Nandrot lors de la présentation de leur exploitation (le Gaec Nandrot situé à Brèches) dans le cadre de l’accueil de la 18e rencontre technique ovine de Bourgogne-Franche-Comté (BFC) ciblée, cette année, sur la complémentarité bovin - ovin.

Pour rappel, cette dernière est orchestrée par les Chambres d’agriculture de BFC en partenariat avec la filière ovine (Inn’ovin), l’Idele, Inosys, la Sicarev coop, Gapac, Cobevim, Terre d’ovin, le GDS régional, Alysé, Mouton Charollais, la coopérative Franche-Comté d’élevage, le conseil régional ou encore le Ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire.

En l’essence

Pour Agathe Chevalier, chargée de mission filière ovine à la Chambre régionale d’agriculture, et Christophe Rainon, conseiller spécialisé ovins allaitant à la Chambre d’agriculture de la Nièvre, cette journée est : « une manière de promouvoir la filière ovine via une technicité et des résultats économiques viables. Aujourd’hui, les jeunes boudent la filière, et il est nécessaire de montrer ses atouts sanitaires et économiques, notamment avec les bovins. Pour l’exemple, ces animaux ne consomment pas l’herbe de la même manière, permettant une gestion du pâturage précise ». Les associés du Gaec rebondissent : « Ce choix du bovins-ovins nous permet de ne pas tout mettre dans le même panier. Ainsi, lorsque les cours d’une des deux filières chute, l’autre peut prendre le relais » avant d’alerter : « Cela étant, il faut bien avoir conscience que nous n’arrêtons jamais et avons une grosse charge de travail en mars et avril car les naissances ovines tombent en même temps que les bovines ; point noir du système. L’investissement en temps est très conséquent, même si nos animaux vivent majoritairement dehors et que nous sommes presque autonomes en aliments puisque nous n’utilisons que très peu de concentrés ». Agathe Chevalier et Christophe Rainon poursuivent : « Le Gaec a une vision globale de son système permettant une imbrication des enjeux pour cibler des solutions complémentaires et adaptées ».

Les ateliers

Après la présentation générale du Gaec, les participants (agriculteurs et élèves des lycées agricoles de Fontaines (71), de Château-Chinon et de Nevers-Challuy) ont été scindés en plusieurs groupes pour se rendre sur les quatre ateliers. Le premier atelier s’intéressait à présenter la réduction de la pression parasitaire grâce au pâturage mixte ovin-bovin. Pour les détails, c’est Élise Longet (GDS du Doubs - GDS BFC) et Laurent Solas (CA 71) qui intervenaient. Ils ont ainsi pu mettre en exergue que « tous les parasites ne sont pas pathogènes pour la même espèce. Certains sont communs mais d’autres sont spécifiques aux ovins et caprins ou aux bovins. De ce fait, en pratiquant du pâturage mixte (simultané ou alternatif), certains parasites peuvent être ingérés par une espèce sans avoir forcément d’effet pathogène car ils ne pourront terminer leur cycle de vie. Pour l’exemple, une étude menée dans le cadre du projet MEMiPaT sur le site de l’Inrae de Laqueuille (63) comparant un pâturage continu ovin à un pâturage mixte simultané́ avec des agnelles Romanes et des génisses Holstein a permis de dé́montrer que les agnelles qui ont pâturé́ avec les génisses ont eu une meilleure croissance et étaient moins excrétrices d’œufs d’Haemonchus Contortus ».

Le second atelier s’attachait à la stratégie de renouvellement des agnelles via l’achat ou le renouvellement interne. Ainsi, Claire Debrut (OS Mouton Charollais) et Lucie Legroux (CA 70) ont pointé que « si cela est fait en interne, pour notamment éviter les coûts d’achats, il faut impérativement séparer les agnelles de renouvellement et les autres, car l’alimentation ne doit pas être la même. Cela étant, si on choisit d’acheter ses agnelles, une attention particulière doit se faire sur plusieurs points dont l’état sanitaire du cheptel d’origine, il faut également se renseigner sur la conduite pratiquée dans l’élevage naisseur car plus elle est proche de la vôtre, plus l’adaptation des agnelles sera facilitée. Dans tous les cas, chaque pratique à ses points forts et ses points faibles, il est donc préconisé d’opter pour celle qui vous convient le mieux pour votre système en étudiant les facteurs économiques également ».

Le troisième atelier était ciblé sur la cohérence de l’association bovins/ovins et aux clés de réussite pour allier pâture et stock dans une exploitation mixte avec un pâturage simultané ovins et bovins. Charles Duvignaud (CA 58), Marie Mauchosse (Alysé) et Marianne Ranque (CA 89) détaillent : « Le chargement des parcelles est un point primordial, et doit être ajusté en fonction du potentiel agronomique des sols. Ici il est en moyenne de 54 ares pour UGB au printemps. Il est à noter que la présence des deux troupeaux sur les mêmes parcelles assure une valorisation optimale de l’herbe – tout en finissant les agneaux sans concentré. Toutefois, le Gaec Nandrot a opté pour une conduite séparée de début décembre jusqu’aux agnelages, avec le positionnement en journée de 180 brebis, en trois lots distincts au pré, dans 150 ha (chargement faible de 1,2 brebis par ha avec parfois complément de foin de luzerne au pré). Précisons que les brebis à terme ou ayant agnelé sont rentrées tous les soirs à la bergerie avec leurs agneaux, puis elles vont dans les parcelles définitives (mixte avec les vaches allaitantes) jusqu’à la vente des agneaux. Les lots qui ne sont pas au terme de gestation restent dehors. Durant cette période, les bovins sont en bâtiment. Cette gestion décale d’environ 15 jours la pousse de l’herbe au printemps mais ne pénalise en aucun cas la remise à l’herbe des bovins (mi-avril) ».

Et enfin le quatrième et dernier atelier, mené par Anne-Marie Bolot (Terre d’ovin) et Aurore Gérard (CA 21), se concentrait sur l’aménagement d’anciens bâtiments via les transformations possibles pour les bergeries. Elles ont insisté : « Il faut que votre aménagement convienne aux animaux, à votre gestion et aussi à vos habitudes. Sachant que dans le cas d’une réutilisation d’un bâtiment ancien, vous êtes régis par les murs existants ainsi que les arrivées d’eau. Penser aussi à la réutilisation de matériel ou à son détournement comme ici. Cela permet de réduire au maximum les coûts d’aménagements ». Agathe Chevalier et Christophe Rainon, concluent la journée : « Si ce système est complémentaire et adapté au Gaec Nandrot, il peut ne pas convenir dans une autre exploitation pour diverses raisons (bâtiments, parcellaires, qualité agronomique des sols, etc.). Mais, cette alliance bovins-ovins devrait être une conduite à considérer ».

Le Gaec Nandrot
Le Gaec Nandrot (Jean-François et Emmanuel) accueillait la rencontre dans l'exploitation à Brèches (Saint-Révérien).

Le Gaec Nandrot

Jean-François et Emmanuel Nandrot sont à la tête du Gaec Nandrot situé à Brèches (Saint-Révérien). Ils gèrent 429 ha (comprenant 375 ha d’herbe et 50 ha de céréales). Leur cheptel se compose de 250 vaches Charolaise (vêlages février/mars, production de taurillons d’herbe et de génisses maigres de 18 mois) et de 180 brebis Texel (agnelages printemps en lutte naturelle). Pour les aider dans leurs tâches quotidiennes, les associés disposent d’un salarié à 40 % en cours d’installation. Les associés sont d’ailleurs à la recherche d’un salarié en plus.