Sanitaire
L'abreuvement, au coeur de la dernière matinée biosécurité du GDS 21

Berty Robert
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Le GDS de Côte-d’Or organisait le 28 septembre une matinée sur la biosécurité. Au programme : lutte contre les nuisibles et problématiques liées à l’abreuvement. Ce dernier sujet réclame une attention toute particulière.

L'abreuvement, au coeur de la dernière matinée biosécurité du GDS 21
Les deux intervenants de l'atelier sur l'abreuvement : Loïc Fulbert (à gauche) du GDS de la Mayenne, et Jean-Baptiste Deschamps, vétérinaire en Côte-d'Or.

Déjà, l’an passé, le GDS 21 avait organisé plusieurs ateliers consacrés à l’eau. Pour la matinée biosécurité du 28 septembre à Créancey, l’organisme a décidé de resserrer la focale sur la thématique des conditions sanitaires de l’abreuvement. « On s’est rendu compte qu’il y a un véritable enjeu, souligne Françoise Roulleau, animatrice biosécurité au sein du GDS 21. S’il n’y a pas assez d’eau ou que sa qualité n’est pas bonne le risque sanitaire est important. Ces dernières années, les éleveurs ont fait de nombreux aménagements pour avoir de l’eau mais il nous paraissait important de rappeler les règles qui doivent s’appliquer dans ce domaine. C’est d’autant plus nécessaire que l’abreuvement peut représenter un gros facteur de risque tuberculose bovine… » À côté d’un atelier consacré au traitement des nuisibles, cette matinée faisait donc une large place à l’abreuvement. Pour en parler, deux intervenants : Jean-Baptiste Deschamps, vétérinaire en Côte-d’Or, et Loïc Fulbert, conseiller spécialisé Eau et Élevage au sein du GDS de la Mayenne.

Voies de contamination multiples

Jean-Baptiste Deschamps a passé en revue les problèmes qui peuvent se poser. « Si une eau, soulignait-il, est interdite à la baignade, pour cause de présence de cyanobactéries, elle est aussi dangereuse pour du bétail. On peut observer sur les animaux des toxicités neurologiques (coma, tremblement, problèmes hépatique ou digestif) et parfois une mortalité ». Voici donc un mode d’abreuvement à proscrire. De manière générale, l’eau de boisson est un mode de contamination pour la Tub, la listériose et la leptospirose (contamination des eaux par l’urine des rongeurs). Certains virus ne se développent pas dans l’eau mais si des animaux sont contaminés et font leurs besoins au point d’abreuvement, ils peuvent le contaminer. Autre source de contamination citée par notre vétérinaire : la pollution de l’eau aux métaux lourds ou aux hydrocarbures. Pour les éleveurs, c’est là un véritable catalogue de points de vigilance à avoir en tête. Dans ce cadre, comment doit-on se prémunir des risques liés à la qualité de l’eau ? Il faut protéger et aménager les points de collecte et d’abreuvement, proscrire les abreuvements directs en eau de surface (rivière, mare, source…), concevoir des abreuvoirs vidangeables et nettoyables, analyser l’eau en cas de doute et garder en tête que le traitement de l’eau au pâturage (à l’aide de pastilles de chlore, par exemple) est illusoire, en raison du nombre de bactéries potentiellement présentes.

Plutôt des eaux profondes

Loïc Fulbert, de son côté, insistait sur le fait que les eaux de surface sont toujours plus fragiles et exposées aux contaminations, en raison de la vie biologique du sol, que les eaux prélevées plus profondément. « Il faut savoir, expliquait-il, que dans un gramme de bouse de vache, il y a plusieurs millions de bactéries Escherichia coli. Le niveau de contamination des eaux de surface est énorme. En forant plus profondément on utilisera des eaux qui ont subi le travail de filtration du sol ». Autre source de contamination pour le représentant du GDS 53 : les biofilms. « On crée les conditions de développement du vivant dans des systèmes de transport ou de stockage de l’eau (canalisation, installations pas entretenues), cela génère une couche sur les parois des canalisations ». Loïc Fulbert est ensuite revenu sur plusieurs solutions envisageables : « la récupération d’eau de pluie peut être une solution pour l’abreuvement, à condition de la filtrer avant stockage et de bien la stocker (stockage enterré pour éviter le réchauffement). Il est également essentiel d’éloigner le point d’abreuvement du point de captation de l’eau, d’au moins 20 ou 30 mètres, parce qu’à l’abreuvoir les animaux font aussi leurs besoins et risquent de contaminer le point de captage ». Il y a enfin la nécessité de protéger les abreuvoirs qui peuvent être abîmés par les animaux lorsqu’ils se grattent ou se frottent contre.

La biosécurité, un état d'esprit

Intervenant en ouverture de cette matinée biosécurité, Jean-Luc Chevalier, président du GDS 21 a souligné la qualité du travail effectué en Côte-d’Or sur cette question. Un travail reconnu même au plan national. « On arrive peu à peu à faire entrer les notions de biosécurité dans l’esprit des éleveurs, insistait-il, et c’est d’autant plus important que ces notions s’ajoutent à un contexte de charge de travail souvent déjà lourd. Poser une double clôture, c’est du boulot, mais lorsqu’on l’a fait, on voudrait que tous les autres le fassent ». Pour le président du GDS 21, cette biosécurité, c’est d’abord un état d’esprit. « Travailler sur cette thématique nous a permis de développer d’autres compétences en lien avec les vétérinaires, les syndicats de rivières, la DDT, l’OFB… on se rend compte que l’ouverture est une chose nécessaire et que l’individualisme ne mène à rien ».